Big Bang terrestre ou dans l’espace?
Le télescope spatial James Webb de la NASA a capturé l'image infrarouge la plus profonde et la plus nette de l'univers à ce jour, illustrant ainsi le Big Bang d’il y a 13 milliards d'années.

L’image est surtout destinée à démontrer une supériorité manifeste.  Comme si les États-Unis voulaient rappeler à qui de droit la guerre froide qui les opposait à l'Union soviétique au siècle dernier, ainsi que «la guerre des étoiles», où l'espace constituait l'une des principales arènes de concurrence entre les deux puissances qui contrôlaient la Terre et l'espace.

Aujourd'hui, le conflit a revêtu bien d'autres aspects, dans le sens où il n'est plus uniquement limité à deux puissances, mais s’est étendu à plusieurs axes. Après l’effondrement de l'Union soviétique, la Russie tente de restaurer la gloire d’antan en provoquant un séisme aux portes de l’Europe, menaçant la sécurité et la stabilité du continent européen.

Cependant, le président Vladimir Poutine, qui poursuit ses rêves de gloire, est parfaitement conscient de sa propre impuissance à faire face, seul, à l'unilatéralisme des États-Unis engendré par la chute du mur de Berlin. Ainsi, les paramètres auxquels nous étions habitués à l'époque ne sont plus les mêmes. Pour faire face aux États-Unis, M. Poutine a besoin de s'allier à la Chine, une autre grande puissance émergente.

A cela, il faut ajouter le fait que des forces «perturbatrices» sont en train d’émerger. Leur capacité à menacer la paix mondiale à des fins stratégiques est peut-être exagérée. Ces forces ne disposent certes pas d’une puissance militaire et économique semblable à celles de l'État américain, mais elles sont capables de fabriquer une bombe nucléaire, comme c’est le cas pour la Corée du Nord et l'Iran, ainsi que d'autres pays en développement, et de s'allier avec les grandes puissances, dont celles qui rejettent l'unilatéralisme américain.


A cause de ces axes à géométrie variable, la politique mondiale se transforme en un jeu dont on ne peut prédire ni l’évolution ni l’issue. C’est comme si le centre de la Terre était en ébullition sans qu’on ne sache de quel côté ce bouillonnement va jaillir. Dans ce tableau, on se retrouve à imaginer les humains qui font attention à l’endroit où ils posent leurs pieds de peur de fouler un endroit fragile de la surface de la Terre. À moins qu’ils ne renversent l’équilibre des forces tel qu'il a été présenté dans la comédie noire «Don't Look Up». Ce qu'il faut à ce stade, c'est prendre un véritable recul pour regarder ce qui se passe à travers le prisme du télescope James Wayne, comme une invitation à s'évader de cette terre menacée par le Big Bang, et à ignorer la mort inéluctable qui surviendra, en contemplant la magie de cette autre grande explosion qui s'est produite il y a 12 milliards d'années, et qui laisse des images à couper le souffle.

Peut-être que ce besoin d'évasion grandit avec tous les événements dont nous sommes témoins, notamment les pandémies, la guerre en Ukraine et le ralentissement économique mondial. Sans parler de nos préoccupations locales qui nous tuent presque au sens littéral du terme et nous incitent à souhaiter des miracles qui mettront fin à nos souffrances. D’ailleurs, ces préoccupations nous ont quasiment fait oublier que l’événement télescopique «transuniversel» a coïncidé avec deux événements majeurs. Il y a eu la visite du président américain Joe Biden en Israël, puis en Arabie saoudite, où a été inauguré le premier vol direct entre les deux pays, avec ce que cela implique en termes de normalisation entre les pays du Golfe et l'État hébreu. Et il y aura demain, 19 juillet, à Téhéran, le sommet entre Vladimir Poutine, le président turc, Raja Tayyip Erdogan, et leur homologue iranien, Ibrahim Raisi. Ces rencontres au sommet provoqueraient des ondes de chocs somme toute mineures, comparées aux jeux entre adultes, mais létaux pour des peuples et des pays comme les nôtres.

A l’heure où le monde sonde les profondeurs historique et temporelle de l'histoire de l'univers à travers des milliards d'années-lumière, les soucis des plus démunis qui croupissent dans l’obscurité, sans la moindre perspective d’avenir, dans une partie de la planète, ne font que s’exacerber. Dans le même temps, les fondations de pays qui ont perdu leur vitalité et leur rang sont en train d’être ébranlées, à cause d’acteurs médiocres… voire abjects.

 
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