La guerre en Ukraine, principal «défi» pour l'économie mondiale
©Janet Yellen a annoncé vouloir faire pression pour imposer un plafonnement des prix du pétrole russe, afin de lutter contre l'inflation mondiale et affaiblir la "machine de guerre "du Kremlin. (AFP)
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré jeudi que "le plus grand défi" pour l'économie mondiale est l'invasion russe de l'Ukraine. Cette agression a augmenté l'inflation et la perturbation des marchés alimentaires et énergétiques qu'elle a causé. La responsable a de même annoncé faire pression pour un plafonnement des prix du pétrole russe, une mesure qui couperait les financements du Kremlin tout en limitant l'inflation. Ces propos interviennent alors que le Fonds Monétaire International a averti d'un "assombrissement" des perspectives économiques mondiales, baissant ses prévisions de croissance pour 2022 et 2023. 

Janet Yellen, secrétaire d'État américaine au Trésor, est à Bali, en Indonésie, pour participer à la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 les 15 et 16 juillet. (AFP)

S'exprimant la veille d'une réunion ministérielle du G20 en Indonésie, Yellen a aussi affirmé voir "les retombées de cette guerre dans tous les coins du monde, en particulier en ce qui concerne les prix de l'énergie et la montée de l'insécurité alimentaire". "La communauté internationale doit avoir une vision claire de la façon de forcer Poutine à rendre des comptes pour les conséquences économiques et humanitaires mondiales de cette guerre", a-t-elle souligné.

La guerre engagée depuis le 24 février en Ukraine a secoué les marchés mondiaux, accentué l'inflation, et aggravé une crise alimentaire et énergétique qui menace de déstabiliser les pays les plus vulnérables.

La ministre de Joe Biden est à Bali, en Indonésie, pour participer à la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales les 15 et 16 juillet.
Plafonner les prix du pétrole russe 



Elle a indiqué vouloir continuer à faire pression auprès de ses homologues du G20 pour un plafonnement des prix du pétrole russe, dans le but de priver Moscou des financements nécessaires pour poursuivre la guerre en Ukraine et en même temps limiter l'inflation. "Un plafonnement des prix est l'un de nos instruments le plus puissants", a-t-elle dit, car cela "priverait Poutine des revenus dont sa machine de guerre a besoin".

La responsable a dit espérer que l'Inde et la Chine pourront rejoindre l'initiative puisque cela "servira leurs propres intérêts" en minimisant les prix des hydrocarbures pour les consommateurs du monde entier.

Un autre objectif de la réunion du G20 sera d'encourager les grands pays créanciers, dont la Chine, à finaliser un accord de réduction de la dette des pays pauvres, a noté Janet Yellen.


Elle a refusé d'indiquer en revanche si les pays occidentaux pourraient se mettre d'accord pour boycotter les responsables russes et sortir de la réunion, comme ils l'avaient fait à une réunion des dirigeants financiers du G20 précédente en avril.

"Ça ne peut pas être business as usual", a-t-elle expliqué, "mais je peux vous dire que je vais exprimer mon avis sur l'invasion russe de la façon la plus forte possible, (...) parler de son impact sur l'Ukraine et la condamner". Et "j'escompte que de nombreux collègues feront de même".
Un assombrissement des perspectives économiques mondiales



Le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, devrait cette fois assister à la réunion virtuellement, et avoir un adjoint sur place, selon les organisateurs indonésiens. La semaine dernière, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov était venu en personne à une réunion de ses homologues du G20, mais avait dû essuyer une salve d'accusations au sujet de la guerre et a quitté la réunion en milieu de journée.

Les propos de Janet Yellen interviennent au lendemain d'un avertissement de la directrice générale du Fonds Monétaire International sur des perspectives économiques mondiales qui "s'assombrissent".

L'institution financière devrait ce mois-ci à nouveau baisser ses prévisions de croissance "à la fois pour 2022 et 2023", après les avoir baissées en avril, a déclaré Kristalina Georgieva. Dans une note, le FMI prévient que la progression plus élevée que prévu de l'inflation pourrait "enflammer les tensions sociales" au sein des pays touchés.

La Russie et l'Ukraine ont néanmoins réalisé des progrès mercredi dans des négociations sur la question du blocage des exportations de céréales à partir des ports ukrainiens, la Turquie annonçant de nouvelles discussions sur le sujet la semaine prochaine.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a dit espérer qu'un "accord formel" pourrait prochainement être conclu, a évoqué "une lueur d'espoir" pour ceux souffrant de la faim.

Avec AFP
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