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C’est un appel à inciter le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, à continuer à gérer la banque centrale et à expédier les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un président de la République et la nomination d’un nouveau gouverneur qu’ont lancé jeudi soir l’ancien ministre Wi’am Wahab et des experts en économie dans le cadre de l’émission "Sar el-Wa’et", sur la chaîne locale MTV. Dans le cas contraire, ils ont estimé que le pays courait au chaos et à la catastrophe sur le plan financier.

Étaient présents aux côtés de M. Wahab, Jassem Ajjaka, économiste et professeur à l’Université libanaise, Maroun Khater, chercheur en finances et en économie, Mahmoud Jibahi, chercheur en finances et en économie, ainsi que Maurice Matta, journaliste et expert en économie.

Dans son intervention, M. Wahab s’en est pris à la classe politique qui "cherche à faire assumer à Riad Salamé tous ses échecs et toute sa responsabilité dans la dilapidation des fonds publics", invitant le gouvernement à "s’acquitter de ses dettes qui s’élèvent à plus de 70 milliards de dollars". "Dans les cercles privés et entre quatre murs, les responsables officiels reconnaissent que dans la situation actuelle du pays, la seule solution est de charger Riad Salamé de continuer à expédier les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un chef de l’État", a affirmé M. Wahab. Il a souligné à cet égard avoir discuté avec le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, "de la nécessité de maintenir provisoirement Riad Salamé à son poste".

En réponse à un membre de l’assistance, qui cherchait à savoir comment "on pouvait maintenir Riad Salamé à son poste alors qu’il fait l’objet d’accusations", M. Wahab a souligné que jusqu’à présent "aucun acte d’accusation ou jugement n’a été émis à son encontre". Il a donné dans ce contexte l’exemple de l’ancien président des États-Unis, Donald Trump, qui malgré les accusations dont il fait l’objet, est toujours candidat à la présidence.

Les vice-gouverneurs fustigés 

De leur côté, les experts en économie ont sévèrement fustigé l’attitude des quatre vice-gouverneurs de la BDL, Wassim Mansouri, Bachir Yakzan, Salim Chahine et Alexandre Mouradian, qui brandissent la menace de la démission. Ils ont affirmé que les vice-gouverneurs reconnaissent eux-mêmes être incapables de gérer la BDL dans les circonstances actuelles. Ils ont ainsi confié ne pas comprendre comment, à quinze jours de l’expiration du mandat de Riad Salamé, le 31 juillet, les quatre vice-gouverneurs s’emploient à critiquer sa gestion de la politique financière, alors que cela fait plus de trois ans qu’ils sont membres du conseil central de la BDL et que, par conséquent, ils avalisaient ses décisions.

Commentant les informations selon lesquelles une nouvelle plateforme électronique, qui serait gérée par Bloomberg, Refinitiv ou autres, remplacera la plateforme Sayrafa, les experts ont mis en garde contre une telle mesure. Le cas échéant, le taux de change du dollar sur le marché parallèle s’envolera et "ne descendra pas, dans la meilleure des hypothèses, au-dessous de la barre des 500.000 livres", ont-ils estimé.

Les participants ont par ailleurs critiqué le plan proposé par les quatre vice-gouverneurs, soutenant qu’il s’agit du même projet que celui présenté par le vice-Premier ministre Saadé Chami, et le Fonds monétaire international (FMI). Ce plan prévoit d’abolir les dépôts dans les banques et de faire assumer au secteur bancaire et aux déposants toute la responsbailité de la dette publique. Pour les experts, "c’est un plan catastrophique pour le pays, les déposants et les banques", d’autant que l’expérience a montré que dans les pays où le FMI imposait ses conditions, l’effondrement économique et financier était au rendez-vous. Ils ont souligné la nécessité de changer les membres de l’équipe qui mène les négociations avec le Fonds monétaire.

En conclusion, les experts présents ont estimé que le pays se trouve devant deux seuls choix possibles: soit les parties chrétiennes s’entendent pour la nomination d’un nouveau gouverneur, soit Riad Salamé sera maintenu dans ses fonctions jusqu’à l’élection d’un nouveau chef de l’État.

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