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À l’issue d’une réunion ministérielle sur l’électricité, le ministre sortant de l’Énergie, Walid Fayad, a prévenu que si le navire de fuel commandé ne livre pas sa cargaison, l’approvisionnement en électricité connaîtra une baisse dès octobre. Il a vivement critiqué le manque de transparence du ministère des Finances et de la Banque du Liban. Ainsi, la guéguerre entre l’Énergie, les Finances et la BDL se poursuit, et les décisions qui s’imposent sont renvoyées au Conseil des ministres. 

Le ministre sortant de l’Énergie, Walid Fayad, a mis en garde lundi contre une baisse de l’approvisionnement en courant à partir du mois d’octobre au cas où le navire chargé de fuel ne décharge pas sa cargaison. Il a expliqué à cet égard que les réserves en fuel suffisaient pour fournir de l’électricité jusqu’à fin septembre, à raison de quatre à cinq heures par jour.

M. Fayad a fait ces déclarations à l’issue d’une réunion ministérielle consacrée à l’électricité, qui s’est tenue au Grand Sérail, sous la présidence du Premier ministre sortant, Najib Mikati. Les discussions ont principalement porté sur le problème du fuel importé par le ministère de l’Énergie sans l’approbation de la commission ministérielle chargée de l’électricité. Les décisions nécessaires seront toutefois prises lors du Conseil des ministres qui devrait se tenir la semaine prochaine.

Selon des sources contactées par Ici Beyrouth, les participants n’ont pas réussi à parvenir à un accord et certains ministres ont suggéré que le vice-gouverneur de la Banque du Liban, Wassim Mansouri, participe à la réunion.

La guerre se poursuit

Il convient de signaler à cet égard que la guerre entre le ministère de l’Énergie, le gouvernement, le ministère des Finances et la Banque du Liban (BDL) concernant le financement de cette cargaison de fuel est loin d’être terminée. M. Fayad persiste et signe. Il affirme avoir effectué cette commande dans les règles et qu’Électricité du Liban (EDL) dispose des fonds nécessaires pour payer la cargaison. En effet, lors de la réunion, EDL a expliqué qu’il disposait encore de près de 100 millions des 300 millions de dollars avancés par le Trésor, sachant que selon M. Fayad, le coût de la cargaison de carburant devrait avoisiner les 59 millions de dollars. "La BDL a annoncé qu’elle ne voulait plus financer l’État avec l’argent des déposants, a déclaré M. Fayad à l’issue de la réunion. C’est ce que nous voulons aussi. Toutefois, nous pensions que l’avance du Trésor octroyée à EDL était assurée, mais nous sommes dans l’obscurité quant à son origine en raison d’un manque de transparence."

M. Fayad a insisté sur le fait qu’EDL était en mesure de régler cette cargaison, puisque la société dispose d’environ 43 millions de dollars, mais en livres libanaises au taux de 100.000 livres pour un dollar. "La conversion des livres en dollars peut être effectuée par la banque centrale si elle le souhaite", a-t-il lancé.

Pour tirer cette affaire au clair, la commission ministérielle a accordé lundi dernier à EDL un délai d’une semaine pour "fournir des précisions sur les quantités de fuel disponibles ainsi que sur les fonds dont il dispose pour l’ouverture d’une ligne de crédit auprès de la Banque du Liban, réclamée (avec insistance) par le ministère de l’Énergie".

Il convient de souligner que ces retards occasionnent des coûts importants pour l’État libanais, qui doit payer des amendes pour chaque jour de retard. Le pétrolier Ardmore est arrivé au large des côtes libanaises le 11 août et la cargaison du navire a été mandatée par la société de contrôle pour s’assurer de la conformité de son cahier des charges. Un permis de déchargement a été délivré, préparant ainsi la voie pour le début du processus de livraison dès que la Banque du Liban (BDL) ouvrira la ligne de crédit. Dans le cas contraire, le Liban devra s’acquitter d’amendes pour chaque jour de retard.

Rappelons qu’en décembre dernier, des navires chargés de carburant sont restés en attente au large des côtes libanaises pendant plusieurs semaines en raison du même problème de paiement. Cette situation avait engendré des coûts considérables pour l’État libanais, s’élevant à 18.000 dollars par jour et par navire à titre d’indemnités de retard. Ainsi, l’État continue de dépenser de l’argent qu’il ne possède pas.