Lamia El Moubayed, en racontant son histoire personnelle et familiale, «Leila», grand-mère septuagénaire, évoque les événements historiques et politiques du milieu du 20e siècle qui ont marqué l’histoire de sa ville natale, Ghobeyri, située sur la côte sud du Mont-Liban, aujourd’hui connue sous le nom Dahié ou «banlieue sud de Beyrouth», principal bastion du Hezbollah.
Au gré de son récit, elle soulève des questions liées au sens de la citoyenneté, aux choix de vivre dans les enclaves sectaires et à la difficulté des réformes économiques et politiques au Liban.
Le récit débute au cœur de Beyrouth, où Leila s’est réfugiée suite à la «Guerre de juillet» qu’Israël a menée contre le Liban en 2006. Elle nous livre les secrets du quartier de «Ras Beyrouth» où elle vit désormais; quartier témoin d’événements historiques et point de départ d'un plongeon délicieux dans ses souvenirs d’enfance et sa description détaillée, passionnée et sincère de la vie quotidienne et des relations sociales dans une région où les familles musulmanes chiites, sunnites et chrétiennes ont longtemps vécu ensemble et formé le tissu distinctif de la banlieue sud au début du 20e siècle.
Les histoires de famille se chevauchent avec les événements extraordinaires de la Première Guerre mondiale qui ont laissé des traces dans la région, de la «révolution blanche» de 1952 qui a conduit à la démission du premier président de la République libanaise, Béchara El-Khoury (le 19 septembre 1952) et à l’élection du président Camille Chamoun, puis de la guerre de 1958, baptisée par les historiens «petite guerre du Liban», qui a ouvert la voie à la guerre civile libanaise (1975- 1990).
Le personnage clé du récit est le député Abdallah El-Hajj, oncle maternel de Leila, dont l’histoire fantastique et les idées politiques sont façonnées par un parcours éducatif qui sort des normes sociales de son temps. L’influence de l’éducation laïque reçue à l’université américaine de Beyrouth, l’ouverture aux idées socio-libérales à l’université de Columbia aux États-Unis et son expérience en Iraq façonnent sa personnalité de leader politique audacieux. Elles lui permettent de briser le cordon sectaire et de remporter les élections parlementaires, en 1951, dans le district de Baabda, et en 1953, dans la capitale, Beyrouth. Au Parlement, Abdallah El-Hajj dénonce la corruption, interroge les gouvernements et le Président de la République sur la gestion des deniers publics, exigeant que la constitution soit amendée, que le système sectaire soit aboli, et que le mariage civil volontaire soit autorisé. Cette «voix du peuple» pauvre, opprimé et miné par le féodalisme sectaire a disparu de la mémoire politique libanaise. Leila considère cette «disparition» comme un acte d’assassinat moral de l’un des modèles de leaders d’opinion chiites libanais qui ont contesté le système de quotas politiques; des leaders qui ont transcendé leurs identités sectaires pour être «libanais» et se sont battus pour un système qui garantisse la justice sociale, l’égalité et la citoyenneté. Leila évoque la violence morale et physique dont sont victimes ceux qui ont choisi de dénoncer la tradition sectaire ou l’extrémisme politique, dans ce milieu en particulier, au nombre desquels son cousin, le député Mohsen Salim, et son fils Lokman, assassiné en février 2021. Le récit, riche en événements imbriqués, en personnages historiques, en idées controversées, et en souvenirs illustrant les coutumes et les traditions de sa ville natale, se veut un message que Leila transmet à ses petits-fils et petites-filles.
Leila, Éditions Dar el Jadeed
Au gré de son récit, elle soulève des questions liées au sens de la citoyenneté, aux choix de vivre dans les enclaves sectaires et à la difficulté des réformes économiques et politiques au Liban.
Le récit débute au cœur de Beyrouth, où Leila s’est réfugiée suite à la «Guerre de juillet» qu’Israël a menée contre le Liban en 2006. Elle nous livre les secrets du quartier de «Ras Beyrouth» où elle vit désormais; quartier témoin d’événements historiques et point de départ d'un plongeon délicieux dans ses souvenirs d’enfance et sa description détaillée, passionnée et sincère de la vie quotidienne et des relations sociales dans une région où les familles musulmanes chiites, sunnites et chrétiennes ont longtemps vécu ensemble et formé le tissu distinctif de la banlieue sud au début du 20e siècle.
Les histoires de famille se chevauchent avec les événements extraordinaires de la Première Guerre mondiale qui ont laissé des traces dans la région, de la «révolution blanche» de 1952 qui a conduit à la démission du premier président de la République libanaise, Béchara El-Khoury (le 19 septembre 1952) et à l’élection du président Camille Chamoun, puis de la guerre de 1958, baptisée par les historiens «petite guerre du Liban», qui a ouvert la voie à la guerre civile libanaise (1975- 1990).
Le personnage clé du récit est le député Abdallah El-Hajj, oncle maternel de Leila, dont l’histoire fantastique et les idées politiques sont façonnées par un parcours éducatif qui sort des normes sociales de son temps. L’influence de l’éducation laïque reçue à l’université américaine de Beyrouth, l’ouverture aux idées socio-libérales à l’université de Columbia aux États-Unis et son expérience en Iraq façonnent sa personnalité de leader politique audacieux. Elles lui permettent de briser le cordon sectaire et de remporter les élections parlementaires, en 1951, dans le district de Baabda, et en 1953, dans la capitale, Beyrouth. Au Parlement, Abdallah El-Hajj dénonce la corruption, interroge les gouvernements et le Président de la République sur la gestion des deniers publics, exigeant que la constitution soit amendée, que le système sectaire soit aboli, et que le mariage civil volontaire soit autorisé. Cette «voix du peuple» pauvre, opprimé et miné par le féodalisme sectaire a disparu de la mémoire politique libanaise. Leila considère cette «disparition» comme un acte d’assassinat moral de l’un des modèles de leaders d’opinion chiites libanais qui ont contesté le système de quotas politiques; des leaders qui ont transcendé leurs identités sectaires pour être «libanais» et se sont battus pour un système qui garantisse la justice sociale, l’égalité et la citoyenneté. Leila évoque la violence morale et physique dont sont victimes ceux qui ont choisi de dénoncer la tradition sectaire ou l’extrémisme politique, dans ce milieu en particulier, au nombre desquels son cousin, le député Mohsen Salim, et son fils Lokman, assassiné en février 2021. Le récit, riche en événements imbriqués, en personnages historiques, en idées controversées, et en souvenirs illustrant les coutumes et les traditions de sa ville natale, se veut un message que Leila transmet à ses petits-fils et petites-filles.
Leila, Éditions Dar el Jadeed
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