Juana Martin, les traditions andalouses retravaillées côté mode
Elle est la première Espagnole à pénétrer le monde feutré de la haute couture : à 47 ans, Juana Martin, qui porte depuis 15 ans les couleurs et le savoir-faire de son Andalousie natale, est aussi la seule femme gitane parmi ce sommet des créateurs.

Le 7 juillet à 16H00, elle sera officiellement la quatrième Espagnole et la première femme - après l’illustre Cristobal Balenciaga, Paco Rabanne et Josep Font - à présenter sa collection durant la semaine de la Haute couture parisienne, qui se tient du 4 au 7 juillet.

Quand elle a appris la nouvelle fin avril, sa collection « Andalousie » était en cours de confection, a-t-elle confié. Collection qui, comme à chaque fois, rend hommage à l’Andalousie -- qu’elle n’a jamais quittée malgré le succès --, ainsi qu’à ses racines gitanes.

Elle est « un exemple d’adaptation, de croissance personnelle et de résilience », avait loué la version espagnole du magazine Forbes à l’annonce de son arrivée à la semaine de la Haute couture.

Juana Martin est aussi une travailleuse acharnée. Son billet d’entrée dans ce cercle unique au monde, elle l’a obtenu à la force du poignet et en venant, durant quatre ans, présenter ses collections à Paris, en parallèle de la semaine de la Haute couture.

Née à Cordoue, dans le sud de l’Espagne en 1974, elle grandit dans un milieu modeste auprès d’une famille appartenant à la communauté gitane. Son père détenait des ateliers de confection et travaillait comme vendeur ambulant sur des marchés de la région. C’est dans ces ateliers, où elle passe son temps enfant, qu’elle s’initie à la couture et apprend les subtilités du métier « au contact de personnes qui travaillaient à l’ancienne et principalement à la main », expliquait-elle en juin.

Sa carrière démarre en 1999 lorsque sa collection est sélectionnée -- parmi plus de 150 projets -- pour représenter Cordoue au concours espagnol des jeunes talents de la couture.

En 2005, elle devient la première femme andalouse et d’origine gitane à défiler durant la semaine de la mode madrilène.



L’ADN de la marque, c’est les traditions andalouses

Un événement, qui est aussi un avènement, largement salué par la presse ibère. Si le talent de la créatrice est plébiscité, son parcours - celui d’une femme issue d’une communauté encore marginalisée en Espagne - l’est tout autant.

En 2007, elle ouvre sa première boutique à Cordoue puis à Séville. La créatrice s’est fait un nom, la clientèle est au rendez-vous. Au cœur de la griffe, la culture andalouse et gitane remise au goût du jour : robes longues aux motifs fleuris et à pois, châles de manille... c’est de l’univers du flamenco dont elle s’inspire. D’ailleurs, ses défilés reconstituent souvent les patios si typiques de Cordoue et sont rythmés par de la musique traditionnelle.

« L’ADN de la marque, c’est les traditions andalouses retravaillées en quelque chose de plus contemporain », souligne-t-elle. La façon d’y parvenir ? Son travail d’orfèvre sur les volumes, le premier critère pour qu’un styliste passe dans cercle de la haute couture. Comme les pantalons palazzo qu’elle remet au gout du jour. Ou les robes de flamenco qu’elle retravaille en imaginant des manches ballons dans des tons plus épurés.

Selon la créatrice, « le vêtement dérivé du flamenco est le seul vêtement régional qui renait avec force saison après saison, au point qu’il est devenu indissociable de l’identité andalouse ». Et d’ajouter que cette mise au goût du jour de ce vêtement traditionnel a été, en partie, de son fait.
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