Lundi, la commission parlementaire des Finances et du Budget, présidée par le député Ibrahim Kanaan, se penchera sur un texte de loi présenté par le gouvernement visant à supprimer définitivement le secret bancaire. La commission s’emploie à amender dans une large mesure ce texte qui correspond aux conditions du Fonds monétaire international (FMI), avec qui le gouvernement libanais a signé un accord préliminaire le 7 avril de cette année.
Sauf que cet élément n'est qu'un des points du plan du FMI, et il doit être précédé par des réformes essentielles qui ont toutes été ignorées.
Quel est l’intérêt de cette précipitation en présence d'un gouvernement démissionnaire depuis les législatives du 15 mai, et à deux mois de la présidentielle? Quelle justice va se saisir des comptes qui seront définis comme suspects? Celle de Ghada Aoun qui s'est fixée pour objectif de détruire ce qui reste du secteur financier libanais ou la justice qui protège les responsables de l'explosion du port de Beyrouth?
Le gouvernement estime que l'amendement de la loi sur le secret bancaire a pour objectif la lutte contre l’évasion fiscale, la fraude douanière, la corruption et le financement du terrorisme.
Reprenons un à un ces quatre points:
1. C'est le ministère des Finances qui doit lutter contre l'évasion fiscale. Or depuis 2014, il est entre les mains du mouvement Amal qui bloque toute initiative dans ce domaine.
2. La fraude douanière est le résultat de la porosité des frontières. Et le Hezbollah a la main sur nos frontières aériennes, maritimes et terrestres. L'invasion de Beyrouth en mai 2008 avait été provoquée suite à la volonté du gouvernement de retirer les caméras de la milice iranienne qui se trouvaient sur la piste des avions privés. Les frontières avec la Syrie sont sous contrôle du Hezbollah. Est-il nécessaire de rappeler les milliards perdus suite à la fuite de l'essence, du mazout et autres produits subventionnés depuis le début de la crise? Pour l'anecdote, le Premier ministre, Najib Mikati, avait découvert l'existence de passages illégaux quand Hassan Nasrallah avait fait entrer le mazout iranien en octobre dernier. Quant au nitrate d'ammonium qui se trouvait au port de Beyrouth, on attend toujours les conclusions de la justice pour apprendre comment il est entré.
3. Depuis octobre 2019, tous les soirs, sur les chaînes de télévision, des scandales de corruption sont dévoilés et, jusqu'à aujourd'hui, la justice ne s'est saisie d'aucun dossier.
4. En ce qui concerne le financement du terrorisme, la liste des pays qui ont qualifié le Hezbollah de terroriste est suffisante pour détruire le dernier point avancé par le gouvernement dans ce cadre.
Cet amendement de la loi sur le secret bancaire est l’une des dernières étapes pour finaliser la destruction du secteur privé en général et celle du secteur bancaire en particulier, qui a été initiée par le Hezbollah et ses alliés après la guerre de juillet 2006, avec la fermeture du centre-ville pendant dix-huit mois, et qui a pris fin avec les affrontements du 7 mai 2008 et l'accord de Doha. Ont suivi les menaces contre le secteur bancaire après le refus de souscrire à des bons du trésor. La destruction s'est poursuivie en mars 2020 avec la décision du gouvernement de faire défaut et de ne pas honorer le remboursement des Eurobonds. Et maintenant, c'est ce qui reste comme confiance dans le secteur bancaire que les alliés de l'Iran veulent détruire avec l'amendement du secret bancaire.
Certes, une restructuration du secteur bancaire est nécessaire. Mais elle doit se faire dans un climat de confiance qui suivra la mise en place de réformes nécessaires. En tout premier lieu, celle de la justice et celle de l'électricité, qui est un gouffre financier de plusieurs dizaines de milliards de dollars, ainsi que le renforcement du rôle de la commission d’enquête spéciale au sein de la Banque centrale, dont la mission est de lutter contre le blanchiment d'argent et la corruption.
Le secteur privé est la colonne vertébrale du Liban. C’est lui qui finance l'État libanais à travers les recettes fiscales. Ce sont les entreprises privées qui ont créé cette classe moyenne qui a fait la richesse du pays et développé les pôles d'excellence qui ont fait la renommée du Liban, que ce soit dans les domaines de l'éducation, de la santé, du tourisme ou des services. Et tous ont compté sur le secteur bancaire, qui les a financés et accompagnés pendant toutes ces décennies dans leur développement et leur croissance. Aucun redressement économique ne peut se faire sans le secteur privé dans toutes ses composantes.
Le secret bancaire établi en 1956 a fait la richesse du Liban en attirant les capitaux arabes, et son amendement dans les circonstances actuelles nous fera perdre un avantage concurrentiel qui profitera à d'autres pays de la région.
Entre-temps, Israël et les Émirats arabes unis sont devenus le refuge des fortunes du monde. Et le Liban continue de s'enfoncer dans la pauvreté.
La France, pour laquelle nous portons un respect inestimable, est-elle au rendez-vous des intérêts du Liban, comme toujours, ou bien les temps ont-ils changé, là aussi?
Sauf que cet élément n'est qu'un des points du plan du FMI, et il doit être précédé par des réformes essentielles qui ont toutes été ignorées.
Quel est l’intérêt de cette précipitation en présence d'un gouvernement démissionnaire depuis les législatives du 15 mai, et à deux mois de la présidentielle? Quelle justice va se saisir des comptes qui seront définis comme suspects? Celle de Ghada Aoun qui s'est fixée pour objectif de détruire ce qui reste du secteur financier libanais ou la justice qui protège les responsables de l'explosion du port de Beyrouth?
Le gouvernement estime que l'amendement de la loi sur le secret bancaire a pour objectif la lutte contre l’évasion fiscale, la fraude douanière, la corruption et le financement du terrorisme.
Reprenons un à un ces quatre points:
1. C'est le ministère des Finances qui doit lutter contre l'évasion fiscale. Or depuis 2014, il est entre les mains du mouvement Amal qui bloque toute initiative dans ce domaine.
2. La fraude douanière est le résultat de la porosité des frontières. Et le Hezbollah a la main sur nos frontières aériennes, maritimes et terrestres. L'invasion de Beyrouth en mai 2008 avait été provoquée suite à la volonté du gouvernement de retirer les caméras de la milice iranienne qui se trouvaient sur la piste des avions privés. Les frontières avec la Syrie sont sous contrôle du Hezbollah. Est-il nécessaire de rappeler les milliards perdus suite à la fuite de l'essence, du mazout et autres produits subventionnés depuis le début de la crise? Pour l'anecdote, le Premier ministre, Najib Mikati, avait découvert l'existence de passages illégaux quand Hassan Nasrallah avait fait entrer le mazout iranien en octobre dernier. Quant au nitrate d'ammonium qui se trouvait au port de Beyrouth, on attend toujours les conclusions de la justice pour apprendre comment il est entré.
3. Depuis octobre 2019, tous les soirs, sur les chaînes de télévision, des scandales de corruption sont dévoilés et, jusqu'à aujourd'hui, la justice ne s'est saisie d'aucun dossier.
4. En ce qui concerne le financement du terrorisme, la liste des pays qui ont qualifié le Hezbollah de terroriste est suffisante pour détruire le dernier point avancé par le gouvernement dans ce cadre.
Cet amendement de la loi sur le secret bancaire est l’une des dernières étapes pour finaliser la destruction du secteur privé en général et celle du secteur bancaire en particulier, qui a été initiée par le Hezbollah et ses alliés après la guerre de juillet 2006, avec la fermeture du centre-ville pendant dix-huit mois, et qui a pris fin avec les affrontements du 7 mai 2008 et l'accord de Doha. Ont suivi les menaces contre le secteur bancaire après le refus de souscrire à des bons du trésor. La destruction s'est poursuivie en mars 2020 avec la décision du gouvernement de faire défaut et de ne pas honorer le remboursement des Eurobonds. Et maintenant, c'est ce qui reste comme confiance dans le secteur bancaire que les alliés de l'Iran veulent détruire avec l'amendement du secret bancaire.
Certes, une restructuration du secteur bancaire est nécessaire. Mais elle doit se faire dans un climat de confiance qui suivra la mise en place de réformes nécessaires. En tout premier lieu, celle de la justice et celle de l'électricité, qui est un gouffre financier de plusieurs dizaines de milliards de dollars, ainsi que le renforcement du rôle de la commission d’enquête spéciale au sein de la Banque centrale, dont la mission est de lutter contre le blanchiment d'argent et la corruption.
Le secteur privé est la colonne vertébrale du Liban. C’est lui qui finance l'État libanais à travers les recettes fiscales. Ce sont les entreprises privées qui ont créé cette classe moyenne qui a fait la richesse du pays et développé les pôles d'excellence qui ont fait la renommée du Liban, que ce soit dans les domaines de l'éducation, de la santé, du tourisme ou des services. Et tous ont compté sur le secteur bancaire, qui les a financés et accompagnés pendant toutes ces décennies dans leur développement et leur croissance. Aucun redressement économique ne peut se faire sans le secteur privé dans toutes ses composantes.
Le secret bancaire établi en 1956 a fait la richesse du Liban en attirant les capitaux arabes, et son amendement dans les circonstances actuelles nous fera perdre un avantage concurrentiel qui profitera à d'autres pays de la région.
Entre-temps, Israël et les Émirats arabes unis sont devenus le refuge des fortunes du monde. Et le Liban continue de s'enfoncer dans la pauvreté.
La France, pour laquelle nous portons un respect inestimable, est-elle au rendez-vous des intérêts du Liban, comme toujours, ou bien les temps ont-ils changé, là aussi?
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