L’argent est là. Les salaires seront versés aux fonctionnaires fin juin, sans problème. Le Trésor dispose en effet des liquidités nécessaires, l’État connaissant une amélioration de ses revenus. De fait, le mois de mai a enregistré le niveau le plus haut en termes de collecte des recettes du Trésor sur les quatre premiers mois de 2023.

Écoutez l’article

Le président du Parlement Nabih Berry a convoqué jeudi la Chambre des députés à une séance législative qui se tiendra lundi prochain, au cours de laquelle la proposition d’ouverture de crédits supplémentaires, approuvée plus tôt en matinée par les commissions parlementaires mixtes pour le financement des salaires des fonctionnaires, devrait être débattue et votée. Cette mesure sera approuvée au nom de la législation d’exception ou de nécessité, car conformément à l’article 75 de la Constitution, le Parlement constitue à présent un collège électoral et non une assemblée délibérante. Il doit procéder uniquement, sans délai ni débat, à l’élection du chef de l’État.

Quant aux aides provisoires, elles ont commencé graduellement à être transférées depuis jeudi sur les comptes des militaires, des retraités militaires et civils, ainsi que des  fonctionnaires actifs de l’administration.

Des liquidités disponibles 

Entre-temps, il faut dire que le ministre sortant des Finances Youssef el-Khalil a pris des mesures qui se sont avérées efficientes pour une amélioration des revenus de l’État. En coordination avec la Banque du Liban, il a imposé le paiement en espèces d’une partie des taxes et a aligné le taux du dollar douanier sur celui de Sayrafa, la plateforme de la banque centrale. Cette décision a permis dans le même temps de réduire la masse de livres en circulation et allégé la pression sur le dollar. Il a également organisé le processus de collecte des recettes par voie électronique et par chèques.

En résumé, le ministre a tiré les leçons du passé en évitant d’accorder des augmentations salariales au secteur public sans les lier à une augmentation des revenus à caractère fiscal. Il a par ailleurs visé juste, puisque ses estimations du coût des augmentations ont correspondu à la réalité. Ces augmentations, estimées à environ 7.200 milliards de livres, coûteraient en réalité environ 7.000 milliards de livres.

Pour rappel, l’ancien argentier Ali Hassan Khalil avait mal calculé le coût de l’échelle des salaires du secteur public, approuvée le 18/7/2017. Il l’avait estimé à 800 millions de dollars, alors que son coût s’est avéré être de plus de 2 milliards de dollars par an. L’ancien ministre des Finances n’avait pas pris en compte alors l’augmentation des salaires des fonctionnaires d’institutions comme EDL, Ogero, etc. De plus, M. Khalil et les députés avaient ignoré les recommandations du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé d’échelonner l’augmentation des émoluments sur une période de cinq ans et de les lier à une taxe entre 5.000 livres et 10.000 livres sur les 20 litres d’essence.

Un secteur public hypertrophié

Si l’opinion publique parle d’un secteur public hypertrophié et de surabondance de fonctionnaires, dans les milieux de l’administration on évoque la nécessité d’une réallocation des effectifs. Selon une source informée, il y a un manque de ressources humaines parmi les fonctionnaires de troisième catégorie, un nombre important d’entre eux ayant fait valoir ses droits à la retraite sur les quatre dernières années.