L’une des composantes du plan FMI, dans tout pays d’ailleurs, est ce qu’il appelle le ‘filet social’, qui vise à alléger les séquelles des sévères, mais indispensables, mesures financières sur la population. Il en est ainsi du plan prévu pour le Liban. Si personne dans le cercle du pouvoir n’en parle, préférant jaser autour des pertes à répartir, c’est que tout le monde n’en accorde aucune importance. Cela n’a pas d’incidence sur leurs intérêts directs.

D’ailleurs, comme prévu, le projet de la ‘carte d’approvisionnement’, avec lequel on a galvanisé la population jusqu’à l’orgasme, a été un fiasco total, alors que les autres plans similaires fonctionnent au ralenti et au tiers de leur objectif initial.

Pourtant, le drame social reste sans doute l’aspect le plus poignant aujourd’hui de la crise libanaise. Les études et statistiques se multiplient, commissionnées et diffusées par des organismes internationaux, donnant, disent-ils, le pourcentage des sondés qui sont obligés de sauter des repas, ou encore de réduire les doses de leur médicament. Il est vrai que leurs chiffres sont peu précis, surtout parce que les réalités économiques sont dans une phase de changements rapides, grâce notamment à une dollarisation graduelle des salaires et des revenus.

Néanmoins, aucun de ces ajustements n’arrive à rattraper l’inflation qui va crescendo, et on n’est certainement pas arrivé encore à un point d’équilibre. L’ogre est toujours là. Et le drame social subsiste et se manifeste dans tous les domaines, parmi lesquels on va choisir ici deux aspects, le transport et la santé, casse-têtes incroyables si l’en est (lire aussi, via le lien ci-dessous, un premier article social dans la même veine).

Le transport d’abord est un boulet des plus pénibles, car il s’agit d’une dépense incompressible. Or là, il ne s’agit pas de réinventer, en l’occurrence, la roue. Réduire la facture ne peut être atteint que par un transport en commun, et en bus (faute de courant pour un train/tramway). Les Français l’ont compris et nous ont offert 50 bus, que le ministère n’est même pas capable de faire circuler. Le degré zéro de la débandade. Il aurait fallu, Madame l’ambassadrice, confier ces premiers bus directement au secteur privé. C’est, maintenant et plus tard, la seule solution pour réduire cette dépense obérée par l’usage forcée des voitures privées.

Les soins médicaux sont aussi l’un des aspects les plus dramatiques de la crise. Un drame qui s’est amplifié depuis l’effondrement de la CNSS. Cet organisme, l’un des épicentres de la corruption berryiste, s’est retrouvé complètement à plat devant la crise. Il ne couvre plus rien, autrement dit les 40% de la population qui en bénéficiaient peu ou prou se sont retrouvés à découvert, une population qui s’ajoute à celle qui n’avait aucune couverture à l’origine, et à celle qui ne peut plus se permettre une assurance privée. Le système, pourri à la base, est tombé en lambeaux.

La seule issue consiste en un pool d’assureurs privés, partiellement subventionné par des organismes tels que l’OMS et l’UNICEF, proposant plusieurs formules de couvertures, à différents tarifs, selon les capacités financières des ménages.

Face à ces drames, nos dirigeants gigotent, font semblant de réfléchir et de s’activer. En pure perte. Le plus surprenant est que les organismes et pays donateurs continuent de miser sur un quelconque sursaut du secteur public, alors que ce territoire n’est plus qu’un désert qui s’étend à perte de vue. La sagesse des Touaregs en moins.

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