La Banque Audi a publié son rapport économique pour le premier trimestre de l’année 2023, intitulé " Flou macro-économique à la lumière de l’impasse politique, législative et des réformes ".

L’étude indique que la réalité politico-économique s’est traduite par une ambiguïté macroéconomique, des pressions monétaires massives et des répercussions sur le taux de change. Les dépenses des ménages sont restées faibles, bien qu’elles se soient quelque peu améliorées, comme en témoigne la hausse des importations. Le ratio de l’investissement au PIB est demeuré bas, compte tenu de la réticence des investisseurs à injecter des fonds dans cette atmosphère politico-économique.

L’analyse de la performance économique réalisée par la Banque Audi au cours des premiers mois de l’année révèle des indicateurs qui reflètent une performance mitigée de l’économie en général. Parmi les indicateurs qui ont enregistré une croissance figurent le nombre de touristes (+29,0%), le nombre de passagers à l’aéroport de Beyrouth (AIB) (+24,0%) et le nombre de vols à l’arrivée et au départ de l’AIB (+19,9%).

Quant aux indicateurs qui ont enregistré une baisse durant le premier trimestre de l’année 2023, les chèques compensés, qui ont enregistré une contraction de 22,4%, et le volume de marchandises au port de Beyrouth (-2,7%), sont cités.

Par ailleurs, l’excédent de la balance des paiements s’est élevé à 1.175 millions de dollars au cours du premier trimestre de 2023, après un déficit de 3.197 millions de dollars en 2022. Cet excédent est attribué à la croissance des avoirs extérieurs nets des banques de 2.005 millions de dollars au premier trimestre qui s’est accompagnée d’une diminution des avoirs extérieurs nets de la Banque du Liban (BDL), s’élevant à 830 millions de dollars.

Concernant la situation monétaire, la baisse des réserves en devises de la BDL d’un montant de 775 millions de dollars au cours des trois premiers mois de 2023 est attribuée à l’intervention de la Banque centrale à travers la plateforme Sayrafa dans le cadre de la circulaire n° 161 émise à la fin de l’année 2022.

De plus, les premiers mois de 2023 ont été marqués par une hausse remarquable de l’inflation. L’indice des prix à la consommation a bondi de 366,3 % en glissement annuel en mars 2023.

Concernant le secteur bancaire, les dépôts des clients sont passés de 168,4 milliards de dollars, fin octobre 2019 à 97,6 milliards de dollars, fin mars 2023, soit une baisse de 42 %. La dollarisation des dépôts est passée de 73,4 % en octobre 2019 à 96,4 % en mars 2023.

Le portefeuille de crédit au secteur privé est passé de 54,2 milliards de dollars à 10,0 milliards de dollars, soit une baisse de 81,5 %. Les totaux bancaires ont également montré une contraction des fonds privés des banques de 20,6 milliards de dollars fin octobre 2019 à 4,9 milliards de dollars fin mars 2023, dues aux pertes bancaires nettes au cours de cette période.

Le marché boursier a pour sa part, poursuivi sa tendance à la hausse. L’indice des prix a grimpé de 33,3% au premier trimestre 2023, après une croissance de 37,2% en 2022, tiré par la hausse des cours de l’action de Solidere.

Les remarques finales du rapport ont été réservées au secteur de l’électricité en raison de son importance dans l’économie libanaise. Depuis des années, Électricité du Liban (EDL), le fournisseur public, s’appuie sur les transferts de trésorerie publique, qui ont dépassé 43 milliards de dollars au cours des 30 dernières années. Le ministère de l’Énergie, tenue par le Courant patriotique libre de Gebran Bassil depuis 2009, n’a fait qu’exacerber les pertes dans ce secteur. Cependant, depuis le déclenchement de la crise de 2019, la capacité du Trésor public à soutenir EDL s’est affaiblie, ce qui a entrainé une forte détérioration de la capacité de l’État à produire de l’électricité, sachant que ce manque à gagner était compensé par des générateurs privés coûteux et polluants.

Le rapport rappelle que les échecs de l’EDL ont, en outre, exacerbé les inégalités dans le pays. Un rapport publié par Human Rights Watch en mars 2023 estimait que 45% des Libanais ne pouvaient pas s’abonner à des générateurs privés au vu des coûts exorbitants. Les abonnés aux moteurs, consacrant environ 44 % de leur revenu mensuel moyen au paiement des factures.

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