Londres expose les Sex Pistols : la « violence du punk »
©Le photographe Dennis Morris lors de son exposition "SID : Superman is Dead" à la Rock 'n Roll Wall of Fame Gallery à Londres, le 28 juin 2022 / AFP/Archives
Raconter « l’énergie et la violence du punk » : le photographe officiel des Sex Pistols Dennis Morris expose cet été à Londres ses clichés parmi les plus célèbres mettant en scène Sid Vicious, le légendaire bassiste du groupe.

Cette exposition SID: Superman is Dead , qui se tient jusqu’au 15 juillet dans le centre de la capitale britannique a pour protagoniste Vicious, mort à l’âge de 21 ans d’une overdose d’héroïne quatre mois après avoir été inculpé du meurtre de sa petite amie Nancy Spungen. « Quand il prenait de l’héroïne, il changeait complètement, il devenait une personne totalement différente », se souvient Dennis Morris, qui a photographié le bassiste à la fin des années 1970.

L’exposition, plus de 40 ans après la prise des images, veut rendre compte de
l’«intense personnalité » derrière le personnage. « Vous lisez des choses sur Sid Vicious et vous pensez qu’il était assez violent, mais il était en réalité plutôt tendre, très timide », souligne-t-il. Elle recrée notamment le cadre d’une photo de Dennis Morris : une chambre d’hôtel saccagée par Vicious lors d’une tournée en 1977, avec un lit défait et plein d’emballages de nourriture, un sol jonché de verre et de pages arrachées d’une bible, et une table de chevet recouverte de drogue.

Sur le cliché original du photographe, Sid Vicious est à moitié nu, allongé entre deux lits tandis qu’une autre personne, non identifiée, mais « probablement une fan », est roulée en boule dans un des lits. « Un soir, Sid est devenu complètement hors de contrôle et a complètement détruit sa chambre », raconte M. Morris, 62 ans, également connu pour avoir photographié la légende du reggae Bob Marley. « Ma chambre était juste à côté de la sienne et quand le vacarme s’est finalement arrêté j’ai ouvert la porte et c’était le chaos complet », explique le photographe qui a voulu recréer la scène pour retranscrire « l’énergie et la violence du punk ».

Cette violence a culminé après la sortie du tube antimonarchiste « God Save The Queen » - dans lequel les Sex Pistols qualifient la famille royale de fascistes - qui a valu au chanteur du groupe John Lydon ainsi qu’à deux producteurs d’être attaqués avec des rasoirs.

Denis Morris se souvient « avoir été poursuivi dans la rue » par des promonarchistes dès qu’ils apercevaient le chanteur.


« C’est devenu assez flippant, mais pour moi c’était surtout une occasion de vivre mon rêve (de faire de la photographie documentaire). J’étais là 24/24h, 7/7 jours », raconte-t-il.

Comme John Lydon, Sid Vicious aurait-il fini par adoucir son discours antimonarchiste s’il était toujours en vie ? Le chanteur des Sex Pistols, désormais 66 ans, a récemment affirmé qu’il désapprouvait « toujours autant » la monarchie, mais qu’il respectait « le sens de la dignité » de la reine.

« Aucun de nous n’étions vraiment contre, c’était juste quelque chose qu’on disait pour créer une réaction. Tous nos parents avaient une photo de la reine sur le mur, ou de Jésus, c’était comme ça (...) On faisait juste les rebelles », raconte Dennis Morris, qui assure avoir un « profond respect » pour la reine.

Pour le photographe, Sid Vicious avait de quoi devenir une « méga star », même si sa mort précoce était selon lui inévitable. « Il les avaient vraiment, les qualités d’une star. Son problème, c’est que sa mère lui a donné de l’héroïne quand il avait 14 ans (...) ça l’a tué », affirme M. Morris.

Après sa remise en liberté sous caution à la suite du meurtre de Nancy Spungen, retrouvée poignardée dans leur chambre d’hôtel new-yorkaise, Vicious était terrifié à l’idée de retourner en prison, raconte le photographe convaincu de l’innocence du bassiste. « À cause de sa réputation, il a été violé à plusieurs reprises donc quand il est sorti de prison il a dit à sa mère “Je ne peux pas retourner en prison, je ne peux pas”, et elle est partie acheter de la drogue et c’est ce qui l’a tué », assure le photographe.

Le bassiste est mort quatre mois après Spungen et le procès n’a jamais eu lieu.
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