L’escalade au sud du Liban, le 6 avril, marquée par les tirs de roquettes lancées à partir du territoire libanais en direction du nord d’Israël a semé un vent de panique dans le pays. Du point de vue économique, à qui aurait pu profiter un embrasement à la frontière avec Israël et un ultime effondrement du Liban? Explications avec l’économiste Fouad Zmokhol.

Le 6 avril dernier, les Libanais ont connu quelques longues heures de stress et d’anxiété suite au lancement de 30 roquettes à partir du Liban-Sud contre Israël. Stress et anxiété parce que pour moins que cela, plusieurs guerres ont éclaté sur le territoire libanais avec les conséquences dramatiques que nul n’ignore.

Dans un tel contexte, la question qui se pose est de savoir à qui aurait pu profiter un brusque embrasement au Liban-Sud. L’économiste Fouad Zmokhol estime à cet égard qu’Israël a réussi à unifier ses rangs à la suite de l’escalade enregistrée à sa frontière Nord. “Juste avant cette attaque, le gouvernement israélien traversait une période de grave division. Il ne fait aucun doute qu’il a profité de cette déstabilisation pour focaliser l’attention sur le danger d’une guerre et amoindrir ainsi la grogne sociale”, affirme M. Zmokhol.

Compromettre un mois prometteur pour le Liban

Du côté du Liban, on s’attend toujours à un mouvement touristique important avec les deux week-ends pascals et la fête du Fitr qui se suivent. Donc un mois festif pointait à l’horizon avec environ 12 000 arrivées par jour à l’aéroport, plus de 80% de taux d’occupation dans les hôtels et les restaurants, bars et boîtes de nuit qui affichent complet. Pour M. Zmokhol, “cette dynamique devrait rétablir une sorte de confiance dans le pays et aider l’économie libanaise en donnant un nouveau souffle à l’activité touristique et en injectant des fonds frais sur le marché. Or cela n’est pas du goût de tout le monde, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Une déstabilisation de la frontière sud pourrait accroître la pression et compromettre une période fructueuse pour l’économie libanaise”.

Retarder l’exploration gazière

En outre, M. Zmokhol souligne que la signature de l’accord sur la délimitation des frontières maritimes avec Israël n’a pas enthousiasmé tout le monde, et peut-être même les signataires eux-mêmes. Un embrasement au sud pourrait éventuellement retarder l’installation d’une plateforme pétrolière et par le fait même l’exploration. En effet, personne ne va courir le risque d’investir dans une plateforme qui va coûter des millions de dollars dans une région instable.

De plus, l’accord entre l’Arabie Saoudite et l’Iran sous les auspices de la Chine n’est pas pour plaire à toutes les parties, aux niveaux local, régional ou international. Une nouvelle tension au sud du Liban pourrait ralentir les effets économiques d’un tel accord.

L’économiste se réjouit toutefois du fait que pour l’heure, cette page de tension semble plus ou moins tournée, même si le risque demeure. La déstabilisation reste facile et peut survenir à tout instant. Le Liban paie le prix fort avec son économie totalement détruite. Lui donner le coup de grâce pourrait réjouir plus d’une faction.

“Ceux qui profiteraient au final d’un embrasement sont ceux-là mêmes qui jouent avec le taux de change du dollar, qui se livrent à la contrebande et au blanchiment d’argent. Ces parties ne peuvent se développer et se renforcer qu’en périodes de conflits”, conclut M. Zmokhol.

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