Depuis qu’il a pris en charge ses fonctions en septembre 2021, le ministre de l’Énergie Walid Fayad n’a de cesse de promettre un accroissement des heures d’approvisionnement en électricité. Un an plus tard, aucun progrès n’a été enregistré, ou très peu… Les Libanais restent à la merci des mafieux qui contrôlent les générateurs de quartier.

La petite heure d’électricité dont jouissent quotidiennement les Libanais est le fruit du contrat que le Liban a reconduit en juillet dernier avec l’Irak pour approvisionner en fuel les centrales électriques. La prochaine cargaison de fuel irakien, évaluée à 85.000 tonnes, devrait arriver au Liban au début du mois de novembre. L’approvisionnement en courant atteindra ainsi deux à trois heures par jour. Ce retard est dû au fait que Beyrouth a mis du temps à fournir les documents nécessaires à l’importation de ce carburant, qu’il ne devrait payer que dans un an. Si tout fonctionne comme prévu, d’autres cargaisons devraient débarquer tous les mois puisque le contrat porte sur un million de tonnes.

Rappelons dans ce cadre que le carburant irakien ne peut pas être utilisé par les centrales libanaises à cause de sa grande teneur en soufre. De ce fait, un système d’échange a été mis en place. C’est l’émirati ENOC qui reçoit la cargaison de fuel irakien, soit 85.000 tonnes, et fournit à EDL en contrepartie 30.000 tonnes de fuel oil grade B et 33.000 tonnes de gasoil.

Le fuel irakien devrait arriver par les voies maritimes traditionnelles, à partir du port de Bassora au sud de l’Irak.

La tarification et l’approvisionnement

Dans ce contexte, le ministre Fayad a déclaré mercredi à Ici Beyrouth: “J’entreprends des démarches dans tous les sens afin d’importer davantage de fuel pour fournir plus d’électricité, afin que l’augmentation de la tarification prévue pour début novembre accompagne l’augmentation de l’approvisionnement”. Et le ministre d’ajouter: “Depuis mai, j’ai préparé un plan d’urgence pour l’électricité de manière à déterminer quel devrait être le nouveau tarif pour couvrir le prix du fuel conventionnel puisqu’il n’y a pas encore de gaz égyptien (la Banque mondiale n’a pas donné encore son feu vert). Le plan a été transmis à Électricité du Liban qui a la prérogative d’augmenter la tarification. Le ministère de l’Énergie a ensuite ratifié la décision, puis le ministère des Finances, malgré le fait que la réponse de ce ministère n’était pas très claire de son côté, puisqu’il ne s’y est pas opposé mais ne l’a pas approuvée non plus. Néanmoins, le Premier ministre Najib Mikati nous a demandé d’avancer dans ce sens afin que la nouvelle tarification entre en vigueur à partir du 1er novembre”.

Walid Fayad a poursuivi: “Pour que cela fonctionne, nous sommes en train de redoubler d’efforts pour importer du fuel. Nous examinons les conditions et les spécifications du fuel iranien afin de nous assurer que nous ne serons pas soumis à des sanctions, puisqu’il s’agit d’un don”.

Rappelons que l’ambassadeur d’Iran au Liban, Mojtaba Amani, avait récemment fait état de la volonté de son pays d’offrir du carburant (600.000 tonnes de fuel sur cinq mois) au Liban pour alimenter les centrales électriques et assurer un peu plus de courant à la population. Des sources proches du dossier affirment que le Liban œuvre pour qu’il s’agisse d’un don et non d’un achat afin d’éviter les sanctions.

Le fuel algérien

M. Fayad a par ailleurs évoqué la prochaine arrivée du fuel algérien. “Je suis invité par le ministre algérien le 18 octobre pour discuter de cette question et déterminer les moyens de rétablir une relation stratégique avec l’Algérie pour l’envoi de fuel dans des conditions favorables pour le Liban. Cela entraîne des plans de paiements différés, de sorte à recevoir le fuel avant de le payer parce que nous avons besoin d’un laps de temps entre la fourniture de l’électricité et la collecte du montant des factures”.

En effet, EDL doit d’abord relever les chiffres de la consommation en courant, effectuer la facturation, procéder à la collecte, rassembler les montants perçus, changer les livres libanaises en dollars et enfin payer le partenaire qui va fournir le fuel.

Le ministre se veut optimiste sur ce plan et estime que l’Algérie pourrait être un bon partenaire.  “J’espère qu’elle ne nous demandera pas de garanties, souligne-t-il. Il faut dire qu’avec le Liban tout le monde réclame des garanties avant de nous livrer quoi que ce soit, or nous sommes dans l’impossibilité d’en fournir”.