L’Association des banques libanaises (ABL) s’est défendu vendredi soir de détenir les fonds des déposants  à qui elle demande de s’en prendre aux véritables responsables.

Dans un communiqué, l’ABL affirme "comprendre la frustration des déposants" et leur demande de "réaliser que les fonds nécessaires pour rembourser les dépôts ne sont pas auprès des banques". "Les attaquer et les saccager ne profite pas aux déposants, mais augmente les pertes et réduit les chances de restituer les droits" aux déposants, lit-on dans le texte. L’ABL demande plutôt aux déposants de "s’en prendre aux véritables responsables".

L’ABL a rappelé que "les banques déposent les fonds de leurs clients auprès de la Banque du Liban (BDL), en application aux circulaires émises par la BDL et conformément aux principes des transactions bancaires mondiales". Ces fonds servent à "soutenir le taux de change et à financer l’État", poursuit l’ABL. "L’État s’abstient de restituer l’argent aux déposants et des démagogues se soulèvent pour exonérer l’État de ses obligations", s’insurge l’ABL.

"Les banques ont, elles aussi, perdu tous leurs fonds privés, qui dépassaient 24 milliards de dollars et elles sont accusées de saisir les dépôts et de les prêter à la Banque du Liban, par avidité, déplore l’ABL. Les déposants tiennent les banques pour responsables des pertes, alors que depuis le début de la crise le 17 octobre 2019, l’État a dépensé plus de 20 milliards de dollars pour soutenir la contrebande et le taux de change du dollar. De plus, les banques ont accordé des prêts dont la valeur dépasse les 55 milliards de dollars et s’emploient à les récupérer auprès des débiteurs pour les restituer aux déposants. La plupart des décisions judiciaires les obligent à recouvrer ces créances sur la base d’un taux de change de 1 507,58 livres libanaises, ou au mieux par un chèque bancaire en lollars tirés sur la Banque du Liban qui équivaut à moins de 15% de la valeur du prêt octroyé. Comment, dans ce cas, les banques peuvent-elles restituer les dépôts à leurs clients?", s’est interrogé l’ABL.

L’ABL estime que le plan de destruction systématique du secteur bancaire a commencé aux mains d’un groupe de "mercenaires qui ne dépassent pas cinquante personnes". "Que personne n’essaie de nous convaincre qu’ils font partie des déposants, parce que ceux qui jouissent d’un niveau minimum d’intelligence et de logique savent que les attaques contre les banques ne font que leur nuire, que ce soit en les privant des services via les distributeurs automatiques de billets (DAB ou ATM) ou par des dépenses pour des réparations qui alourdiront les charges des banques et affaibliront, par conséquent, la capacité des banques à leur rétablir leurs droits", peut-on lire dans le texte.

L’ABL estime que le fait de "dire que la grève des banques a entraîné la dépréciation de la livre, est léger et superficiel". "Les banques sont d’ailleurs confuses, poursuit-elle. Si elles sont fermées, on considère que cela est à l’origine de la dépréciation de la monnaie nationale et si elles ouvrent, on prétend qu’elles font de la spéculation".

Rappelons que les banques observent une grève ouverte depuis le 7 février pour protester contre certaines décisions et convocations judiciaires, ainsi que pour assurer un traitement rapide de "cette crise systémique et existentielle qui touche le secteur bancaire, les déposants et l’économie nationale". Cette grève intervient suite à la décision prise la semaine dernière par la Cour de cassation à l’encontre de la Fransabank accordant à deux déposants le versement en espèces du solde de leurs comptes gelés par l’établissement.

Dans un communiqué publié le 6 février à l’issue d’une réunion de son assemblée générale, l’ABL a réclamé à l’État l’adoption de la loi sur le contrôle des capitaux, ainsi qu’une loi rapide qui abolirait complètement et avec effet rétroactif le secret bancaire afin de permettre aux établissements de fournir des informations sur tous les comptes de leurs clients, sans exceptions.

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