©Crédit photo: Natalia Kolesnikova/AFP
À défaut de vaincre sur le terrain militaire, l’Ukraine a remporté une bataille symbolique sur la Russie, l’Unesco ayant reconnu que son offensive militaire mettait en péril la culture ukrainienne du borchtch, un potage dégusté des deux côtés de la frontière.
« À nous la victoire dans la guerre du borchtch ! », s’est réjoui dans la foulée de l’annonce onusienne le ministre ukrainien de la Culture, Oleksandr Tkatchenko. L’Ukraine « gagnera aussi bien la guerre du borchtch » que le conflit actuel avec Moscou, a-t-il écrit sur son compte Telegram.
Devant la commission du patrimoine de l’Unesco, M. Tkatchenko avait tenu des propos plus mesurés. Malgré la guerre, « beaucoup de familles ukrainiennes vont manger du borchtch ukrainien aujourd’hui », avait-il commenté. « Dans les villes détruites, dans les autres pays qui ont accueilli les populations ukrainiennes, le borchtch ukrainien est un symbole gastronomique de notre identité nationale ».
Le borchtch est une soupe à base de betterave et de chou, souvent accompagnée de crème fraîche, très populaire en Europe centrale, notamment en Russie. Il est communément admis que ce plat est d’origine ukrainienne.
Attaquée par la Russie le 24 février, l’Ukraine, où des milliers de civils ont été tués et les destructions ont été très nombreuses, a multiplié les offensives diplomatiques contre son adversaire, tout en résistant farouchement sur le terrain.
L’une d’entre elles concerne le borchtch. Mi-avril, l’Ukraine a ainsi demandé l’intégration de ce potage à la liste du patrimoine culturel immatériel en péril, estimant que le conflit actuel menaçait la « viabilité » de la tradition entourant ce plat.
Deux mois plus tard, un comité de l’Unesco sur le patrimoine culturel immatériel, réuni en session extraordinaire, a donné raison à Kiev. « L’existence de cette soupe (...) n’est pas en péril en soi, mais c’est le patrimoine humain et vivant qui est associé au borchtch qui est lui en péril immédiat » du fait de la guerre, a expliqué vendredi Pier Luigi Petrillo, le rapporteur du comité d’évaluation du dossier.
« La population n’est plus en mesure de préparer ni même de faire pousser les légumes locaux qui sont nécessaires pour préparer » le borchtch, pas plus qu’elle ne peut se réunir pour cuisiner ce plat, a-t-il observé. Le conflit armé détruit en outre « l’environnement, la faune, la flore », a encore énuméré M. Petrillo. « Pour tous ces facteurs, il s’avère nécessaire de procéder à une sauvegarde urgente de cet élément ». « C’est assurément une victoire sur le front culturel », s’est réjoui le chef ukrainien Ievgen Klopotenko sur Facebook. « Nous avions des centaines de pages de preuves que la culture du borchtch était assurément ukrainienne, mais toute la propagande russe était contre nous ». L’Unesco n’a toutefois nullement attribué la paternité du borchtch à l’Ukraine, ce que certains, en Ukraine comme en Russie, ne semblent pas avoir compris. « Le borchtch unit les gens », remarque Andriy Severentchouk, cuisinier dans un restaurant de Kiev. « Il faudrait nous détruire pour nous (le) prendre. »
« Que l’Unesco ait reconnu le borchtch comme étant notre plat national fait comprendre à tous que nous sommes un peuple séparé » de la Russie et du Bélarus, estime de son côté Diana Miglovets, une habitante de Kiev allée en savourer un avec son petit ami Volodymyr. Agacée, la Russie a, par la voix de sa porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova, tourné en dérision le « nationalisme » ukrainien.
« S’il faut expliquer au monde ce qu’est le nationalisme kiévien contemporain, j’évoquerai ce fait : le houmous et le riz pilaf sont reconnus comme les plats nationaux de plusieurs pays. Mais, si je comprends bien, l’ukrainisation s’applique pour tout », a-t-elle ironisé. « Ce sera quoi ensuite ? Les cochons seront reconnus comme un produit national ukrainien ? », a lancé la porte-parole, qui avait précédemment accusé Kiev de « xénophobie », de « nazisme » et d’« extrémisme » pour sa politisation du borchtch.
Des Moscovites interrogés se sont montrés en revanche moins tranchants. L’Unesco « a pris la bonne décision » car « le borchtch ukrainien, avec du pampouchka (un pain à l’ail) et du lard, est comme une marque de fabrique », juge ainsi Irina Velijantseva. Et cette retraitée de 68 ans d’ajouter : « Mais je fais aussi mon propre borchtch et je dois avouer qu’il n’est pas mal non plus. »
« À nous la victoire dans la guerre du borchtch ! », s’est réjoui dans la foulée de l’annonce onusienne le ministre ukrainien de la Culture, Oleksandr Tkatchenko. L’Ukraine « gagnera aussi bien la guerre du borchtch » que le conflit actuel avec Moscou, a-t-il écrit sur son compte Telegram.
Devant la commission du patrimoine de l’Unesco, M. Tkatchenko avait tenu des propos plus mesurés. Malgré la guerre, « beaucoup de familles ukrainiennes vont manger du borchtch ukrainien aujourd’hui », avait-il commenté. « Dans les villes détruites, dans les autres pays qui ont accueilli les populations ukrainiennes, le borchtch ukrainien est un symbole gastronomique de notre identité nationale ».
Le borchtch est une soupe à base de betterave et de chou, souvent accompagnée de crème fraîche, très populaire en Europe centrale, notamment en Russie. Il est communément admis que ce plat est d’origine ukrainienne.
Attaquée par la Russie le 24 février, l’Ukraine, où des milliers de civils ont été tués et les destructions ont été très nombreuses, a multiplié les offensives diplomatiques contre son adversaire, tout en résistant farouchement sur le terrain.
L’une d’entre elles concerne le borchtch. Mi-avril, l’Ukraine a ainsi demandé l’intégration de ce potage à la liste du patrimoine culturel immatériel en péril, estimant que le conflit actuel menaçait la « viabilité » de la tradition entourant ce plat.
Deux mois plus tard, un comité de l’Unesco sur le patrimoine culturel immatériel, réuni en session extraordinaire, a donné raison à Kiev. « L’existence de cette soupe (...) n’est pas en péril en soi, mais c’est le patrimoine humain et vivant qui est associé au borchtch qui est lui en péril immédiat » du fait de la guerre, a expliqué vendredi Pier Luigi Petrillo, le rapporteur du comité d’évaluation du dossier.
« La population n’est plus en mesure de préparer ni même de faire pousser les légumes locaux qui sont nécessaires pour préparer » le borchtch, pas plus qu’elle ne peut se réunir pour cuisiner ce plat, a-t-il observé. Le conflit armé détruit en outre « l’environnement, la faune, la flore », a encore énuméré M. Petrillo. « Pour tous ces facteurs, il s’avère nécessaire de procéder à une sauvegarde urgente de cet élément ». « C’est assurément une victoire sur le front culturel », s’est réjoui le chef ukrainien Ievgen Klopotenko sur Facebook. « Nous avions des centaines de pages de preuves que la culture du borchtch était assurément ukrainienne, mais toute la propagande russe était contre nous ». L’Unesco n’a toutefois nullement attribué la paternité du borchtch à l’Ukraine, ce que certains, en Ukraine comme en Russie, ne semblent pas avoir compris. « Le borchtch unit les gens », remarque Andriy Severentchouk, cuisinier dans un restaurant de Kiev. « Il faudrait nous détruire pour nous (le) prendre. »
« Que l’Unesco ait reconnu le borchtch comme étant notre plat national fait comprendre à tous que nous sommes un peuple séparé » de la Russie et du Bélarus, estime de son côté Diana Miglovets, une habitante de Kiev allée en savourer un avec son petit ami Volodymyr. Agacée, la Russie a, par la voix de sa porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova, tourné en dérision le « nationalisme » ukrainien.
« S’il faut expliquer au monde ce qu’est le nationalisme kiévien contemporain, j’évoquerai ce fait : le houmous et le riz pilaf sont reconnus comme les plats nationaux de plusieurs pays. Mais, si je comprends bien, l’ukrainisation s’applique pour tout », a-t-elle ironisé. « Ce sera quoi ensuite ? Les cochons seront reconnus comme un produit national ukrainien ? », a lancé la porte-parole, qui avait précédemment accusé Kiev de « xénophobie », de « nazisme » et d’« extrémisme » pour sa politisation du borchtch.
Des Moscovites interrogés se sont montrés en revanche moins tranchants. L’Unesco « a pris la bonne décision » car « le borchtch ukrainien, avec du pampouchka (un pain à l’ail) et du lard, est comme une marque de fabrique », juge ainsi Irina Velijantseva. Et cette retraitée de 68 ans d’ajouter : « Mais je fais aussi mon propre borchtch et je dois avouer qu’il n’est pas mal non plus. »
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