Jusqu’au 20 juillet, Memory of a Paper City, «Mémoire d’une ville de papier», exposition phénoménale de l’artiste contemporain Alfred Tarazi, est encore visible à Hangar UMAM, dans le quartier de Haret Hreik de la banlieue sud de Beyrouth. Comme son titre l'indique, l'installation restitue une ville imaginée en s'appuyant sur l'histoire de la conception des images, et en particulier l'art de la caricature au Liban. Ce travail est le produit d'une coopération entre l’artiste Alfred Tarazi et UMAM, et qui, selon sa propre expression, s’inscrit dans la continuation d’une longue discussion sur l'histoire du Liban avec Lokman Selim. À travers une immense collection d'archives de magazines et de journaux publiés au Liban dans les années 1930 à 1990, Tarazi réinterprète les différents éléments de la mémoire visuelle. Il a répondu aux trois questions d’Ici Beyrouth.
Pourquoi votre travail s'intéresse-t-il à la période des années 1930 à 1990?
Il est impossible de comprendre le Liban dans lequel on vit sans se pencher sur son passé. Ultimement, il faut revenir à la période pré-indépendance pour pouvoir comprendre les problèmes structurels endémiques sur lesquels le Liban a été construit. La base même est fausse et nous ne faisons que répéter les mêmes discours fratricides.
Comment la représentation de la femme est-elle liée à la violence politique – ici la lutte armée?
En épluchant la presse libanaise des années 1930 – le moment où l'image se fait de plus en plus présente – on voit se profiler deux phénomènes distincts mais liés: le premier est la représentation de la violence politique et le deuxième, la représentation de la femme. En ce qui concerne la violence politique, elle est présente en permanence et atteint son point culminant avec la guerre civile. La femme, en tant qu'image, incarne la liberté. C'est peut-être l'héritage d'Eugène Delacroix. Elle représente la nation, la liberté de la presse et l'état même des libertés dans le pays. Cela a été une constante dès l'introduction de l'image dans la presse au Liban. La violence et la représentation de la femme ouvrent la voie à toutes sortes de transgressions, allant de la corruption au meurtre. Personnellement, je pense qu'il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de l'image.
Enfin, vous avez choisi de vous intéresser à la presse, en tant que mémoire sur papier, faite d'images et de mots. Cette mémoire est-elle en voie de disparition?
La grande majorité des groupes de presse libanais ont fait faillite ces dix dernières années. Leurs archives sont effectivement en danger. Certaines, et pas des moindres, ont déjà été détruites par pure négligence. Bien entendu, nous vivons à l'ère du numérique. Mais en aucun cas, nous ne pouvons permettre de jeter cet héritage à la poubelle. Il faut développer une stratégie nationale avec des moyens considérables pour le sauvegarder. C'est toute notre expérience de la modernité qui est en jeu; un modèle unique de modernité arabe dont nous avons énormément de leçons à tirer.
Pourquoi votre travail s'intéresse-t-il à la période des années 1930 à 1990?
Il est impossible de comprendre le Liban dans lequel on vit sans se pencher sur son passé. Ultimement, il faut revenir à la période pré-indépendance pour pouvoir comprendre les problèmes structurels endémiques sur lesquels le Liban a été construit. La base même est fausse et nous ne faisons que répéter les mêmes discours fratricides.
Comment la représentation de la femme est-elle liée à la violence politique – ici la lutte armée?
En épluchant la presse libanaise des années 1930 – le moment où l'image se fait de plus en plus présente – on voit se profiler deux phénomènes distincts mais liés: le premier est la représentation de la violence politique et le deuxième, la représentation de la femme. En ce qui concerne la violence politique, elle est présente en permanence et atteint son point culminant avec la guerre civile. La femme, en tant qu'image, incarne la liberté. C'est peut-être l'héritage d'Eugène Delacroix. Elle représente la nation, la liberté de la presse et l'état même des libertés dans le pays. Cela a été une constante dès l'introduction de l'image dans la presse au Liban. La violence et la représentation de la femme ouvrent la voie à toutes sortes de transgressions, allant de la corruption au meurtre. Personnellement, je pense qu'il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de l'image.
Enfin, vous avez choisi de vous intéresser à la presse, en tant que mémoire sur papier, faite d'images et de mots. Cette mémoire est-elle en voie de disparition?
La grande majorité des groupes de presse libanais ont fait faillite ces dix dernières années. Leurs archives sont effectivement en danger. Certaines, et pas des moindres, ont déjà été détruites par pure négligence. Bien entendu, nous vivons à l'ère du numérique. Mais en aucun cas, nous ne pouvons permettre de jeter cet héritage à la poubelle. Il faut développer une stratégie nationale avec des moyens considérables pour le sauvegarder. C'est toute notre expérience de la modernité qui est en jeu; un modèle unique de modernité arabe dont nous avons énormément de leçons à tirer.
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