Histoire du Cèdre du Liban (1)
«L’encens et le bois de cèdre du Liban sont probablement les deux parfums fondateurs de l’humanité.» (Dominique Roques – Sourceur).

Considéré comme l'une des merveilles naturelles de notre planète, l’arbre qui orne notre drapeau national est profondément gravé dans notre histoire et dans nos cœurs. Chargé d’histoire, de mythologie, de croyances et de signification culturelle, le cèdre du Liban est un symbole, une convergence.

«Un cèdre toujours vert, c’est un peuple toujours jeune en dépit d’un passé cruel. Quoiqu’opprimé, jamais conquis, le cèdre est son signe de ralliement». (proclamation du Grand Liban – 1920)

On le retrouve partout, sur les timbres, les plaques d’immatriculation, le logo de la MEA, notre compagnie nationale d’aviation, la monnaie, les décorations officielles.

Le Cedrus libani serait sur terre depuis plus de 280 millions d’années. Il en est fait mention, dès le troisième millénaire av. J.-C. dans l’épopée de Gilgamesh, récit mésopotamien fondateur parmi les plus anciens de l’humanité,

« Du flanc de la montagne


Les cèdres élèvent leur luxuriance


Leur ombre est bonne, pleine de délices ».


Considéré comme sacré par le christianisme, le judaïsme et l’islam, il est cité 70 fois dans l’Ancien Testament.

«Mon bien-aimé a une aussi belle prestance que celle du Mont-Liban… il se distingue entre les autres comme les cèdres parmi tous les arbres». (Cantique des Cantiques)

Il a été célébré par les plus grands poètes:

«Les cèdres du Liban sont les reliques des siècles et de la nature, les monuments naturels les plus célèbres de l’univers. Ils savent l’histoire de la terre mieux que l’histoire elle-même». (Alphonse de Lamartine)

«Le génie, comme le cèdre du Liban, pousse sur les cimes, il grandit et se renforce dans la tempête et non dans les bas-fonds». (Mariano José de Larra)

«L’homme est l’orgueil du cèdre emplissant le roseau». (Victor Hugo)



Le Liban antique n’est pas un État, mais une montagne recouverte de forêts denses où poussent des essences nobles, dont le majestueux Cedrus Libani. On y pratique la chasse.

De ces merveilleuses forêts, il ne reste malheureusement aujourd’hui qu’une infime partie dispersée dans quelques régions libanaises.

Le cèdre du Liban a des qualités exceptionnelles. Son bois a une belle couleur jaune foncé. Il est odoriférant et d’un goût amer qui répugne aux vers, il est donc imputrescible. La cédrie, résine du cèdre, était très recherchée et utilisée pour préserver contre la corruption tous les objets que l’on voulait rendre impérissables. D’après la Bible, elle était employée pour préserver le corps des maladies comme la lèpre. Les Égyptiens appelaient la résine de cèdre, la «vie des morts»; ils l’utilisaient dans l’embaumement. La sciure de cèdre servait à la momification. Les Grecs l’utilisaient pour sculpter des statues de leurs divinités et construire leurs temples, dont le merveilleux temple de Diane à Éphèse. Le Roi Salomon a jugé le bois de cèdre comme seul digne du Temple consacré au Dieu unique. Le palais du roi Salomon, par exemple, est appelé Maison de la forêt du Liban (Ancien Testament) parce qu’il était entièrement construit en bois de cèdre.

Les Phéniciens, trait d’union entre l’Orient et l’Occident au 1er millénaire, redoutables marins et commerçants, ont utilisé le bois de cèdre pour construire leurs navires, leurs maisons, leurs temples, des meubles, ainsi que des objets décoratifs qu’ils exportaient. Mais, ils n’ont jamais songé à reboiser.

Les Assyriens, les Chaldéens, les Égyptiens et les Perses étaient avides de bois de cèdre pour leurs flottes, leurs temples et leurs villas.



Cette frise, conservée au Musée du Louvre, relate, selon l’acceptation la plus probable faite par les archéologues, le transport du bois de cèdre du Liban par bateau. C’est un bas-relief de la cour d’honneur du palais du roi Sargon d’Akkad bâti en Assyrie vers 713-716 av. J.-C.

Tous ces peuples achetaient aux Phéniciens du bois de cèdre, n’hésitant pas à venir sur place, en envahisseurs, arracher les arbres précieux. Déjà au 6e siècle AD, les célèbres forêts de cèdres avaient presque disparu.

Cependant, malgré la déforestation massive, les influences humaines et climatiques, le cèdre du Liban n’a, heureusement, pas complètement disparu.

Les peuplements les plus importants de cèdres du Liban sont aujourd’hui en Turquie, dans les monts Taurus. En Europe, il y en a en France, sur les bords du Rhin, à Vienne. Le plus vieux Cedrus libani en Europe serait celui de Wilton House, près de Salisbury, en Angleterre. Il aurait été planté en 1630.

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