Les milieux bancaires ont accueilli avec soulagement les décisions de la Banque du Liban rendues publiques à l’issue de la réunion à caractère financier qui a regroupé mardi soir au Grand Sérail le Premier ministre Nagib Mikati, le ministre des Finances, Youssef el Khalil, et le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Cette réunion nocturne a été axée sur les moyens susceptibles de juguler la hausse vertigineuse du taux de change du dollar face à la livre libanaise, une hausse qui avait atteint un nouveau pic dans la journée de mardi 14 décembre, le dollar ayant flirté avec la barre des 29000 livres.

Certes, le règlement dans son ensemble de la crise financière ne se trouve pas entre les mains du seul patron de la Banque centrale mais ce dernier aura réussi une nouvelle fois à " accorder un délai de grâce au pouvoir" afin que ce celui-ci se ressaisisse ", souligne avec grande satisfaction un cadre supérieur bancaire.

La BDL n’interviendra plus directement sur le marché pour soutenir la livre face au dollar, elle le fera par le biais des établissements de crédit, commente un autre banquier qui ne cache pas son appréciation pour "cette réédition améliorée d’ingénierie financière"

L’objectif de la Banque centrale, dans un premier temps, est d’assécher la liquidité en livres en circulation sur le marché et la réintégration des billets dans le circuit bancaire. Ce qui aura pour conséquence logique le desserrement de l’étau sur les clients dont les actions de retraits en livres ont été restreintes substantiellement par les banques. S’inscrit dans cet esprit l’autorisation par la BDL du remboursement des prêts à la consommation libellés en dollars en livres libanaises, à condition que le taux de remboursement soit effectué sur base du taux défini par la circulaire 151, soit 8000 livres pour un dollar.

Dans un deuxième temps, la Banque centrale fournira à chacune des banques libanaises au prorata leur part de liquidités pour le reste du mois en cours " en dollars américains frais au lieu de la livre libanaise ", et ce au taux de change de la plateforme de Sayrafa aujourd’hui fixé à 23 000 LL. En contrepartie, elle exigera des établissements de crédit qu’ils vendent les dollars achetés à plein taux de change à leurs différents clients au lieu des livres libanaises qui leur ont été allouées auparavant pour être payées en livres libanaises.

Une simulation qui simplifie l’équation : un fonctionnaire dont le salaire domicilié auprès d’une banque est de 5 000 000 de livres, recevra à la fin du mois de sa banque près de 217 dollars frais (5 000 000 : 23 000) sur base d’un dollar sur Sayrafa égal à 23 000 LL. Le fonctionnaire devra naturellement échanger ses dollars frais auprès du changeur pour subvenir à ses besoins quotidiens. Il dégagera une marge de bénéfice modeste et contribuera à une offre accrue du dollar sur le marché.

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