Le fournisseur public de téléphonie fixe et d’Internet au Liban, Ogero, est au centre d’un bras de fer entre les Télécoms et les Finances. Malgré des décisions approuvées en Conseil des ministres, les Finances n’ont toujours pas transféré aux Télécoms les fonds nécessaires pour qu’Ogero puisse effectuer la maintenance de son réseau.

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Le dossier d’Ogero a été lundi au centre d’une réunion présidée par le Premier sortant Najib Mikati à laquelle ont pris part, le ministre sortant des Télécommunications Johnny Corm, le directeur général d’Ogero Imad Kreidieh et le directeur général de l’exploitation et de la maintenance au ministère des Télécoms, Bassel al-Ayoubi.

À juste titre, puisque le fournisseur public de téléphonie fixe et d’Internet au Liban n’a pas reçu, depuis le début de l’année, un seul transfert de fonds du ministère des Finances pour l’entretien du réseau, alors qu’il en a désespérément besoin pour pouvoir assurer la pérennité de ses services. Seul un prêt de 469 milliards, qui n’est pas inclus dans le budget, a été octroyé pour payer les aides sociales de cinq mois aux 2.600 employés de la compagnie suite à une grève que ces derniers avaient observée.

La réunion a revêtu un caractère financier et technique. Il a été question de la maintenance et de la nécessité d’acheter de nouveaux équipements, d’autant que certains d’entre eux sont irréparables. De plus, l’achat de nouveaux générateurs s’impose puisqu’ils ont été épuisés.

Cet entretien a été suivi d’un autre avec le ministre sortant des Finances Youssef el-Khalil, et le directeur général du ministère Georges Maaraoui. Le résultat? "Des promesses", déplore Johnny Corm, qui confie à Ici Beyrouth que le problème d’Ogero est "grave et préoccupant".

Quatre décisions approuvées, une seule exécutée

M. Corm rappelle qu’un contrat est signé avec l’Office public pour la maintenance du réseau. "Or, depuis le début de l’année jusqu’à ce jour, le ministère des Finances n’a pas débloqué les fonds pour la maintenance, déplore-t-il. Tous les problèmes qui surviennent, que ce soit au niveau des réparations, de l’achat du fuel et des générateurs, sont dus à un manque ardu de fonds."

"Quatre décisions de financement ont été approuvées en Conseil des ministres dont une seule (le prêt de 469 milliards de livres) a été exécutée par le ministère des Finances, ajoute M. Corm. M. Mikati et moi-même avons exposé les problèmes d’Ogero aux Finances, nous n’avons obtenu que des promesses et rien de concret. Cela devient de plus en plus grave et il faut vraiment trouver une solution."

Dans les faits, conformément à un décret approuvé en Conseil des ministres, le 5 décembre 2022, les Finances doivent régler 54 milliards de livres dont 26 millions de dollars au taux de 1.515 livres et le reste en livres libanaises. Ces sommes ont d’ailleurs été approuvées par la Cour des comptes et les Finances.

D’autre part, selon une décision prise en Conseil des ministres il y a plus de trois mois un budget supplémentaire devait être accordé au ministère des Télécoms. Or à ce jour, les décrets d’application nécessaires n’ont pas été publiés dans ce sens.

Enfin, la subvention de fonctionnement calculée selon une méthode de financement basée sur les fonds octroyés l’année précédente, en attendant le budget de l’année en cours qui doit être réglée mensuellement, ne l’a pas été aussi.

Ici Beyrouth a tenté de joindre en vain le ministre sortant des Finances Youssef Khalil.

À noter dans ce cadre que le fournisseur public de téléphonie fixe et d’Internet au Liban n’a de cesse depuis quelques jours de signaler des pannes qui surviennent sur le réseau et qui perturbent non seulement ses services, mais aussi ceux des opérateurs de téléphonie mobile (Alfa et Touch), Ogero étant le fournisseur de tout l’Internet du pays.