Les fonctionnaires poursuivent leur grève. Ils ont refusé la proposition du ministre sortant du travail Moustapha Bayram pour une aide sociale provisoire. Du coup les administrations restent désertes et les formalités en suspens. Le port de Beyrouth en fait partie.

Avec la grève des fonctionnaires, la marchandise arrivée au port demeure bloquée. Cette situation ralentit considérablement la dynamique de l’activité du secteur privé. Les commerçants n’arrivent pas à récupérer les produits, et donc ne peuvent plus les vendre. Ce qui représente une perte sèche et des articles auxquels les consommateurs n’ont plus accès, provoquant une pénurie.

Les entreprises n’arrivent pas ainsi à récupérer leurs marchandises. Pour Marwan Chebli, PDG d’Antarsped Forwarding Services SAL, il s’agit d’un tracas de tous les instants. "Des employés viennent assurer le travail à tour de rôle une fois par semaine et nous essayons de parer à l’essentiel et aux urgences, déplore-t-il. Mais ceci entraine des frais supplémentaires, des frais de stockage au port qui sont maintenant perçus en dollars frais. De plus certains produits ont besoins de formalités émanant de plusieurs ministères ce qui complique encore plus la donne surtout en ce qui concerne l’alimentaire. Ce sont de grosses pertes pour l’économie du pays."

Les produits périssables

Environ un millier de conteneurs de produits alimentaires ont été bloqués au port pendant trois semaines. Le président du syndicat des importateurs de denrées alimentaires Hani Bohsali explique à Ici Beyrouth que les importateurs rencontrent de gros problèmes puisque les employés au port ne viennent pas assurer leurs fonctions. "Premièrement, les tests qui doivent être effectués ne le sont plus, et les prélèvements d’échantillons sur la marchandise ne sont pas faits, regrette M. Bohsali. Du coup, les produits ne peuvent être dédouanés. De plus, il existe un risque que les denrées pourrissent à cause de la chaleur et du soleil. Les tests seront donc mauvais et la marchandise juste bonne à jeter, ce qui constitue une perte nette pour l’importateur. De plus, celui-ci doit payer un droit de stockage au port en attendant que sa marchandise soit sortie. Ceci se répercutera malheureusement sur les prix des produits, et donc sur le consommateur. Il n’y a pas d’autres solutions". En espérant que de la marchandise avariée ne soit pas distribuée sur le marché.

Du côté des produits pharmaceutiques, un grand importateur assure que la majorité des médicaments sont importés par voie aéroportuaire. "Mais certains arrivent par le port", ajoute-t-il, avant de raconter qu’il a réussi à sortir sa commande du port, il y a près de trois jours avec un retard d’une à deux semaines de plus que la normale.

Il faut savoir que la suspension du travail au sein de l’administration génère des pertes de quelque 70 milliards de livres par jour pour le Trésor public.

Il est certain que les salaires des fonctionnaires sont désormais dérisoires après la dévaluation de la livre. Mais nombreux étaient payés pendant des années à ne rien faire. Par ailleurs, ils bénéficient de beaucoup d’avantages que les employés du secteur privé n’ont pas.