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Le Liban n’a pas besoin d’une guerre généralisée pour voir s’assombrir les perspectives de son économie.  Déjà quatre ans qu’une crise multidimensionnelle secoue le pays. Et le cauchemar se poursuit.

Quelques jours après le déclenchement de la guerre à Gaza, à proximité de sa frontière sud, le Liban connaît un nouveau choc, venu perturber un processus de nivellement de son économie amorcé depuis quatre mois, à l’ombre d’une stabilité de la valeur de la livre face au billet vert.

Marwan Barakat, chef du département des études et des recherches à Bank Audi n’y va pas par quatre chemins pour exprimer ses appréhensions face à d’éventuelles retombées d’une extension du conflit au Liban, catastrophiques pour les finances publiques et l’économie d’une manière générale.

Dans un entretien accordé à Ici Beyrouth, il a rappelé que les indicateurs de l’économie libanaise ne sont pas au mieux de leur forme, faisant référence à une inflation vertigineuse à 250%, d’un taux de chômage à 30% et d’une paupérisation à 80%.

Il a dit appréhender une croissance négative importante au Liban si le canon tonne.  "Les économies de guerre enregistrent une forte baisse du PIB la première année, avant de se stabiliser les années suivantes. À titre de comparaison, l’Ukraine a enregistré une croissance du PIB réel de -29 % en 2022, avant de se stabiliser à un niveau bas en 2023. La Syrie a enregistré une croissance de -45%, la Libye -41% et le Yémen -43% lors de la première année de leur entrée en guerre", a-t-il précisé, avant de s’interroger sur le sort d’une économie déjà suffisamment fragile comme celle du Liban en cas de guerre. "Une guerre pourrait élargir l’écart cyclique de produits intérieurs bruts qui s’élève aujourd’hui à 70%", a martelé Marwan Barakat.

0% de réservation

Sur un plan microéconomique, le secteur de l’hospitalité et du tourisme a connu, depuis le 8 octobre dernier, un sévère coup de frein. Les chiffres avancés par les agents du secteur donnent le tournis.

Selon Jean Abboud, président du Syndicat des voyagistes, les ventes quotidiennes de billets ont chuté de 2,2 millions de dollars à 500.000 dollars, alors que le tourisme interne a reculé de 95%. Quant au secteur de la restauration, il a connu une baisse vertigineuse de 95% durant la période précitée, a fait valoir le président du Syndicat des restaurateurs, Tony Rami. Quant au président du Syndicat des propriétaires de centres balnéaires et de plages, Jean Beyrouthi, il a parlé d’un taux de réservations nul dans les hôtels jusqu’à fin mars.

Malgré les indicateurs alarmants, il est encore tôt pour discuter de l’impact des évènements à Gaza sur la saison des vacances de fin d’année. C’est qu’au Liban tout peut changer d’un jour à l’autre.