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Pour parer aux problèmes d’électricité qui empoisonnent le quotidien des Libanais, le Qatar a proposé d’offrir au pays du Cèdre trois centrales électriques à énergie renouvelable qui couvriront 30% des besoins énergétiques du Liban.

Pour parer aux problèmes d’électricité qui empoisonnent le quotidien des Libanais, le Qatar propose d’offrir au pays du Cèdre trois centrales électriques à énergie renouvelable, d’une capacité de 500 MW. Cela permettrait de couvrir environ 25% à 30% des besoins énergétiques du Liban.

Exit donc les problèmes liés à l’achat de carburant, aux pratiques douteuses lors des appels d’offres – où les prix ne sont pas spécifiés, mais sont néanmoins acceptés – et à l’entretien de centrales devenues obsolètes.

Cette information a été confirmée à Ici Beyrouth par des sources proches du ministère de l’Économie.

Il reste à déterminer si le ministère de l’Énergie acceptera cette proposition attrayante pour les Libanais, bien que cela puisse être moins bien accueilli par ceux qui contrôlent le secteur de l’électricité depuis plus de dix ans et en tirent profit de diverses manières. Il est à noter que des offres antérieures, émanant du Koweït et de l’Allemagne pour le développement de ce secteur, avaient déjà été refusées par un ministère qui s’est révélé incapable de moderniser un secteur occasionnant d’énormes pertes financières pour l’État.

La Banque mondiale, rappelle-t-on,estime que près de 46% de la dette publique libanaise accumulée depuis 1992, soit plus de 100 milliards de dollars, serait attribuée aux transferts du Trésor vers Electricité du Liban (EDL), pour une électricité founie au compte-goutte, et ce, à un coût excessif pour les citoyens.

Le ministre d’État qatari chargé de l’Énergie, Saad ben Sherida al-Kaabi, a informé le ministre sortant de l’Économie, Amine Salam, lors de sa visite à Doha, de la disposition de son pays, en partenariat avec TotalEnergies, à soutenir le Liban sur le plan énergétique en lui fournissant trois centrales fonctionnant à partir de sources d’énergie alternatives.

M. Al-Kaabi a affirmé devant son hôte, selon les mêmes sources, que cette initiative est un cadeau assorti de conditions douces et que la partie libanaise n’a qu’à fournir les espaces nécessaires à la mise en œuvre du projet.

Les autorités libanaises devront seulement choisir trois emplacements en fonction des priorités et des besoins.

La mise en place de ces centrales contribuerait partiellement à résoudre le problème de l’électricité, qui s’est aggravé en raison de la crise économique qui sévit au Liban. Cette crise a accentué le déclin du secteur, principalement en raison du manque de ressources pour acheter des quantités adéquates de carburant, nécessaires pour étendre les heures de distribution d’électricité, ainsi que pour assurer la maintenance des centrales devenues très anciennes.

En mai dernier, le ministre sortant de l’Énergie, Walid Fayad, avait signé des contrats d’achat d’énergie avec onze entreprises du secteur privé pour la construction de centrales produisant de l’électricité à partir de l’énergie solaire. Ces entreprises ont été sélectionnées à la suite d’un appel d’offres lancé par le ministère en 2017, conformément à un cahier des charges élaboré selon les normes de la Banque mondiale et de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD).

Le ministère avait initialement recueilli 264 demandes de participation en réponse à l’appel d’offres. Parmi celles-ci, quarante-deux entreprises avaient soumis des offres détaillées. Cependant, la sélection finale des entreprises retenues a été effectuée en 2022, soit cinq ans après le lancement de l’appel d’offres, ce qui avait suscité des critiques à l’époque. Les intentions des entreprises avaient été communiquées au cours du premier trimestre de 2018.

À l’époque, le directeur général du LCEC, Pierre Khoury, avait expliqué à Ici Beyrouth que la production des 11 fermes photovoltaïques serait reliée au réseau public d’EDL. Chacune de ces fermes aurait une capacité de 15 MW, ce qui totaliserait une capacité de 165 MW. Il avait également indiqué que le coût de chaque parc varierait entre 7 et 9 millions de dollars et qu’ils seraient établis dans différentes régions du pays.

Le secteur privé sera responsable de la gestion des nouvelles unités de production d’électricité, et il vendra cette production à Electricité du Liban (EDL) à un tarif prévu d’environ un tiers du coût de production actuel d’EDL, qui est estimé à 17 cents le kilowatt-heure. Cette approche vise à considérablement réduire les coûts de production par rapport aux méthodes actuelles qui dépendent du fuel et du gasoil.

M. Khoury avait néanmoins confié à Ici Beyrouth que le plus grand défi restait le financement de ces projets, dont le coût total est estimé entre 80 et 100 millions de dollars.

Les entreprises disposaient d’un délai d’un an à compter de la signature du contrat pour assurer le financement nécessaire à la construction des fermes photovoltaïques, en sollicitant des banques internationales spécialisées dans le financement de tels projets. Cependant, ces banques seront-elles disposées à investir dans un secteur où la corruption et la mauvaise gestion sont omniprésentes?