Née à Lourdes en 1979, Fantine Samaha, artiste-peintre franco-libanaise, grandit dans la commune pyrénéenne. Trois ans plus tard, sa famille décide de revenir s’installer au Liban.
« Bien entendu, j’étais trop petite pour garder le moindre souvenir de ce premier séjour en France, explique-t-elle. Et d’ajouter : « Même si mes premières émotions coïncident avec la guerre qui faisait rage, j’ai réussi à garder l’insouciance de l’enfance. »
L’enfance arrachée
En 1987, à l’âge de 8 ans, un nouveau déménagement forcé par les événements sécuritaires devient impératif. Il lui faut quitter encore une fois un Liban pris dans la tourmente. La guerre et ce qui en découle, cumulé avec la volonté de ses parents d’offrir à leurs enfants la chance d’un avenir plus serein prend le dessus.
« J’ai vécu cela comme un arrachement, même si la décision de mes parents était logique, souligne Fantine Samaha. J’emportais dans mes bagages émotionnels tant de souvenirs que je suis restée prisonnière de cette enfance avortée. Du coup, j’ai passé pratiquement la totalité de ma jeunesse en France à entretenir la mémoire de mon enfance au Liban ».
Ce départ précipité laisse des traces indélébiles sur Fantine Samaha et nourrit les désillusions des années à venir, mais il est paradoxalement la source de nouveaux manques que rien ne semble pouvoir combler…
Les années passent sans que Fantine Samaha n’ait la possibilité de retrouver le paradis perdu de son enfance. Durant les vingt années qui suivent, son parcours est presque ordinaire, marqué par des études littéraires qu’elle interrompt néanmoins pour signer un contrat avec une maison de disques en tant qu’auteure-compositrice-interprète. Un grand changement « au cours duquel les sentiments prendront le dessus sur tout », précise l’artiste. « Mais il me restait encore quelques années avant de faire le chemin inverse et de revenir au Liban. Je dois reconnaître que cette aventure artistique m’a beaucoup emballée », confie-t-elle.
Retour de ban
C’est en 2009 que Fantine Samaha rentre seule au Liban.
Les souvenirs d’enfance comme des confettis oubliés après une fête, le gardénia de tante Zeina qu’elle ne pouvait s’empêcher de humer à s’enivrer, l’odeur du café qui vous emporte dans son manège enchanté de discussions et de « tfadalo ». C’est cette atmosphère d’insouciance qu'elle a est venue rechercher après vingt ans d’absence…
Ses souvenirs d’enfance ont-il été sublimés ? Entre rêve et réalité, c’est le choc des cultures. Ces parfums enivrants, où sont-ils ? ... Et puis cette même question qu’on lui pose sans cesse : « Pourquoi es-tu revenue au moment où tout le monde souhaite partir ? ». « Et encore, à cette époque, la crise était très acceptable comparée à celle que nous traversons actuellement », confie l’artiste.
Ceci importe peu puisque Fantine Samaha est de retour dans son pays, et compte bien y rester, cette fois-ci. Son frère ne tarde pas à la rejoindre, l’occasion de se lancer ensemble dans la restauration se présentera à eux. Tout d’abord les crêpes pour se faire la main, et plus tard, avec son mari, débutera une nouvelle aventure autour de la pizza.
Peindre son propre langage
Mais la jeune femme aspire à autre chose. Le besoin de créer, de s’exprimer devient de plus en plus fort avec une envie soudaine de peindre. « Je voulais peindre mon propre langage, mes propres émotions et mon amour inconditionnel pour les animaux », dit-elle. Ce sera le tournant décisif de sa carrière. Elle se présente alors comme une apprentie qui tire les leçons de ses erreurs et expérimente inlassablement pour mieux comprendre et se comprendre.
Au fil des années, sa touche personnelle évolue jusqu’à réussir à apposer sa signature au sein de son œuvre, et ceci quel que soit le sujet de ses toiles. « Ce sentiment à lui seul est la source d’une fierté incommensurable », lance-t-elle, non sans enthousiasme.
Le portrait d’un lion, la grâce d’une ballerine, les portraits de femmes du monde, les éditions limitées _Liban d’Antan_ ou _Cafés de France_ (Mines et Charbon sur papier)… Elle s’exprime librement, tout en s’épanouissant dans ses œuvres. Sa carrière est lancée.
Dès lors, les projets s’enchaînent. Fantine Samaha ouvre sa propre galerie à Tabaris, expose à l’Hôtel Le Gray sa collection autour du thème du ballet _Unbreakable_, et organise de nombreuses expositions privées chez ses propres clients...
Le chemin du Chouf
C’est quelques semaines avant les premières manifestations de 2019 qu’elle décide de fermer sa galerie et de s’installer dans le Chouf, où elle retrouve une certaine sérénité, loin des bruits de la capitale.
C’est désormais dans son grand atelier qu’elle reçoit ses clients, lesquels n’hésitent pas à se déplacer aussi loin pour lui rendre visite. « Ce sont des moments de bonheur et d’échanges culturels intenses, qui nous permettent d’échapper, l’espace d’un moment, à la morosité ambiante », affirme-t-elle.
Loin de Beyrouth, du tumulte, de la confusion et de l’incertitude, elle poursuit son ascension et se tourne désormais, vers une clientèle étrangère.
Sa toute dernière collection _Idylle_ donne à voir ses deux sujets de prédilection, créant l’osmose entre personnages et animaux.
Dans l’espoir que la prochaine collection ait pour thème « Liban, la renaissance ». Parce que le néant n’est pas une fatalité. Pas pour Fantine Samaha, en tout cas.
« Bien entendu, j’étais trop petite pour garder le moindre souvenir de ce premier séjour en France, explique-t-elle. Et d’ajouter : « Même si mes premières émotions coïncident avec la guerre qui faisait rage, j’ai réussi à garder l’insouciance de l’enfance. »
L’enfance arrachée
En 1987, à l’âge de 8 ans, un nouveau déménagement forcé par les événements sécuritaires devient impératif. Il lui faut quitter encore une fois un Liban pris dans la tourmente. La guerre et ce qui en découle, cumulé avec la volonté de ses parents d’offrir à leurs enfants la chance d’un avenir plus serein prend le dessus.
« J’ai vécu cela comme un arrachement, même si la décision de mes parents était logique, souligne Fantine Samaha. J’emportais dans mes bagages émotionnels tant de souvenirs que je suis restée prisonnière de cette enfance avortée. Du coup, j’ai passé pratiquement la totalité de ma jeunesse en France à entretenir la mémoire de mon enfance au Liban ».
Ce départ précipité laisse des traces indélébiles sur Fantine Samaha et nourrit les désillusions des années à venir, mais il est paradoxalement la source de nouveaux manques que rien ne semble pouvoir combler…
Les années passent sans que Fantine Samaha n’ait la possibilité de retrouver le paradis perdu de son enfance. Durant les vingt années qui suivent, son parcours est presque ordinaire, marqué par des études littéraires qu’elle interrompt néanmoins pour signer un contrat avec une maison de disques en tant qu’auteure-compositrice-interprète. Un grand changement « au cours duquel les sentiments prendront le dessus sur tout », précise l’artiste. « Mais il me restait encore quelques années avant de faire le chemin inverse et de revenir au Liban. Je dois reconnaître que cette aventure artistique m’a beaucoup emballée », confie-t-elle.
Retour de ban
C’est en 2009 que Fantine Samaha rentre seule au Liban.
Les souvenirs d’enfance comme des confettis oubliés après une fête, le gardénia de tante Zeina qu’elle ne pouvait s’empêcher de humer à s’enivrer, l’odeur du café qui vous emporte dans son manège enchanté de discussions et de « tfadalo ». C’est cette atmosphère d’insouciance qu'elle a est venue rechercher après vingt ans d’absence…
Ses souvenirs d’enfance ont-il été sublimés ? Entre rêve et réalité, c’est le choc des cultures. Ces parfums enivrants, où sont-ils ? ... Et puis cette même question qu’on lui pose sans cesse : « Pourquoi es-tu revenue au moment où tout le monde souhaite partir ? ». « Et encore, à cette époque, la crise était très acceptable comparée à celle que nous traversons actuellement », confie l’artiste.
Ceci importe peu puisque Fantine Samaha est de retour dans son pays, et compte bien y rester, cette fois-ci. Son frère ne tarde pas à la rejoindre, l’occasion de se lancer ensemble dans la restauration se présentera à eux. Tout d’abord les crêpes pour se faire la main, et plus tard, avec son mari, débutera une nouvelle aventure autour de la pizza.
Peindre son propre langage
Mais la jeune femme aspire à autre chose. Le besoin de créer, de s’exprimer devient de plus en plus fort avec une envie soudaine de peindre. « Je voulais peindre mon propre langage, mes propres émotions et mon amour inconditionnel pour les animaux », dit-elle. Ce sera le tournant décisif de sa carrière. Elle se présente alors comme une apprentie qui tire les leçons de ses erreurs et expérimente inlassablement pour mieux comprendre et se comprendre.
Au fil des années, sa touche personnelle évolue jusqu’à réussir à apposer sa signature au sein de son œuvre, et ceci quel que soit le sujet de ses toiles. « Ce sentiment à lui seul est la source d’une fierté incommensurable », lance-t-elle, non sans enthousiasme.
Le portrait d’un lion, la grâce d’une ballerine, les portraits de femmes du monde, les éditions limitées _Liban d’Antan_ ou _Cafés de France_ (Mines et Charbon sur papier)… Elle s’exprime librement, tout en s’épanouissant dans ses œuvres. Sa carrière est lancée.
Dès lors, les projets s’enchaînent. Fantine Samaha ouvre sa propre galerie à Tabaris, expose à l’Hôtel Le Gray sa collection autour du thème du ballet _Unbreakable_, et organise de nombreuses expositions privées chez ses propres clients...
Le chemin du Chouf
C’est quelques semaines avant les premières manifestations de 2019 qu’elle décide de fermer sa galerie et de s’installer dans le Chouf, où elle retrouve une certaine sérénité, loin des bruits de la capitale.
C’est désormais dans son grand atelier qu’elle reçoit ses clients, lesquels n’hésitent pas à se déplacer aussi loin pour lui rendre visite. « Ce sont des moments de bonheur et d’échanges culturels intenses, qui nous permettent d’échapper, l’espace d’un moment, à la morosité ambiante », affirme-t-elle.
Loin de Beyrouth, du tumulte, de la confusion et de l’incertitude, elle poursuit son ascension et se tourne désormais, vers une clientèle étrangère.
Sa toute dernière collection _Idylle_ donne à voir ses deux sujets de prédilection, créant l’osmose entre personnages et animaux.
Dans l’espoir que la prochaine collection ait pour thème « Liban, la renaissance ». Parce que le néant n’est pas une fatalité. Pas pour Fantine Samaha, en tout cas.
Lire aussi
Commentaires