Le Liban souffrant de coupures d’électricité draconiennes depuis de nombreuses années, un accord consistant à importer du gaz d’Égypte à travers un gazoduc passant par la Jordanie et la Syrie a été conclu il y a quelques mois. Lors de son déplacement hier, en Égypte, le Premier ministre, Nagib Mikati, a demandé à son homologue égyptien la mise en œuvre urgente du processus pour accélérer la production du courant au Liban. Retour sur ce projet initié par la Banque mondiale qui sera concrétisé vers la mi-février et qui nous laisse peut-être entrevoir le bout du tunnel.

Le Liban étant soumis à un régime draconien de coupures de courant électrique depuis de nombreuses années, un accord consistant à importer du gaz d’Égypte à travers un gazoduc passant par la Jordanie et la Syrie a été conclu il y a quelques mois. Lors de sa visite officielle, jeudi, en Égypte, le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a demandé au président égyptien, Abdel Fatah Sissi, la mise en œuvre urgente du processus visant à accélérer la production du courant au Liban. Retour sur ce projet, initié par la Banque mondiale, qui sera concrétisé vers la mi-février et qui nous laisse peut-être entrevoir le bout du tunnel.

La Banque mondiale a mis au point un projet d’approvisionnement de gaz de l’Égypte vers le Liban pour produire de l’électricité financée par un prêt. La visite au Caire hier du Premier ministre a essentiellement porté sur ce projet mais a aussi mis l’accent sur les différents projets énergétiques entre l’Égypte et le Liban, selon des sources proches du Sérail. En effet, l’Égypte peut fournir au Liban une quantité suffisante de gaz pouvant produire de l’électricité pour une alimentation de dix à quatorze heures par jour.

Néanmoins, les Égyptiens attendaient le feu vert américain pour s’assurer qu’ils ne seront pas sanctionnés parce qu’une partie du gaz passera par la Syrie et surtout que le "Ceasar act" ne les affectera pas. C’est désormais chose faite: ils ont reçu la confirmation des Américains affirmant qu’aucun problème ou risque de sanctions contre l’Égypte concernant ce projet n’existe. Cette autorisation est octroyée par les Américains à titre exceptionnel pour le Liban parce qu’ils "soutiennent ce gouvernement et savent que l’électricité est indispensable à l’économie et au peuple libanais", toujours selon les mêmes sources. Le gaz devait être converti en électricité dès la fin du mois de décembre, mais en raison du pipeline qui nécessite un entretien spécial, le processus a été retardé. La production devrait commencer vers la mi-février, indiquent les sources susmentionnées.

Un autre projet qui produit de l’électricité à partir du Liban par l’intermédiaire d’une société énergétique égyptienne a également été discuté.

Réduction du coût de production de 60%
Ce projet revêt également une dimension capitale au niveau économique et monétaire. "Le plus important dans la production de l’électricité à partir du gaz est qu’elle permet de faire des économies substantielles en matière de production. Étant donné que c’est un déficit assuré par l’État, cela réduit le déficit budgétaire d’une somme assez importante puisque le coût de la production est réduit de 60% et qu’on sait que le déficit de l’électricité représente 40% du budget, donc nous sommes face à une réduction substantielle des coûts", explique le politologue Sami Nader.

"Deuxièmement, poursuit-il, le fuel qui est utilisé pour produire l’électricité est importé, donc payé en devises étrangères. Ces économies en matière de production sont aussi des économies pour la balance des paiements donc nous assisterons à une réduction du déficit de la balance des paiements qui se situe aujourd’hui autour de 3 milliards de dollars. Cela allègera la pression sur la livre libanaise, ce qui est capital."

"Troisièmement, le projet aidera à préserver l’environnement, il y aura moins de pollution et nous nous conformerons ainsi à toutes les politiques en matière de protection du climat", ajoute M. Nader.

Quatrièmement, et ce point est non moins important, "ce projet réduira la pression et la mainmise des cartels du fuel qui financent indirectement les partis politiques et qui sont donc accusés de corruption. À mon sens, cela libèrera le marché et luttera contre la corruption", conclut le politologue.