En annonçant le 15 janvier la levée de son boycott des séances du Conseil des ministres, le binôme chiite Amal-Hezbollah avait affirmé qu’il ne prendrait part aux réunions que pour discuter du budget et du plan de sauvetage économique en cours de négociation avec le Fonds monétaire international. Cependant, dans la pratique, l’ordre du jour des séances s’avère désormais ouvert au débat sur toutes les questions… à l’exception des nominations, surtout judiciaires.

Il serait ainsi interdit de remédier à la vacance en cours au sein de l’Assemblée plénière de la Cour de cassation pour mettre fin au défaut de quorum qui l’empêche de se réunir et d’examiner les objections exprimées par certaines des personnalités accusées et appelés à comparaître devant le juge d’instruction chargé du dossier de l’explosion au port de Beyrouth, Tarek Bitar.

La redynamisation de l’enquête du juge, bloquée depuis décembre 2021, est liée à cette démarche, dans la mesure où elle ne peut reprendre si l’Assemblée plénière ne se réunit pas pour examiner ces objections. Pour éviter toute surprise inconvenante pour le binôme, le président de la Chambre, Nabih Berry, est attaché au contreseing du ministre des Finances aux décrets de nominations des membres de l’Assemblée.

Or ce contreseing n’est pas nécessaire dans ce cas, dans la mesure où ces décrets ne comportent aucune charge financière pour l’État libanais. Le contreseing ministériel dans ce cas de figure constitue un droit de véto aux mains du tandem chiite dans le cas où le président de la République, Michel Aoun, donnerait son aval aux nominations au sein du Conseil supérieur de la magistrature.

Au-delà de la volonté de bloquer la poursuite de l’enquête menée par le juge Bitar, l’objectif est de faire de ce dossier une carte dans le cadre de négociations en vue d’un éventuel compromis politique ultérieur.

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