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L’artiste libanaise Ghada Zoghbi présente son exposition solo Wild Mindscapes à la galerie Janine Rubeiz à Beyrouth jusqu’au 28 septembre 2024, explorant la relation entre l’Homme et son environnement à travers des paysages minéraux quasi abstraits.

Dans son exposition en solo intitulée Wild Mindscapes ouverte à la galerie Janine Rubeiz jusqu’au 28 septembre 2024, l’artiste peintre Ghada Zoghbi nous invite à découvrir un monde minéral quasi abstrait, sorte de paysage intérieur peuplé de roches et de pierres.

Ayant participé à plusieurs expositions collectives et en solo au Liban et à l’étranger, notamment en France, à Londres, au Qatar, en Égypte et en Algérie, l’artiste tente d’explorer l’interaction entre l’Homme et son environnement ainsi que les bases de la construction sociétale.

Car il s’agit bien de construction!

Ghada Zoghbi commence par rassembler et disposer les éléments rocheux de manière à créer sa propre composition qu’elle reproduit ensuite sur la toile.

Ce processus artistique intuitif, issu du subconscient de l’artiste, se transforme alors en langage symbolique pour traduire le désir nostalgique de retour à la pureté originelle et à l’essence des choses, tout en cherchant à réparer les dégâts infligés à la nature. Il s’agit d’une quête de sens visant à compenser l’absurdité des poteaux ou fils de fer défigurant le ciel, ainsi que celle du ciment détruisant le paysage.

L’artiste, ainsi fascinée par les formations de roches naturelles, place ces dernières au cœur de sa toile afin d’en ausculter la matière, en dévoiler les mystères.

Par cet assemblement de pierres, l’artiste tente alors de revenir à la source, de retrouver le lien fédérateur pouvant transcender les divisions politiques ou religieuses, indispensable au développement des relations familiales et communautaires.

Ghada Zoghbi nous fait ainsi prendre conscience que les rochers ou galets, façonnés par des siècles de métamorphoses et sculptés par les éléments premiers, sont des témoins incontestables du passage du temps, des phénomènes naturels et humains, qu’ils soient historiques ou géologiques. Elle nous rappelle que l’Homme est le seul être sur terre à avoir recyclé la pierre pour en fabriquer des armes ou en faire un abri.

L’artiste nous conduit aussi à réaliser que la pierre, instrument de défense ou refuge, constitue la clé de voûte indispensable à la survie de l’humanité, au développement des civilisations, à la construction des cités et des temples.

En assurant toutes les conditions de stabilité, solidité et durabilité, elle devient un repère pour abriter les certitudes illusoires ou servir de baume pour atténuer l’angoisse existentielle propre à la condition humaine. Elle s’apparente à notre être intérieur dans sa force et sa fragilité, reflétant sa capacité à se transformer en œuvre d’art ou champ de ruines.

Amas de débris informes ou tristes vestiges de guerres fratricides, monuments éternels ou semblants de sculptures, roches et rochers défilent de toile en toile pour raconter les périodes de gloire ou de régression, pour attester du pouvoir créateur ou destructeur inhérent à la nature humaine.

Mais surtout, la matière minérale devient vivante et palpite sous le coup de pinceau du peintre, qui en dessine amoureusement les lignes et contours, en saisit les infimes nuances d’ombre et de lumière. L’artiste affiche ainsi un heureux amalgame de couleurs complémentaires, où les teintes orangées, chaudes et feutrées se marient subtilement aux bleus verts dans un heureux équilibre qui contribue à diffuser la poésie et l’harmonie sur l’ensemble de l’œuvre.

La composition pyramidale au milieu de la toile confère majesté ou sacralité à la roche renforçant le sentiment de solidité et d’ancrage. L’absence de repère spatial, avec un fond souvent flou et neutre, accentue l’abstraction du sujet, le transformant ainsi en espace mental ou paysage intérieur.

À cet égard, sur certaines toiles, des tiges métalliques hirsutes et menaçantes surgissent du béton armé pour réveiller la noble quiétude des pierres. Elles deviennent ainsi le reflet de nos préjugés et de nos peurs, de ces murs intérieurs qui pèsent lourd sur la conscience et font barrière à l’élan vital et au flux créateur.

Toutefois, à travers son œuvre, Ghada Zoghbi incite à aller de l’avant et à se libérer de la pesanteur des chaînes sociales, mentales ou psychologiques!

À cet effet, les rochers épars dans l’œuvre du peintre semblent se regrouper en fortifications pour dégager un flot d’énergie et une charge émotionnelle puissante. Une incitation à la mouvance, comme une foule en marche, pour renouer le lien et reconstruire.

Au-dessus de l’amas de pierres, une tête semble même se profiler à l’horizon comme une promesse d’un avenir meilleur.

La matière, ainsi sublimée à travers l’œuvre artistique, s’érige ainsi en temple sacré, invitant à murmurer, à l’instar du poète: "Objets inanimés, avez-vous donc une âme?"

www.joganne.com
@jogannepaintings

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