L’Association des banques (ABL) a annoncé jeudi un retour à la grève à partir de mardi prochain, suite à la prise de nouvelles décisions judiciaires "arbitraires basées sur une politique de deux poids deux mesures", comme indiqué dans leur communiqué de presse.

Ni pour ni contre les banques. Une solution juste et équitable à "la crise systémique" qui a remué de fond en comble le secteur bancaire, depuis plus de trois ans, devient un impératif. Le temps qui passe est contre tous. L’épreuve de force dans laquelle sont engagés les déposants, les banques et le corps judiciaire, risque d’être préjudiciable pour les trois parties. Il n’y aurait probablement que des perdants à la fin du match si les choses devaient évoluer dans la même direction, alors que le principal responsable de la crise, l’État, y assiste, imperturbable.

Une source bancaire a confié à Ici Beyrouth qu’une nouvelle décision judiciaire a été adoptée en début de semaine contre une grande banque au Liban la contraignant à payer la somme de 250.000 dollars en espèces à une cliente libanaise installée à Dubaï. Cette dernière a plaidé vouloir assurer l’achat d’un appartement dans l’émirat. Ce jugement a ravivé l’inquiétude des banques quant à une reprise de jugements "arbitraires, revêtus d’un caractère de deux poids deux mesures" qui profitent à certains déposants aux dépens d’autres qui ne peuvent pas disposer de leurs épargnes, selon les termes utilisés dans le communiqué de presse de l’ABL.

Au cours de la réunion du conseil d’administration de l’association, qui s’est tenue mercredi, ce sont les banques aux positions les plus tranchées qui ont obtenu gain de cause, attitude qui a débouché à l’annonce d’une reprise de la grève du secteur à partir de mardi prochain.

L’ABL a ainsi exhorté l’État, en l’occurrence les autorités exécutives, législatives, monétaires et judiciaires, à assumer leurs responsabilités en trouvant une solution globale à une crise systémique, par la biais de règles générales contraignantes imposées à l’ensemble du secteur financier et aussi aux déposants.

Une grève "light"

Toutefois, ce mouvement prendra la forme d’une "grève allégéee", selon la même source dans le sens où les distributeurs de billets (ATM) resteront opérationnels et les  agences accessibles à la clientèle qui a déjà présenté des demandes pour bénéficier du taux de change de Sayrafa contre un apport en livres en espèce.

Pour ce qui est des propos tenus jeudi par l’ancien ministre Wi’am Wahab, qui a mis en garde l’État contre une "déclaration concertée d’une faillite des banques", une autre source bancaire a confié à Ici Beyrouth que ce commentaire fait suite à la déclaration faite mardi par le secrétaire général de l’ABL Fadi Khalaf, qui avait évoqué à tort, l’absence de liquidités auprès des banques. "Ni l’un ni l’autre a raison", a-t-on souligné de même source.

Selon cette source, les banques ont des liquidités, mais elles sont bloquées à la Banque centrale. Une fois qu’une solution sera trouvée au trou financier de la BDL, les banques échelonneront les dépôts à leur clientèle. Quant aux dépôts frais, ils sont entièrement disponibles à leurs détenteurs.

L’Association des banques a enfin rappelé que de telles décisions judiciaires ont obligé les banques, qui avaient prêté au secteur privé le 17/10/2019 une quarantaine de milliards de dollars, à en recevoir plus de trente milliards sur base de chèques tirés sur la Banque du Liban ou en livres libanaises au taux de change de 1.500 LL pour un dollar.