Dans le cadre de son cycle de débats participatifs, le Conseil Economique et Social a organisé une réunion de travail sur la situation de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) à laquelle ont participé, entre autres, le président du Conseil économique et social Charles Arbid, le ministre du Travail, Moustapha Bayram, le président de la commission parlementaire de la Santé, Dr Assem Araji, le président des organismes économiques, Mohammad Choucair, le directeur général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, Dr Mohammad Karaké, et le président de l’ordre des médecins, Dr Charaf Abou Charaf.

M. Arbid a débuté la réunion en mettant l’accent sur la situation dramatique du secteur de la santé au Liban. La CNSS concerne le tiers de la population et elle est une responsabilité commune. Pour le président du CES, il faut réfléchir à une solution pour que la CNSS puisse continuer à exister et surtout pour préserver les droits de ceux qui y sont assurés. Il a souligné sur ce plan que beaucoup de projets ont vu le jour et sont tous restés lettre morte. Cela est dû, a-t-il indiqué, au fait que la vision sociale des gouvernements successifs fait défaut, que la protection sociale s’estompe, alors que les couches sociales qui ont perdu leurs revenus ne font qu’augmenter. Or la politique sociale, aujourd’hui plus que jamais, doit être une priorité, a souligné M. Arbid.

Une soupape pour la population

De son côté, M. Karaké a insisté sur la situation difficile que vit la CNSS à la lumière de la hausse des prix des services médicaux et des médicaments après la levée des subventions. Les personnes qui bénéficient de la CNSS se voient contraintes de payer de grosses différences aux hôpitaux alors que l’armée et le ministère de la Santé ont multiplié leurs tarifs par 3 ou 4. La CNSS n’en n’a pas les moyens et cherche à augmenter ses ressources financières afin de pouvoir augmenter les tarifications.
Le ministre Bayram a, quant à lui, assuré qu’étant une autorité de tutelle, il était en contact avec toutes les parties pour pouvoir aider la CNSS à passer ce cap et continuer ses services puisqu’elle est une soupape pour la population. La tranche hospitalisation couvre 35% des Libanais (via le ministère de la Santé). Il demande de recourir au droit de retrait exceptionnel par prélèvement d’un milliard et 135 millions de dollars existants à la BDL, comme ce qui a été fait pour la carte d’approvisionnement, prélèvement entériné par une loi votée au Parlement. " Le trou de la CNSS est de 5 mille milliards de LL; j’ai demandé au gouvernement de le couvrir. Nous devons travailler sur des solutions immédiates et des réformes ", a-t-il ajouté.
D’autre part, il a soulevé le problème du manque d’effectifs de son ministère.
Il a demandé, par une lettre adressée au Conseil des ministres, de recourir exceptionnellement (et contrairement à la loi interdisant de nommer plus de fonctionnaires), au recrutement d’un certain nombre de fonctionnaires, " en fonction de leur compétence ", selon lui. Il attend l’accord du ministère des Finances et du Conseil de la fonction publique.

La politique financière de la CNSS

M. Choucair a insisté de son côté sur la nécessité de moderniser le système de la sécurité sociale au Liban et de l’amender. Il a appelé à changer la politique financière de la CNSS qui consiste à placer tout l’argent en Bons de trésor et lui interdit d’investir dans le secteur productif. D’après lui, il faudrait réfléchir à changer cette mentalité et prendre la loi de réformes de n’importe quel pays qui fonctionne et l’adapter.
Le député Aragi a, pour sa part, affirmé que la CNSS et le ministère de la Santé ne couvrent plus que 5% de la facture médicale.
Enfin, M. Abou Charaf a réclamé la hausse des honoraires des médecins et de la tarification des hôpitaux pour qu’ils puissent assurer leurs prestations.
M. Arbid a conclu ce débat en affirmant que " c’est un premier pas pour un plan de sauvetage et de relance et surtout pour arriver à la politique sociale que nous ambitionnons ". Pour le patronat, il faut mettre en place une réforme d’ensemble de manière que les entreprises informelles soient pointées du doigt et poursuivies jusqu’à légaliser leur situation.