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Malgré une situation économique morose et un climat général immobile, le secteur de la restauration, fer de lance de l’économie libanaise, connaît un véritable boom. Des centaines d’ouvertures d’établissements ont eu lieu cette année. Le point.

Fer de lance de l’économie libanaise pendant plusieurs années, le secteur de la restauration a traversé une mauvaise passe avec la crise financière et économique de 2019, couplée à l’inflation, la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020 et la pandémie du Covid-19. Ce qui a poussé de nombreux établissements à mettre la clé sous la porte. Rien qu’en 2020, 1.200 restaurants ont fermé boutique. En cause notamment, l’incapacité de certains propriétaires à payer le loyer ou encore les fournisseurs, en raison notamment de la fluctuation du taux de change du dollar sur le marché parallèle. Ils ne savaient plus quels prix pratiquer.

Or, aussi étrange que cela puisse paraître, alors que l’actualité libanaise ne laisse entrevoir aucune amélioration au niveau politique, institutionnel ou économique, les professionnels du secteur ont tenté de rebondir après trois années de galère. Et le pari est gagné! Les investisseurs semblent encouragés par l’amélioration des perspectives du tourisme, même si la situation économique demeure globalement difficile.

Plus de 200 nouvelles enseignes

Les chiffres sont révélateurs de ce rebond. Ainsi, après avoir baissé pendant plus de trois ans, le nombre de restaurants, bars et cafés a augmenté de 30,6% en 2023 contre 17,9% en 2019. Deux-cent trente-trois nouvelles enseignes ont été inaugurées cette année dans 11 zones, selon une étude sur la restauration au Liban réalisée par le cabinet de conseil Hodema. Ils sont situés dans les régions de Bliss, Hamra, avenue du Parc, rue de Verdun, centre-ville, Zaitunay Bay, Gemmayzé, Mar Mikhaël, Sassine, Monnot-Sodeco et Badaro.

Il n’en reste pas moins que le nombre total des restaurants a fléchi de 25% à Beyrouth en comparaison avec 2019, et la capacité d’accueil a accusé une chute de 23,5%.

En 2023, le Liban compte plus de 720 enseignes F&B (Food and Beverage) contre 977 en 2019 et 942 en 2018, c’est-à-dire avant la crise. On compte 37 enseignes de cuisine asiatique, 102 de cuisine européenne, 360 de cuisine internationale, 164 de cuisine arabe et 72 de cuisine américaine.

En ce qui concerne l’origine des concepts, ceux d’origine libanaise ont connu une nette augmentation avec 673 concepts libanais en 2023 contre 53 en 2019. Quant aux enseignes internationales, elles sont au nombre de 901 contre 74 en 2019.

Une chute de 71,3% au centre-ville

Alors que de nombreuses régions de Beyrouth et ses environs connaissent une effervescence économique, le centre-ville de Beyrouth, autrefois fleuron de la restauration, continue de dépérir avec une baisse spectaculaire de ses enseignes, qui se chiffre à 71,3% depuis 2019. Idem à Hamra où 68 établissements ont fermé depuis 2019.

Par ailleurs, le quartier de Gemmayzé n’a de cesse de voir fleurir les troquets, où les enseignes ont augmenté de 55% en 2023, contre 46% à Mar Mikhaël et 24% à Sassine. Zaitunay Bay connaît, pour sa part, une recrudescence des restaurants arabes avec 20% de nouvelles ouvertures.

La zone de Badaro s’est également développée avec une augmentation de 32,9% de troquets, 8,7% de plus qu’en 2019 et une hausse de 50% des restaurants proposant une cuisine européenne.

À noter que cette reprise générale s’accompagne d’un rebond du tourisme, le taux de réservation des hôtels à Beyrouth pour la saison estivale frôlant les 100%.