Une statue à l’effigie de Basil Fuleihan, ancien ministre de l’Économie et du Commerce, qui avait succombé à ses brûlures à la suite de l’attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre Rafic Hariri le 14 février 2005, sera inaugurée le mercredi 13 juillet près de l’hôtel « Monroe », à Beyrouth. À l’endroit même où l’attentat a été perpétré, il y a 17 ans.
Une statue à l’effigie de Basil Fuleihan sera dévoilée le mercredi 13 juillet, à 18h, à proximité de l’hôtel «Monroe». ©Nada El Kurdi
«La vraie richesse du Liban réside dans son énergie humaine, car le Liban se distingue par son savoir-faire, son dynamisme, son ouverture et son esprit d’initiative.» Ces propos tenus par Basil Fuleihan en disent long sur la vision qu’il avait du Liban et du rôle qu’il pouvait jouer sur la scène internationale.
Atteint de très graves brûlures le 14 février 2005 dans l’attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, il a succombé le 18 avril 2005 à ses douloureuses blessures dans un hôpital de Paris.
Basil Fuleihan aura laissé un grand vide sur la scène politique libanaise. Et c’est pour rendre hommage à cet homme d’État qui a tant donné pour le Liban, qu’une statue à son effigie sera dévoilée le mercredi 13 juillet, près de l’hôtel Monroe, à l’endroit même où l’attentat a eu lieu. La cérémonie est organisée à l’initiative de son épouse Yasma.
«Nous sommes sortis ensemble pendant 13 ans, nous nous sommes mariés un 13 juin, notre appartement était situé au 13e étage et il nous a quittés un 13 février, avance Yasma Fuleihan. Cette date s’est imposée à nous comme une évidence pour organiser cette cérémonie.»
Basil Fuleihan, deuxième à partir de la gauche, aux côtés de Fouad Siniora.
©L’Institut des finances Basil Fuleihan
La peur d’une «attaque anti-souverainiste»
C’est suite à la tentative d’assassinat, en octobre 2004, de l’ancien ministre Marwan Hamadé, que Basil Fuleihan décide de mettre sa famille à l’abri. Il l’installe à Genève. Il savait qu’il pouvait lui-même être victime d’une «attaque anti-souverainiste», comme l’affirment ses proches. «Notre départ n’était pas un choix, mais les tensions politiques à l’époque ont poussé mon mari à nous installer à l’étranger, se souvient Yasma Fuleihan. Le Liban est mon pays natal et il reste dans mon cœur. Je ne sais pas si j’y reviendrai y vivre un jour. Cela reste une option.»
En ce 14 février 2005, la vie de Yasma Fuleihan a basculé. «Albert Einstein disait que la vie est comme une bicyclette et qu’il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre, avance-t-elle. Je suis certes passée par des périodes très difficiles et épuisantes, mais je me suis toujours relevée. Je fais confiance à mon intuition qui m’a continuellement guidée. Au final, les difficultés sont, elles aussi, une bénédiction. Elles nous permettent de nous découvrir. C’est ce qui nous fait réaliser que notre passage sur terre est court.»
Basil Fuleihan, deuxième à partir de la droite, lors d’une conférence.
©L’Institut des finances Basil Fuleihan
Symbole d’espoir
L’inauguration de cette statue à l’effigie d’un homme qui œuvrait pour la renaissance économique du Liban intervient alors que le pays connaît la pire crise économique de son histoire. «La statue de Basil va être un symbole d’espoir et d’encouragement pour la nouvelle génération, affirme Yasma Fuleihan. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. C’est une inauguration sous le signe de l’ouverture, de la paix et de la persévérance pour un Liban florissant comme Basil le voulait. Cette statue est une source de lumière pour ses enfants, sa famille, ses amis, ses collègues et tous ses compatriotes qui étaient venus allumer une bougie, tous les soirs sur la place Basil Fuleihan, durant les 64 jours où il se trouvait à l’hôpital.»
Basil Fuleihan, troisième à partir de la gauche, à l’Institut des finances Basil Fuleihan.
©L’Institut des finances Basil Fuleihan
Un homme au service du citoyen
«L’objectif principal de nos politiques économiques est de développer et de moderniser nos énergies humaines pour que les Libanais puissent être compétitifs et s’intégrer dans l’économie mondiale», disait Basil Fuleihan, qui plaçait le Liban et les Libanais au cœur de toute son activité au sein du gouvernement. «Toutes les institutions de l’État doivent être au service du citoyen au lieu de servir leurs propres intérêts et ceux de leurs fonctionnaires», avait-il également dit.
Nabil Dabbous, ami d’école et d’université de Basil Fuleihan, garde le souvenir d’un homme à l’attitude positive, ouvert d’esprit, honnête, correct et intelligent. «Basil affichait toujours un profil bas et avait les pieds sur terre, affirme-t-il. Il ne faisait jamais sentir à quelqu’un qu’il était supérieur à lui. Même quand il a été nommé ministre, il nous appelait régulièrement pour prendre de nos nouvelles.» Nabil Dabbous se rappelle, dans ce cadre, qu’adolescent, Basil Fuleihan «savait toujours tout sur ses amis». «Nous le surnommions l’espion. Il avait des dossiers sur tout le monde. Cela nous faisait sourire», se souvient-il en riant.
Basil Fuleihan, à l’arrière plan de la photo, deuxième à partir de la droite, avec une équipe du Programme des Nations unies pour le développement.
«L’homme de la situation»
À la fin de la guerre civile, Rafic Hariri, avait entrepris de reconstruire le pays pour le remettre sur la scène internationale. Et pour réussir, il voulait s’entourer des meilleurs. «À l’époque, Basil Fuleihan travaillait au bureau de Washington du Fonds monétaire international, raconte Nabil Dabbous. Rafic Hariri avait tout de suite remarqué ses qualités, son savoir-faire, ses connaissances et son parcours. Il voulait absolument l’avoir dans son équipe. C’était le début d’une grande amitié. Avec la mort de Rafic Hariri, le pays a commencé sa descente aux enfers.»
Rafic Hariri saluant Basil Fuleihan, en présence de Fouad Siniora, ancien Premier ministre.
©L’Institut des finances Basil Fuleihan
Basil Fuleihan a largement travaillé sur le renforcement des lois à caractère économique. Il voulait rendre au Liban son économie d’antan. Il avait une vision stratégique pour le pays et pour cela, il misait sur ses ressources humaines exceptionnelles. «Il nous répétait sans cesse que la force du pays résidait dans le secteur des services comme les hôpitaux, les écoles, les universités, les banques et le tourisme, explique Nabil Dabbous. Il était persuadé que le Liban pouvait faire toute la différence. Il ne cherchait pas à investir dans l’agriculture ou l’industrie car il était persuadé que sur le long terme, le Liban ne pourrait pas faire concurrence à la Syrie, à la Jordanie et à l’Égypte, en raison des coûts de production et de la main-d'œuvre qui étaient élevés. Malheureusement, les responsables politiques pensent de nos jours l’inverse. Ils ont même encouragé indirectement la fuite des cerveaux.»
Pour Nabil Dabbous, Basil Fuleihan était tout simplement un visionnaire et l’homme de la situation. «Son seul objectif était le bien du Liban, contrairement aux hommes politiques présents au gouvernement», se désole-t-il.
Basil Fuleihan laisse derrière lui un héritage politique important et l’Institut des Finances a rendu hommage à son travail en portant son nom. Double victime, celle du terrorisme politique, mais également de l’impunité qui règne au Liban depuis des années, il n’aura pas eu la justice qu’il mérite.
Une statue à l’effigie de Basil Fuleihan sera dévoilée le mercredi 13 juillet, à 18h, à proximité de l’hôtel «Monroe». ©Nada El Kurdi
«La vraie richesse du Liban réside dans son énergie humaine, car le Liban se distingue par son savoir-faire, son dynamisme, son ouverture et son esprit d’initiative.» Ces propos tenus par Basil Fuleihan en disent long sur la vision qu’il avait du Liban et du rôle qu’il pouvait jouer sur la scène internationale.
Atteint de très graves brûlures le 14 février 2005 dans l’attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, il a succombé le 18 avril 2005 à ses douloureuses blessures dans un hôpital de Paris.
Basil Fuleihan aura laissé un grand vide sur la scène politique libanaise. Et c’est pour rendre hommage à cet homme d’État qui a tant donné pour le Liban, qu’une statue à son effigie sera dévoilée le mercredi 13 juillet, près de l’hôtel Monroe, à l’endroit même où l’attentat a eu lieu. La cérémonie est organisée à l’initiative de son épouse Yasma.
«Nous sommes sortis ensemble pendant 13 ans, nous nous sommes mariés un 13 juin, notre appartement était situé au 13e étage et il nous a quittés un 13 février, avance Yasma Fuleihan. Cette date s’est imposée à nous comme une évidence pour organiser cette cérémonie.»
Basil Fuleihan, deuxième à partir de la gauche, aux côtés de Fouad Siniora.
©L’Institut des finances Basil Fuleihan
La peur d’une «attaque anti-souverainiste»
C’est suite à la tentative d’assassinat, en octobre 2004, de l’ancien ministre Marwan Hamadé, que Basil Fuleihan décide de mettre sa famille à l’abri. Il l’installe à Genève. Il savait qu’il pouvait lui-même être victime d’une «attaque anti-souverainiste», comme l’affirment ses proches. «Notre départ n’était pas un choix, mais les tensions politiques à l’époque ont poussé mon mari à nous installer à l’étranger, se souvient Yasma Fuleihan. Le Liban est mon pays natal et il reste dans mon cœur. Je ne sais pas si j’y reviendrai y vivre un jour. Cela reste une option.»
En ce 14 février 2005, la vie de Yasma Fuleihan a basculé. «Albert Einstein disait que la vie est comme une bicyclette et qu’il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre, avance-t-elle. Je suis certes passée par des périodes très difficiles et épuisantes, mais je me suis toujours relevée. Je fais confiance à mon intuition qui m’a continuellement guidée. Au final, les difficultés sont, elles aussi, une bénédiction. Elles nous permettent de nous découvrir. C’est ce qui nous fait réaliser que notre passage sur terre est court.»
Basil Fuleihan, deuxième à partir de la droite, lors d’une conférence.
©L’Institut des finances Basil Fuleihan
Symbole d’espoir
L’inauguration de cette statue à l’effigie d’un homme qui œuvrait pour la renaissance économique du Liban intervient alors que le pays connaît la pire crise économique de son histoire. «La statue de Basil va être un symbole d’espoir et d’encouragement pour la nouvelle génération, affirme Yasma Fuleihan. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. C’est une inauguration sous le signe de l’ouverture, de la paix et de la persévérance pour un Liban florissant comme Basil le voulait. Cette statue est une source de lumière pour ses enfants, sa famille, ses amis, ses collègues et tous ses compatriotes qui étaient venus allumer une bougie, tous les soirs sur la place Basil Fuleihan, durant les 64 jours où il se trouvait à l’hôpital.»
Basil Fuleihan, troisième à partir de la gauche, à l’Institut des finances Basil Fuleihan.
©L’Institut des finances Basil Fuleihan
Un homme au service du citoyen
«L’objectif principal de nos politiques économiques est de développer et de moderniser nos énergies humaines pour que les Libanais puissent être compétitifs et s’intégrer dans l’économie mondiale», disait Basil Fuleihan, qui plaçait le Liban et les Libanais au cœur de toute son activité au sein du gouvernement. «Toutes les institutions de l’État doivent être au service du citoyen au lieu de servir leurs propres intérêts et ceux de leurs fonctionnaires», avait-il également dit.
Nabil Dabbous, ami d’école et d’université de Basil Fuleihan, garde le souvenir d’un homme à l’attitude positive, ouvert d’esprit, honnête, correct et intelligent. «Basil affichait toujours un profil bas et avait les pieds sur terre, affirme-t-il. Il ne faisait jamais sentir à quelqu’un qu’il était supérieur à lui. Même quand il a été nommé ministre, il nous appelait régulièrement pour prendre de nos nouvelles.» Nabil Dabbous se rappelle, dans ce cadre, qu’adolescent, Basil Fuleihan «savait toujours tout sur ses amis». «Nous le surnommions l’espion. Il avait des dossiers sur tout le monde. Cela nous faisait sourire», se souvient-il en riant.
Basil Fuleihan, à l’arrière plan de la photo, deuxième à partir de la droite, avec une équipe du Programme des Nations unies pour le développement.
«L’homme de la situation»
À la fin de la guerre civile, Rafic Hariri, avait entrepris de reconstruire le pays pour le remettre sur la scène internationale. Et pour réussir, il voulait s’entourer des meilleurs. «À l’époque, Basil Fuleihan travaillait au bureau de Washington du Fonds monétaire international, raconte Nabil Dabbous. Rafic Hariri avait tout de suite remarqué ses qualités, son savoir-faire, ses connaissances et son parcours. Il voulait absolument l’avoir dans son équipe. C’était le début d’une grande amitié. Avec la mort de Rafic Hariri, le pays a commencé sa descente aux enfers.»
Rafic Hariri saluant Basil Fuleihan, en présence de Fouad Siniora, ancien Premier ministre.
©L’Institut des finances Basil Fuleihan
Basil Fuleihan a largement travaillé sur le renforcement des lois à caractère économique. Il voulait rendre au Liban son économie d’antan. Il avait une vision stratégique pour le pays et pour cela, il misait sur ses ressources humaines exceptionnelles. «Il nous répétait sans cesse que la force du pays résidait dans le secteur des services comme les hôpitaux, les écoles, les universités, les banques et le tourisme, explique Nabil Dabbous. Il était persuadé que le Liban pouvait faire toute la différence. Il ne cherchait pas à investir dans l’agriculture ou l’industrie car il était persuadé que sur le long terme, le Liban ne pourrait pas faire concurrence à la Syrie, à la Jordanie et à l’Égypte, en raison des coûts de production et de la main-d'œuvre qui étaient élevés. Malheureusement, les responsables politiques pensent de nos jours l’inverse. Ils ont même encouragé indirectement la fuite des cerveaux.»
Pour Nabil Dabbous, Basil Fuleihan était tout simplement un visionnaire et l’homme de la situation. «Son seul objectif était le bien du Liban, contrairement aux hommes politiques présents au gouvernement», se désole-t-il.
Basil Fuleihan laisse derrière lui un héritage politique important et l’Institut des Finances a rendu hommage à son travail en portant son nom. Double victime, celle du terrorisme politique, mais également de l’impunité qui règne au Liban depuis des années, il n’aura pas eu la justice qu’il mérite.
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