Blinken chez l'allié thaïlandais pour rassurer sur la Birmanie
©Le secrétaire d'État américain Antony Blinken prend part à une conférence de presse à Bangkok. (AFP)

Depuis la Thaïlande voisine, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a promis dimanche de ne pas relâcher la pression sur la junte en Birmanie et a déclaré que la Chine devrait être d'accord, après une rencontre avec des militants pour la démocratie. M. Blinken a également rencontré les dirigeants thaïlandais et a salué le rôle du royaume dans la relance de la politique américaine en Asie du Sud-Est, une région clé dans la compétition avec Pékin.




Sanctions contre la junte

Lors d'une réunion tenue hors caméra pour protéger leurs familles, le chef de la diplomatie américaine a écouté de jeunes militants pour la démocratie en Birmanie, dont les militaires ont renversé le gouvernement civil en février 2021, claquant la porte d'une décennie de transition démocratique soutenue par Washington.

Même s'il accorde la priorité à la lutte contre l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le chef de la diplomatie américaine s'est engagé à maintenir la pression sur la Birmanie. Il a reconnu que la stratégie américaine, qui comprend des sanctions contre la junte, n'a donné aucun résultat pour le moment.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (à gauche) rencontre le Premier ministre thaïlandais Prayut Chan-O-Cha (à droite), sous un portrait du roi de Thaïlande Maha Vajiralongkorn, à la résidence du gouvernement à Bangkok.

"On peut malheureusement affirmer sans risque de se tromper que nous n'avons vu aucun mouvement positif et qu'au contraire, nous continuons à assister à la répression du peuple birman", a déclaré M. Blinken aux journalistes à Bangkok. "Nous continuerons à chercher les moyens par lesquels nous, et d'autres pays, pouvons faire pression sur (les militaires) pour qu'ils reprennent le chemin de la démocratie", a-t-il affirmé. "Je pense que tous les pays de l'ASEAN doivent demander des comptes au régime", a-t-il ajouté.
"Consensus en cinq points"

En avril de l'année dernière, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) est parvenue à un "consensus en cinq points" avec la junte birmane, qui avait pris le pouvoir deux mois plus tôt, comprenant des appels au dialogue avec l'opposition. M. Blinken a refusé de critiquer la récente visite en Birmanie du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, avec qui il s'est entretenu pendant 5 heures samedi à Bali, mais a appelé Pékin à soutenir les appels internationaux à la démocratie.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken visite l'exposition "Burma's Path To Genocide" au United States Holocaust Memorial Museum à Washington, en 2020.

"Je pense qu'il incombe également à la Chine et qu'il est dans l'intérêt de la Chine de voir la Birmanie reprendre le chemin sur lequel elle était engagée et dont elle a été si violemment écartée par le coup d'État", a-t-il déclaré. Des dizaines de milliers de personnes ont fui le pays, les conditions humanitaires se sont détériorées et les conflits ethniques se sont intensifiés depuis que les militaires ont renversé et arrêté la dirigeante civile Aung San Suu Kyi en février 2021.


La Thaïlande est le plus ancien allié des États-Unis en Asie. Lors de la signature d'un accord visant à renforcer les liens entre les deux pays, M. Blinken a souligné l'adhésion de la Thaïlande à un nouveau plan économique dirigé par les États-Unis pour l'Asie, ainsi que ses efforts en matière de changement climatique. À Bangkok, Blinken a rencontré le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2014, déclenchant des sanctions américaines. Prayut est devenu chef du gouvernement lors des élections de 2019, qui ont inauguré un retour progressif à un discours politique plus ouvert.

Blinken avait rencontré  l'ex-dirigeante démocrate du Myanmar Aung San Suu Kyi (au centre) en 2016, avant la prise du pouvoir par la junte.
Démocratie "essentielle"

Dans une déclaration conjointe signée par Blinken et le ministre des Affaires étrangères Don Pramudwinai, les États-Unis et la Thaïlande ont qualifié la démocratie d'"essentielle" à l'idée que les deux pays se font de l'Asie. Abordant une question hautement prioritaire pour l'administration Biden, le communiqué indique que Washington et Bangkok promouvront des "sociétés ouvertes et inclusives" pour les personnes LGBTQ. M. Blinken a également félicité la Thaïlande d'avoir adhéré au projet du président Biden visant à promouvoir les énergies vertes en Asie du Sud-Est, via des investissements privés de 2,7 milliards de dollars dans le pays.



Concernant la tourmente dans laquelle se trouve le Sri Lanka, les restrictions imposées par la Russie aux exportations de céréales ukrainiennes ont peut-être joué un rôle, a expliqué M. Blinken. "Nous voyons l'impact de cette agression russe se manifester partout. Elle a peut-être contribué à la situation au Sri Lanka. Nous sommes préoccupés par les implications dans le monde entier", a-t-il déclaré.

Le Sri Lanka connait de graves troubles provoqués par des pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant. Après Bangkok, M. Blinken se rendra lundi au Japon pour y présenter personnellement ses condoléances après l'assassinat vendredi de l'ancien Premier ministre Shinzo Abe.

Avec AFP

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