Melhem Khalaf révèle à IB qu’un comité ministériel devait se réunir mercredi pour examiner les moyens d’éteindre le feu, mais que la réunion a été annulée en dépit de l’urgence de la situation.
Alors qu’un incendie près des silos du port de Beyrouth persiste depuis au moins jeudi soir et s’embrase par intermittence, notamment en soirée, aucune action n’est prise par les responsables pour éteindre le feu. Le danger sur la structure des silos n’est pourtant pas des moindres, puisqu’un feu prolongé peut faire éclater le fer de l’intérieur, et provoquer donc l’effondrement d’une partie de la structure, comme le confirment les experts. Les silos restent, par-delà leur symbole mémoriel du 4 août, le lieu d’un crime non encore instruit.
A Ici Beyrouth, le député Melhem Khalaf, qui suit les dossiers judiciaires des familles des victimes de la double explosion au port de Beyrouth, révèle qu’une réunion d’un comité ministériel était censée se tenir mercredi en présence des autorités compétentes, comme la Défense civile, pour mettre au point un mécanisme de lutte contre l’incendie sans compromettre la vie des pompiers. Le site a été gravement endommagé par la double explosion et il est interdit d’accès sauf autorisation exceptionnelle. Bien que dictée par l’urgence de la situation, la réunion ne s’est plus tenue, confie l’ancien bâtonnier de Beyrouth.
Contradictions
Les arguments recueillis en substance auprès de responsables de sécurité pour justifier cette non-intervention sont les suivants: le ministre des Travaux publics et le commandement de l’armée ne donnant pas le feu vert pour une intervention des pompiers, la Défense civile ne peut pas agir. Et si une telle autorisation n’est pas donnée, c’est parce qu’il est jugé inutile, voire contreproductif, d’éteindre avec l’eau un feu dont la cause est la fermentation du blé. L’eau risquerait d’accélérer cette fermentation et d’attiser ainsi l’incendie.
Une affirmation qui laisse perplexes des proches des victimes, avocats et experts qui suivent cette affaire. «Les contradictions abondent dans les discours officiels», relève pour Ici Beyrouth Divina Abou Jaoudé, présidente de la branche II des architectes de l’ordre des ingénieurs de Beyrouth. Elle rappelle que «les autorités compétentes avaient annoncé il y a un an avoir nettoyé et vidé les silos de tout le blé». «Comment donc expliquer qu’une fermentation du blé soit la cause de l’incendie? Et surtout comment le vérifier puisque personne ne peut se rendre sur le site en question?», s’interroge-t-elle.
Elle révèle en outre avoir contacté le ministre des Travaux publics par téléphone mardi, avec des membres de la Campagne de solidarité pour la protection des silos du port de Beyrouth, pour suivre l’affaire. Le ministre a expliqué qu’une quantité résiduelle de blé avait été maintenue «afin de ne pas déstabiliser les silos». Mais si l’enjeu est effectivement d’en consolider la structure, pourquoi le gouvernement n’a-t-il fourni aucun effort, malgré les appels réitérés des experts, pour soutenir les fondations des silos? Et si les silos sont maintenus grâce au blé – un constat discutable pour les experts – comment expliquer l’inertie face à la menace de l’incendie sur le blé?, s’interroge-t-elle encore.
Pour Melhem Khalaf, «il y a un laisser-aller certain de la part des autorités. Et s’il est délibéré, la gravité en est innommable».
Une demande de sursis non encore notifiée
Une tentative des autorités de provoquer l’effondrement des silos sans devoir en assumer la démolition est dénoncée par les proches des victimes. Et cette crainte est corroborée par d’autres manquements au niveau judiciaire. Outre les multiples entraves à l’enquête sur la double explosion du 4 août 2020 – trahissant une volonté d'effacer un crime par tous les moyens – une demande de sursis à exécution de la décision du Conseil des ministres du 14 avril 2022, de démolir les silos, présentée devant le Conseil d’État le 15 juin 2022, «n’a toujours pas été notifiée aux autorités compétentes pour que court le délai des quinze jours imparti aux juges pour statuer», révèle Melhem Khalaf. Il ne peut expliquer les causes de ce manquement. «Ce sont les huissiers du Conseil d’État qui se chargent de la notification. Je ne sais pas ce qu’ils craignent mais je peux vous dire que la notification n’a pas été faite», dit-il en réponse à une question. La demande de sursis accompagne une requête adressée au Conseil d’État contre la décision de démolition avec pour arguments invoqués: le rapport soumis par la compagnie Khatib et Alami le 14 mars 2022, à la demande du Conseil des ministres et qui conclut à la «non-urgence» de la démolition; la décision du ministre de la Culture Mohammad Mortada de classer les silos parmi les monuments historiques, deux jours après la décision prise en Conseil des ministres de les démolir; la valeur du site au regard de la mémoire collective; sa valeur en tant que scène de crime où des corps de victimes n’ont toujours pas été retrouvés…
L'incendie serait-il le moyen le plus rapide de répondre à ces arguments?
Alors qu’un incendie près des silos du port de Beyrouth persiste depuis au moins jeudi soir et s’embrase par intermittence, notamment en soirée, aucune action n’est prise par les responsables pour éteindre le feu. Le danger sur la structure des silos n’est pourtant pas des moindres, puisqu’un feu prolongé peut faire éclater le fer de l’intérieur, et provoquer donc l’effondrement d’une partie de la structure, comme le confirment les experts. Les silos restent, par-delà leur symbole mémoriel du 4 août, le lieu d’un crime non encore instruit.
A Ici Beyrouth, le député Melhem Khalaf, qui suit les dossiers judiciaires des familles des victimes de la double explosion au port de Beyrouth, révèle qu’une réunion d’un comité ministériel était censée se tenir mercredi en présence des autorités compétentes, comme la Défense civile, pour mettre au point un mécanisme de lutte contre l’incendie sans compromettre la vie des pompiers. Le site a été gravement endommagé par la double explosion et il est interdit d’accès sauf autorisation exceptionnelle. Bien que dictée par l’urgence de la situation, la réunion ne s’est plus tenue, confie l’ancien bâtonnier de Beyrouth.
Contradictions
Les arguments recueillis en substance auprès de responsables de sécurité pour justifier cette non-intervention sont les suivants: le ministre des Travaux publics et le commandement de l’armée ne donnant pas le feu vert pour une intervention des pompiers, la Défense civile ne peut pas agir. Et si une telle autorisation n’est pas donnée, c’est parce qu’il est jugé inutile, voire contreproductif, d’éteindre avec l’eau un feu dont la cause est la fermentation du blé. L’eau risquerait d’accélérer cette fermentation et d’attiser ainsi l’incendie.
Une affirmation qui laisse perplexes des proches des victimes, avocats et experts qui suivent cette affaire. «Les contradictions abondent dans les discours officiels», relève pour Ici Beyrouth Divina Abou Jaoudé, présidente de la branche II des architectes de l’ordre des ingénieurs de Beyrouth. Elle rappelle que «les autorités compétentes avaient annoncé il y a un an avoir nettoyé et vidé les silos de tout le blé». «Comment donc expliquer qu’une fermentation du blé soit la cause de l’incendie? Et surtout comment le vérifier puisque personne ne peut se rendre sur le site en question?», s’interroge-t-elle.
Elle révèle en outre avoir contacté le ministre des Travaux publics par téléphone mardi, avec des membres de la Campagne de solidarité pour la protection des silos du port de Beyrouth, pour suivre l’affaire. Le ministre a expliqué qu’une quantité résiduelle de blé avait été maintenue «afin de ne pas déstabiliser les silos». Mais si l’enjeu est effectivement d’en consolider la structure, pourquoi le gouvernement n’a-t-il fourni aucun effort, malgré les appels réitérés des experts, pour soutenir les fondations des silos? Et si les silos sont maintenus grâce au blé – un constat discutable pour les experts – comment expliquer l’inertie face à la menace de l’incendie sur le blé?, s’interroge-t-elle encore.
Pour Melhem Khalaf, «il y a un laisser-aller certain de la part des autorités. Et s’il est délibéré, la gravité en est innommable».
Une demande de sursis non encore notifiée
Une tentative des autorités de provoquer l’effondrement des silos sans devoir en assumer la démolition est dénoncée par les proches des victimes. Et cette crainte est corroborée par d’autres manquements au niveau judiciaire. Outre les multiples entraves à l’enquête sur la double explosion du 4 août 2020 – trahissant une volonté d'effacer un crime par tous les moyens – une demande de sursis à exécution de la décision du Conseil des ministres du 14 avril 2022, de démolir les silos, présentée devant le Conseil d’État le 15 juin 2022, «n’a toujours pas été notifiée aux autorités compétentes pour que court le délai des quinze jours imparti aux juges pour statuer», révèle Melhem Khalaf. Il ne peut expliquer les causes de ce manquement. «Ce sont les huissiers du Conseil d’État qui se chargent de la notification. Je ne sais pas ce qu’ils craignent mais je peux vous dire que la notification n’a pas été faite», dit-il en réponse à une question. La demande de sursis accompagne une requête adressée au Conseil d’État contre la décision de démolition avec pour arguments invoqués: le rapport soumis par la compagnie Khatib et Alami le 14 mars 2022, à la demande du Conseil des ministres et qui conclut à la «non-urgence» de la démolition; la décision du ministre de la Culture Mohammad Mortada de classer les silos parmi les monuments historiques, deux jours après la décision prise en Conseil des ministres de les démolir; la valeur du site au regard de la mémoire collective; sa valeur en tant que scène de crime où des corps de victimes n’ont toujours pas été retrouvés…
L'incendie serait-il le moyen le plus rapide de répondre à ces arguments?
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