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Le nombre des fonctionnaires de l’administration publique s’élève à 332.000, parmi lesquels des civils, des militaires et des retraités, soit près de 10% des Libanais résidents. Un calcul effectué sur base d’une population de 4.500.000. Il est vrai que le financement de l’appareil de l’État représente une lourde charge pour le Trésor et qu’un lifting de l’administration s’impose, mais est-ce le moment opportun pour opérer des licenciements massifs? La réponse mérite d’être nuancée.

Les fonctionnaires ont annoncé la poursuite de leur grève. Rien d’étonnant. Ils sont au nombre de 332.000 – entre civils, militaires et retraités – à attendre la fin du mois pour encaisser un salaire de misère, malgré les augmentations provisoires accordées par le gouvernement sortant de M. Najib Mikati. Dans le meilleur cas de figure, le salaire du fonctionnaire de la deuxième catégorie ne dépasse pas les 350 dollars sur le taux de change subventionné de Sayrafa, la plateforme de la Banque du Liban.

Le Conseil de la fonction publique

Toute la classe dirigeante prône une solution radicale, dans les meilleurs délais, de la crise multifacette qui secoue le pays depuis octobre 2019, mais aucun responsable ne passe à l’action. Le déni du système face à une administration publique paralysée par l’absence des fonctionnaires d’une part, et celle de leurs outils de travail – internet, papiers, timbres, etc. – d’autre part, est ahurissant et surréaliste.

Pourtant, une réforme de l’administration s’impose, celle-ci devant jouer un rôle pivot lorsqu’un plan de redressement sera mis en œuvre. Or, l’état actuel de l’administration libanaise est à l’image du pays, celle d’une décrépitude dans laquelle les hommes au pouvoir l’ont plongée au fil des années.

Comment une classe dirigeante pourrait-elle opérer une purge de l’administration publique alors qu’elle est à l’origine du recrutement de 60% des fonctionnaires actifs, soit près de 55.200, selon les chiffres de la société Statistics Lebanon? Ce recrutement à caractère politique et clientéliste est en violation de la loi en vigueur qui stipule un passage obligé des candidats à l’administration par le Conseil de la Fonction publique.     

212.000 fonctionnaires actifs

Sur les 332.000 fonctionnaires inscrits sur la fiche de paie du Trésor, 92.000 civils et 120.000 militaires, appartenant à l’ensemble des forces armées, sont en service. Le reste, soit 120.000 fonctionnaires, sont des retraités. Et, c’est là où le bât blesse. La loi en vigueur leur permet de bénéficier simultanément d’indemnités de fin de service et d’une pension retraite – un système, qui n’existe nulle part ailleurs. Cette ambivalence creuse d’une manière drastique le budget de l’État.

 Des postes vacants  

Le comble de l’ironie est qu’un grand nombre de fonctionnaires de la troisième et quatrième catégories seraient non seulement improductifs, mais ils seraient incapables de connaître l’administration à laquelle ils sont affectés, selon les milieux du conseil de la Fonction publique. D’un autre côté, il y aurait une vacance de près de 70% des postes de la deuxième catégorie parce que leurs titulaires ont fait valoir leurs droits à la retraite. Ces postes sont pourvus par des fonctionnaires intérimaires.

La situation de l’administration est ambiguë et complexe. Les fonctionnaires ont déserté leurs bureaux puisque ni leurs salaires ni leurs indemnités de fin de service ne sont plus garantis.

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