Le rapport semestriel de la Banque mondiale pour le printemps 2023 intitulé "la normalisation de la crise n’est pas une voie de stabilisation" a accordé une attention particulière à l’économie de cash, qui n’est pas un facteur propice à la croissance, et se trouve être le revers de la crise financière. Il a également évoqué l’importance d’un règlement global de la crise du secteur bancaire et de la création d’un nouveau modèle économique pour le pays du Cèdre.  

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Le rapport semestriel de la Banque mondiale (BM) sur le Liban, printemps 2023, a souligné le déclin continu de l’économie libanaise dans un contexte de normalisation et d’adaptation à l’état de crise, nettement éloigné d’une trajectoire de stabilisation, sans parler d’une trajectoire de reprise.  

Le ralentissement de la contraction économique en 2022 et 2023 respectivement, est due à une décélération liée à de fortes contractions consécutives des années précédentes (effet de base) et n’est pas indicatif d’une stabilisation de l’économie. Au contraire, des contractions futures de l’économie sont à prendre en compte vu la baisse des réserves de change, l’accélération de la spirale inflation-dépréciation et le grippage des fonctions essentielles de l’État. La contraction constatée est loin d’être durable.       

Contraction du PIB de 0,5% en 2023

Le rapport de la BM a défini l’économie du "cash" comme la masse de dollars en circulation, reflétant pour l’essentiel des transactions légales dans une économie fortement dollarisée. Celle-ci est passée de 26,2% en 2021 à 45,7% du PIB en 2022.  Cette augmentation serait attribuée à un ralentissement de la sortie de capitaux et une baisse du PIB calculé en dollars.

L’économie de cash représente un obstacle majeur à la reprise économique au Liban et a des retombées négatives sur la mise en œuvre des politiques monétaires et budgétaires. Elle accroît les risques de blanchiment d’argent et facilite l’économie informelle et l’évasion fiscale.

Elle a surtout remplacé progressivement le secteur bancaire. En effet, le rapport de la BM a constaté que l’essentiel des transactions financières sont réglées en espèces et les lignes de crédit offertes par le secteur bancaire sont pleinement garanties par des collatérales en espèces.

Soumis à une incertitude extraordinairement élevée, notamment dans le cadre de répétitions d’épisodes de forte dépréciation monétaire, le PIB réel devrait encore se contracter de 0,5% en 2023.

Quant au taux de l’inflation, il continuera à être de trois chiffres, soit à 165%, comptant parmi les taux les plus élevés dans le monde.  

Le ratio du déficit du compte courant rapporté au PIB devrait rester important en 2023, même si légèrement inférieur à celui de 2022, reflétant une position extérieure faible.