On ne compte plus les tristes records que le taux du dollar bat sur le marché parallèle dans l’indifférence générale des autorités. Selon la plateforme en ligne Lirarate.com, le billet vert s’achetait mardi en fin de journée à 54 400 L L et se vendait à 54 300 LL. 

Les Libanais scrutent avec inquiétude la chute libre de la livre libanaise, que rien ne semble pouvoir freiner, pendant que les dirigeants politiques restent soigneusement concentrés sur leurs intérêts et leurs querelles politiciennes. Pour les chantres du blocage qui se soucient peu de voir les Libanais s’enfoncer dans la crise, il importe peu que le dollar poursuive sa course folle, du moment que leur pouvoir n’est pas ébranlé et qu’ils gardent la main haute dans le bras-de-fer qui les oppose à leurs adversaires politiques.

Le taux de change du dollar n’a de cesse d’augmenter et la livre libanaise a battu un énième record de dépréciation, mardi, en dépassant la barre des 55 100 LL pour un dollar dans une indifférence politique générale. Les politiciens sont occupés à se faire des guéguerres à trois francs six sous au lieu d’adopter les réformes nécessaires pour endiguer l’effondrement économique et financier du pays. Désormais, 85% de la population libanaise vit en-dessous du seuil de pauvreté et la livre libanaise a perdu 97% de sa valeur depuis le début de la crise en octobre 2019.

Des plateformes en perpétuelle activité

Week-end, jours fériés, nuit et jour: le cours du taux de change du dollar par rapport à la livre libanaise ne s’arrête jamais. Toutes les places boursières du monde, telles que New York, Londres ou Hong Kong, ont des horaires de fermeture et d’ouverture ou des jours chômés, sauf les plateformes du taux de change du dollar au Liban. C’est à 21h, mardi que le dollar a atteint la barre des 55 100 LL, suivant une courbe ascendante fulgurante.

Pour l’économiste Fouad Zmokhol, doyen de la faculté de gestion et de management de l’USJ, c’est la bourse des mafias. “C’est un taux de change qui n’en est pas un, c’est un taux qui est entre des mains noires appartenant à des partis”, s’insurge-t-il. “Est-il normal qu’après trois ans, il n’y ait aucun nom, aucune société derrière ces applications qui donnent le taux de change du dollar? Ou pire encore, que nous n’ayons strictement aucune information sur le fonctionnement technique de ces applications?”, s’interroge M.Zmokhol .

Toutes ces applications et ces formules sont malheureusement complètement éronées, confie l’économiste à Ici Beyrouth. Pour lui, nous assistons aujourd’hui à un duel entre la Banque du Liban (BDL) qui essaie de tirer, pour être maîtresse du jeu, avec son arme économique qui est la plateforme Sayrafa et le marché parallèle, qui veut gérer le marché à sa guise en creusant autant que possible l’écart entre le taux de la plateforme Sayrafa et le taux du marché noir pour générer des bénéfices”.

En effet, la différence entre le taux du marché parallèle et celui de la plateforme Sayrafa (38.000 LL mardi), créée par la Banque du Liban pour essayer de stabiliser le taux de change, n’a de cesse d’augmenter et s’élève désormais à environ 16 000 LL. Donc pour cent dollars le gain est de 1 600 000 LL.

Pas de limites

Il est désormais clair qu’il est difficile de déterminer exactement les facteurs qui poussent la livre à plonger à cette allure, du fait de l’opacité du marché libre. Ce qui est par contre clair, c’est que peu de données évoquent un revirement, c’est-à dire une baisse du dollar. La demande de billets verts est toujours aussi forte au Liban.

Jusqu’où peut continuer à grimper le taux de change? “ Malheureusement, il n’y a aucune limite”, affirme M. Zmokhol. Il rappelle d’ailleurs que pendant la guerre du Liban, le taux du dollar est passé de trois livres à 3 200 LL soit 1000 fois plus, alors que “nous ne sommes encore qu’à 36 fois (de 1 500 LL à 54 000 LL)”. Pour lui, la solution est de dollariser l’économie à 100%.

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