«Je suis le putain de président, amenez-moi au Capitole»!
©Un des partisans de Trump pose fièrement dans le bureau du speaker de la Chambre des Représentants Nancy Pelosi, le 6 janvier 2021
Le visage vulgaire de l'Amérique. Chaque audience de la Commission parlementaire qui enquête sur les évènements du 6 janvier 2021 dévoile un peu plus la vulgarité de l'ex-président républicain. Mardi, c'était au tour d'une collaboratrice de la Maison-Blanche de livrer sa version des faits. Sa vérité sur ce qui s'est passé et comment l'ex-président avait réagi à l'assaut du Capitole par ses partisans. Cassidy Hutchinson a révélé deux faits dangereux et condamnables. Condamnable d'abord, car Trump savait que certains de ses partisans étaient armés quand il les a appelés à marcher sur le Capitole. Dangereux ensuite, puisque l'ex-président a cherché à prendre le volant d'une voiture pour les rejoindre, avant d'être dissuadé de le faire par un agent du Secret service, la garde personnelle du président américain. Celui-ci aurait même forcé l'agent de le laisser partir: «Je suis le putain de président, amenez-moi au Capitole»!

L'ancienne collaboratrice de la Maison-Blanche, Cassidy Hutchinson, celle par qui le scandale va être dévoilé.

Cassidy Hutchinson, une ancienne collaboratrice de la Maison Blanche, a dévoilé devant une commission parlementaire les faits et gestes précis de l'ancien président lors de ce jour où la démocratie américaine a tremblé.

Selon cette jeune femme, Donald Trump a essayé de prendre le volant de la voiture présidentielle à un policier du Secret Service pour se mêler à ses partisans, qui marchaient vers le Congrès afin de tenter de bloquer la certification de la victoire de Joe Biden à la présidentielle.
"Je suis le putain de président"

"Je suis le putain de président, amenez-moi au Capitole tout de suite", aurait-il dit, tentant d'attraper le policier au collet, selon des propos rapportés à Cassidy Hutchinson par le chef de cabinet adjoint du président.

"Monsieur, vous devez retirer votre main du volant, nous rentrons" à la Maison Blanche, lui aurait répondu le policier.

Cette jeune femme, qui travaillait à quelques pas seulement du Bureau ovale, a aussi livré des détails troublants sur ce que l'exécutif américain savait des violences qui se préparaient en amont du "6 janvier".

L'ancienne collaboratrice de la Maison-Blanche, Cassidy Hutchinson, devant la Commission d'enquête parlementaire.

Dont une conversation qu'elle aurait eue avec le chef de cabinet de Donald Trump, Mark Meadows, quatre jours avant l'attaque du Congrès américain. "Ça pourrait devenir vraiment très grave le 6 janvier", aurait-il alors affirmé.

"Ce soir-là, je me souviens avoir ressenti pour la première fois de la peur et de la crainte vis-à-vis de ce qui pourrait se passer le 6 janvier" 2021, a-t-elle confié dans un témoignage qui pourrait contraindre Mark Meadows à sortir du silence pour livrer sa version des faits.
Lourdement armées

Lors de cette froide journée de janvier, des milliers de partisans de Donald Trump s'étaient réunis à Washington pour dénoncer le résultat de l'élection, perdue par le milliardaire républicain.

La commission parlementaire a révélé mardi que plusieurs personnes au sein de cette marée humaine étaient lourdement armées, une information transmise à l'époque à Donald Trump.

La Commission d'enquête est formée de neuf élus, sept démocrates et deux républicains rejetés par leur parti.


"J'en ai rien à foutre qu'ils soient armés, ils ne sont pas là pour me faire du mal", aurait répondu le président quelques minutes avant de les inviter à "marcher vers le Capitole", a déclaré Mme Hutchinson, qui a pris ses distances avec la nébuleuse Trump, devant la commission d'enquête parlementaire.

Depuis près d'un an, cette commission a entendu plus de 1.000 témoins, dont deux enfants de l'ancien président, et épluché 140.000 documents pour faire la lumière sur les manoeuvres précises de Donald Trump avant, pendant et après cet événement qui a provoqué une onde de choc mondiale.
Ketchup sur les murs

Ces neuf élus -- sept démocrates et deux républicains rejetés par leur parti -- accusent Donald Trump et son entourage d'être au cœur d'une "tentative de coup d'Etat".

Vidéos et témoignages à l'appui, ils ont détaillé tout au long du mois de juin les pressions exercées de toutes parts par le milliardaire pour se maintenir au pouvoir, jusqu'à l'assaut du Capitole par ses partisans.

Scènes de violence entre la police et les partisans de Trump devant le Capitole.

L'épisode de la limousine présidentielle ne fut d'ailleurs pas le seul accès de violence de Donald Trump durant la période où il a tenté de renverser le résultat de l'élection, selon le témoignage de mardi.

Cassidy Hutchinson a aussi évoqué la journée du 1er décembre 2020, quand le ministre américain de la Justice Bill Barr avait déclaré dans une interview ne pas avoir constaté "de fraude" suffisante pour invalider la victoire de Joe Biden à la présidentielle. Le milliardaire aurait alors lancé une assiette en porcelaine sur le sol et jeté du ketchup sur un mur de la Maison-Blanche, a-t-elle raconté.

Donald Trump, qui flirte ouvertement avec l'idée de se représenter à la présidentielle de 2024, a dénoncé avec véhémence l'ensemble de ces révélations.

Un extrait de la lettre de démission de la secrétaire à l'Education de Trump, Betsy DeVos, le lendemain de l'assaut du Capitole.

"C'est tordu et faux, tout comme l'ensemble des travaux de la commission", a-t-il fustigé dans une série de publications sur son réseau social Truth Social.

Signe de la profonde fracture politique qui divise l'Amérique, son parti, que Donald Trump contrôle encore d'une main de fer, a d'ores et déjà promis d'enterrer les conclusions de cette commission s'il venait à prendre le contrôle de la Chambre des représentants lors des législatives de mi-mandat en novembre.

AFP
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