"Les réformes dans le secteur de l’électricité sont encore loin." C’est en ces termes que s’est exprimé le vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA), Ferid Belhaj, à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre, Najib Mikati. Une façon indirecte de faire part du mécontentement de l’organisation internationale supposée financer le processus d’acheminement du gaz et de l’électricité d’Égypte et de Jordanie.

Il a affirmé, sans mâcher ses mots, au terme de l’entretien: "Il existe des réformes importantes que l’État libanais doit entreprendre. Quand elles atteindront un niveau qui nous donnera l’aptitude d’envisager positivement la possibilité de progresser avec une aide dans ce domaine, nous serons prêts à financer (des projets de développement de l’électricité), mais ces réformes sont encore loin aujourd’hui". Farid Belhaj a insisté particulièrement sur la question de l’audit des comptes d’Électricité du Liban, la mise en place de l’autorité de régulation du secteur, ainsi qu’une hausse de la tarification. "Ces réformes peuvent ouvrir la porte, que ce soit à travers la Banque mondiale ou d’autres partenaires, pour soutenir davantage le secteur de l’électricité au Liban", a-t-il dit.

Rappelons que la Banque mondiale attend ces réformes importantes dans le secteur de l’électricité pour débloquer le financement qui permettra d’acheminer du gaz d’Égypte et de l’électricité de Jordanie, afin que le Liban jouisse de quelques heures de plus de courant. Mais le ministère se montre jusque-là réfractaire au lancement des réformes structurelles. Il s’est contenté d’annoncer une révision à la hausse des tarifs, sous prétexte que cette mesure est exigée par les bailleurs de fonds, mais sans l’inclure dans un plan clair. Le ministère avait relevé les tarifs dans le passé, sans que cela permette de réduire le déficit colossal d’EDL. Au Liban, le principal problème au niveau du secteur de l’énergie se pose au niveau de la gestion. Une gestion désastreuse à laquelle continuent de s’accrocher les ministres successifs à la tête du ministère, tous proches du CPL et du camp présidentiel.

M. Belhaj a par ailleurs souligné la disposition de la Banque mondiale à débloquer une somme comprise dans une fourchette de 300 à 500 millions de dollars "pour financer une couverture sociale des Libanais et d’autres projets liés à l’alimentation et à l’agriculture durables".  Le financement assuré par la Banque mondiale au Liban a augmenté par rapport à l’année dernière. En effet, elle avait débloqué une enveloppe d’environ 246 millions de dollars pour des projets de couverture sociale, en plus du prêt pour la sécurité alimentaire à 150 millions de dollars (environ 396 millions de dollars).

Le responsable de la Banque mondiale a qualifié sa rencontre avec le Premier ministre de constructive et positive. "Elle nous a donné l’occasion de discuter en profondeur de la coopération entre la Banque mondiale et le Liban", a-t-il dit, avant de rappeler que la BM a toujours soutenu le Liban et le peuple libanais dans toutes ses épreuves.

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