Les accroches aux armes automatiques et les débordements sécuritaires se sont multipliés ces derniers jours dans les principales zones contrôlées par le tandem Hezbollah-Amal, dans la banlieue-sud de Beyrouth, notamment à Chyah, ainsi qu’au Liban-Sud, dans la localité de Tyr, plus particulièrement.

De diverses explications ont été données dans les milieux des deux formations chiites au sujet des causes réelles de ces incidents. Certaines sources ont minimisé la portée de ces dérapages, écartant toute dimension politique et les inscrivant simplement dans le cadre de tiraillements portant sur la commémoration de la Achoura. D’autres sources chiites non partisanes affirment, au contraire, que les accrochages armés sont dus au clivage politique qui s’accentue entre Amal et le Hezbollah.

Dans les milieux du parti pro-iranien, on fait assumer la responsabilité de ces incidents à des éléments incontrôlés d’Amal. Des responsables du Hezbollah auraient ainsi demandé au chef du législatif et leader du mouvement Amal, Nabih Berry, d’intervenir afin de mettre au pas ses partisans. Des démarches auraient été entreprises dans ce cadre afin que les services de sécurité étatiques prennent en charge le rétablissement de l’ordre dans les zones en question.

Des sources politiques indépendantes du tandem chiite indiquent de leur côté que les incidents et les accrochages armés sont le résultat de l’émergence de caïds de quartier dans les régions contrôlées par les deux formations. La situation ainsi créée est aggravée par le fait que l’apparition de ces caïds s’accompagne d’un trafic de stupéfiants à grande échelle et d’autres activités non avouables très lucratives. Ces actions clandestines, précisent les sources précitées, sont la conséquence directe de la rapide détérioration de la situation socio-économique et financière qui a fini par atteindre les milieux populaires dans lesquels évoluent le Hezbollah et Amal. Un tel impact de la crise a été encore plus aggravé par la disparité entre les partisans des deux formations au niveau des conditions de vie. Les cadres du parti pro-iranien bénéficient, en effet, de rentrées en dollars alors que de nombreux membres d’Amal sont fonctionnaires dans les administrations publiques et ont vu, par conséquent, leurs revenus en livres libanaises fondre comme neige au soleil. Il en résulte une tension notoire entre les deux parties ainsi que des luttes d’influence et des incidents sécuritaires qui se multiplient dans plusieurs régions à prédominance chiite.