Les fonctionnaires, à juste titre, n’en peuvent plus. Ils sont en grève ouverte depuis deux semaines, paralysant du coup des pans entiers des activités du secteur privé. C’est que leurs rétributions ne couvrent plus qu’une partie de leurs besoins essentiels, ou même vitaux s’ils sont dans les échelons inférieurs. Et comme l’État est déjà en faillite, on se retrouve dans un de ces cercles vicieux dont le pays a le secret. On peut évidemment parer au plus urgent, une ‘aide sociale’ ponctuelle par-ci, une allocation transport par-là, sortes de sparadraps sur l’hémorragie. Comment s’en sortir ?
Listons quelques suggestions, parfois proposées ou envisagées par le passé, pour arrêter la progression de cette ‘affection’, qui ne date d’ailleurs pas d’hier, et pour rationaliser en même temps les dépenses, mesure impérative actuellement. Certaines de ces suggestions sont à effet immédiat, d’autres à court et moyen termes, mais dont le démarrage peut être lancé immédiatement. Cela tient juste à quelques décisions appropriées.
1- Augmenter les tarifs. C’est une mesure à court terme, mais efficace. Tout le monde préfère payer trois fois plus le tarif d’un casier judiciaire, d’un extrait d’État civil, ou d’un permis de conduire, au lieu de subir le blocage actuel, qui se transforme en pots-de-vin. Ce qui revient au même, question coût. Par extension, les prélèvements de l'État (taxes, droits…) doivent suivre peu ou prou la courbe de l’inflation.
2- Réduire le nombre de fonctionnaires. Personne ne sait combien ils sont, même pas au ministère des Finances qui distribue les salaires (disons autour de 400.000). Car il existe des quantités de statuts différents: fonctionnaires cadrés (dans un cadre permanent, provisoire, autonome,…), employés au statut particulier, contractuels, désignés, chargés de fonction, journaliers, par heure, sur facture, collaborateurs, consultants, etc. Une façon d’embaucher des masses de partisans sans passer par le Conseil de la fonction publique, et parfois sans qu’ils aient un travail à faire. Mais quelles que soient les nuances de ces emplois publics, le constat est le même, l’État ne peut plus, et ne pourra plus nourrir ses enfants. Une fois leur nombre réduit progressivement, la rémunération de ceux qui sont restés peut être revue à la hausse.
3- Informatiser. A cette occasion, une informatisation des services et des formalités réduira forcément les besoins en ressources humaines et les coûts de fonctionnement. C’est une évidence, mais que l’on combat férocement dans les cercles du pouvoir. La Banque mondiale, qui avait il y a quelques années proposé d’informatiser la CNSS, a reçu en pleine figure un refus catégorique. C’était un incident unique dans son histoire, a-t-elle fait savoir.
3- Privatiser la gestion. Comme la gestion de l'État est défectueuse, la confier au secteur privé, un service après l’autre, est toujours la meilleure solution, au lieu de lancer de ces slogans populistes sur la primauté de l’État, ‘’garant de l’intérêt public.’’ Le service s’en trouvera amélioré, ainsi que les conditions de ses travailleurs. En plus, on ouvrira des opportunités d'affaires au secteur privé. À part la sécurité et la justice, tout est privatisable au niveau de la gestion: ports, aéroports, travaux, eau, électricité, télécoms… et même écoles et hôpitaux. Et ce sera mieux géré. Dans les écoles publiques, on a un instituteur pour dix élèves, contre 1 pour 16 dans les écoles privées.
4- Éliminer les comateux. On en parle à chaque tentative avortée de réformer le secteur public. Il s’agit d’éliminer certains organes dormants, comateux... et draineurs d’argent public. Il y en a des dizaines: des conseils nationaux, puis des comités, des départements, des commissions, des autorités sectorielles… Ils ne sont pas morts car ils hébergent souvent des fonctionnaires qui font semblant de travailler, ou pas du tout, et un directeur, parfois par intérim car on a oublié de nommer un autre lorsque le précédent est décédé. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on entend souvent, dans la bouche des responsables, un terme typiquement libanais: ‘activation’ ou ‘réactivation’ concernant de tels organes ou des législations qui sont supposées les régir. On a ainsi remarqué que de nombreuses initiatives publiques (sous forme d’institutions, commissions, conseils…) ont une tendance naturelle à sombrer dans le coma un certain temps après leur création. D’où l’appel incessant à leur réactivation, alors qu’il faudrait les débrancher comme le prévoient des décisions de l'État prises par le passé.
Les gouvernements de ces trois années de crise se sont concentrés sur l’affaire du trou financier qu’il fallait combler. On a sciemment négligé la réforme de ce monstre administratif. Et l’on se retrouve actuellement rattrapé par les effets de cette négligence.
Listons quelques suggestions, parfois proposées ou envisagées par le passé, pour arrêter la progression de cette ‘affection’, qui ne date d’ailleurs pas d’hier, et pour rationaliser en même temps les dépenses, mesure impérative actuellement. Certaines de ces suggestions sont à effet immédiat, d’autres à court et moyen termes, mais dont le démarrage peut être lancé immédiatement. Cela tient juste à quelques décisions appropriées.
1- Augmenter les tarifs. C’est une mesure à court terme, mais efficace. Tout le monde préfère payer trois fois plus le tarif d’un casier judiciaire, d’un extrait d’État civil, ou d’un permis de conduire, au lieu de subir le blocage actuel, qui se transforme en pots-de-vin. Ce qui revient au même, question coût. Par extension, les prélèvements de l'État (taxes, droits…) doivent suivre peu ou prou la courbe de l’inflation.
2- Réduire le nombre de fonctionnaires. Personne ne sait combien ils sont, même pas au ministère des Finances qui distribue les salaires (disons autour de 400.000). Car il existe des quantités de statuts différents: fonctionnaires cadrés (dans un cadre permanent, provisoire, autonome,…), employés au statut particulier, contractuels, désignés, chargés de fonction, journaliers, par heure, sur facture, collaborateurs, consultants, etc. Une façon d’embaucher des masses de partisans sans passer par le Conseil de la fonction publique, et parfois sans qu’ils aient un travail à faire. Mais quelles que soient les nuances de ces emplois publics, le constat est le même, l’État ne peut plus, et ne pourra plus nourrir ses enfants. Une fois leur nombre réduit progressivement, la rémunération de ceux qui sont restés peut être revue à la hausse.
3- Informatiser. A cette occasion, une informatisation des services et des formalités réduira forcément les besoins en ressources humaines et les coûts de fonctionnement. C’est une évidence, mais que l’on combat férocement dans les cercles du pouvoir. La Banque mondiale, qui avait il y a quelques années proposé d’informatiser la CNSS, a reçu en pleine figure un refus catégorique. C’était un incident unique dans son histoire, a-t-elle fait savoir.
3- Privatiser la gestion. Comme la gestion de l'État est défectueuse, la confier au secteur privé, un service après l’autre, est toujours la meilleure solution, au lieu de lancer de ces slogans populistes sur la primauté de l’État, ‘’garant de l’intérêt public.’’ Le service s’en trouvera amélioré, ainsi que les conditions de ses travailleurs. En plus, on ouvrira des opportunités d'affaires au secteur privé. À part la sécurité et la justice, tout est privatisable au niveau de la gestion: ports, aéroports, travaux, eau, électricité, télécoms… et même écoles et hôpitaux. Et ce sera mieux géré. Dans les écoles publiques, on a un instituteur pour dix élèves, contre 1 pour 16 dans les écoles privées.
4- Éliminer les comateux. On en parle à chaque tentative avortée de réformer le secteur public. Il s’agit d’éliminer certains organes dormants, comateux... et draineurs d’argent public. Il y en a des dizaines: des conseils nationaux, puis des comités, des départements, des commissions, des autorités sectorielles… Ils ne sont pas morts car ils hébergent souvent des fonctionnaires qui font semblant de travailler, ou pas du tout, et un directeur, parfois par intérim car on a oublié de nommer un autre lorsque le précédent est décédé. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on entend souvent, dans la bouche des responsables, un terme typiquement libanais: ‘activation’ ou ‘réactivation’ concernant de tels organes ou des législations qui sont supposées les régir. On a ainsi remarqué que de nombreuses initiatives publiques (sous forme d’institutions, commissions, conseils…) ont une tendance naturelle à sombrer dans le coma un certain temps après leur création. D’où l’appel incessant à leur réactivation, alors qu’il faudrait les débrancher comme le prévoient des décisions de l'État prises par le passé.
Les gouvernements de ces trois années de crise se sont concentrés sur l’affaire du trou financier qu’il fallait combler. On a sciemment négligé la réforme de ce monstre administratif. Et l’on se retrouve actuellement rattrapé par les effets de cette négligence.
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