Dans son dernier rapport sur la sécurité alimentaire dans le monde, la Banque Mondiale (BM) indique que le Liban occupe la première place du classement mondial en termes d’inflation des prix des produits alimentaires, avec une augmentation de 261% entre février 2022 et février 2023.

Le chef du département des études économiques et financières à la Byblos Bank, Nassib Ghobril, nuance et conteste les chiffres de la BM. Il appelle à se référer aux données officielles de l’administration centrale de la statistique, publiées périodiquement. Les derniers chiffres ont été publiés en mars 2023.

Dans une interview au site web des Forces libanaises, l’économiste a expliqué que ces chiffres montrent une augmentation de l’inflation de 193% au premier trimestre de l’année 2023, alors qu’elle a augmenté de 220% au premier trimestre de l’année 2022 en glissement annuel. Le taux d’augmentation est lent, même si le niveau demeure très élevé. En mars 2023, l’indice a augmenté de 264 % par rapport à mars 2022, enregistrant une augmentation à 3 chiffres. M.Ghobril a également affirmé que le secteur des biens et services est celui qui a le plus crû. Par exemple, le coût des communications, a augmenté de 720% entre mars 2020 et mars 2023, les prix des boissons alcoolisées et du tabac ont augmenté de 550 %, celui des grands restaurants et hôtels de 490 %, des médicaments de 470 %, des meubles, articles ménagers et vêtements de 460 %, les prix des aliments et des boissons non alcoolisées de 450 %, les frais de transport de 400 %, les factures d’eau, d’électricité, de gaz et d’essence de 300 %, le coût de l’éducation de 193%, le coût des nouveaux loyers de 103 % et enfin le prix du mazout a augmenté de 32% en un mois.

Dans une analyse de ces chiffres, l’économiste estime que la raison de la hausse de l’inflation enregistrée au premier trimestre 2023 en glissement annuel, est due d’abord à l’incapacité des autorités à contrôler les prix.  Les fluctuations du taux de change de la livre contre le dollar américain sur le marché parallèle, la tarification de certains services au taux de change de la plateforme Sayrafa Plus, la levée totale des subventions sur les dérivés du pétrole et sur certaines matières premières et la contrebande de certains produits alors qu’ils étaient subventionnés, affectent également l’inflation.

L’économiste rappelle que l’augmentation des salaires dans les secteurs public et privé a poussé le taux d’inflation vers le haut alors que le pouvoir d’achat des citoyens aurait dû être amélioré par le gouvernement avant que les traitements ne soient revus à la hausse.

De son côté, le Syndicat des importateurs de produits alimentaires a souligné, mercredi, dans un communiqué, que " l’énorme inflation des prix des denrées alimentaires est due à une seule et principale raison, l’effondrement de la monnaie nationale et la hausse insensée du taux de change du dollar entre février 2022 et février 2023, d’autant plus que les prix des produits dans le rapport de la BM sur le Liban ont été évalués en livres libanaises, et non en dollars ". Le syndicat a indiqué que la solution au problème réside dans les solutions économiques radicales et globales et la mise en œuvre de réformes structurelles sinon l’inflation continuera à grimper.