Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a dévoilé, mardi, un rapport intitulé "La guerre de Gaza: constatations préliminaires sur l’impact socio-économique et environnemental du Liban". Ce rapport propose une analyse préliminaire des impacts et des conséquences possibles de la guerre en cours à Gaza sur le Liban, son économie et son environnement, en particulier dans les zones frontalières du sud du Liban.

Impact à plusieurs niveaux

Le rapport souligne que le déclenchement de la guerre à Gaza a ajouté un niveau de complexité supplémentaire aux multiples crises auxquelles le Liban est confronté depuis quelques années. Les répercussions de cette guerre se font sentir dans tous les secteurs et par le biais de divers canaux de transmission. Le conflit en cours à la frontière du Liban-Sud, en tant que prolongement de la guerre à Gaza, devrait avoir des répercussions significatives sur les secteurs économiques clés au Liban, notamment le tourisme et les services. Parallèlement, l’économie du Liban-Sud a subi et continuera de subir les conséquences des attaques militaires directes visant de nombreuses localités du sud. Ces régions ont connu un taux élevé de déplacements de population et une interruption marquée des activités économiques.

Afin de mieux appréhender l’ampleur des implications du conflit, le PNUD a évalué les conséquences réelles et potentielles en se fondant sur un examen documentaire des données disponibles, complété par des entretiens informels avec des parties prenantes, ainsi qu’avec les données préliminaires recueillies par l’équipe du PNUD. Il convient de noter qu’aucune évaluation officielle des dommages n’avait encore été réalisée à ce stade.

Impact au niveau national

À l’échelle nationale, si le conflit persiste ou s’étend au-delà de la zone frontalière, l’économie nationale devrait renouer avec une tendance à la contraction, malgré les prévisions de croissance économique. L’étendue de cette contraction dépendra de divers scénarios liés à la portée et à la durée du conflit (maintien du statu quo ou extension complète de la guerre à d’autres régions du Liban).

De plus, les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie sont fortement touchés par le conflit. Cela se traduit par un flux réduit de voyageurs, des taux d’occupation hôteliers faibles et une diminution de la clientèle dans les restaurants.

Le commerce international a été affecté et pourrait subir d’autres répercussions en cas de conflit, principalement en termes d’aggravation du déficit commercial et de perturbation des chaînes d’approvisionnement.

Les importations et les exportations sont toutes deux essentielles à l’économie libanaise, et les perturbations actuelles pourraient mettre en péril les efforts du Liban pour sortir de la crise. D’un côté, le pays dépend des importations pour satisfaire ses besoins essentiels, notamment en alimentation et en biens de première nécessité; d’un autre côté, les exportations sont considérées comme une source majeure d’afflux de devises étrangères.

Le conflit aura également un impact sur les flux financiers vers le pays, en particulier les envois de fonds, qui sont vitaux pour le développement du pays.

Impact sur le Liban-Sud

Au niveau des gouvernorats du Sud et de Nabatiyeh, environ 91 villages ont été ciblés par 1.768 attaques depuis le début du conflit. Les affrontements aux frontières ont engendré un nombre significatif de déplacements internes (64.053 personnes, dont 52% de femmes et 37% d’enfants), la destruction de biens et d’infrastructures, ainsi que des perturbations dans les services économiques et sociaux.

Il est important de noter que les pertes les plus significatives sont signalées dans le secteur agricole, qui constitue la principale source de revenus, d’autant plus que le conflit se déroule pendant une période critique, comprenant la récolte, la gestion des terres et la préparation de la prochaine saison. Les terres agricoles ont subi d’importants dommages, notamment physiques, une pollution chimique et une contamination par des restes explosifs, entraînant une perte de fertilité. Le recours aux bombardements au phosphore a conduit à la contamination des cultures, des eaux de surface et souterraines, représentant une menace pour le bétail et la santé humaine. Étant extrêmement toxique pour divers organismes, le phosphore blanc entraîne le décès de mammifères, d’oiseaux et de poissons, avec des conséquences à long terme. Outre les pertes de production, des milliers d’arbres ont été détruits, dont 47 000 oliviers brûlés par les bombes au phosphore.

Par ailleurs, les incendies ont touché différentes zones agricoles, affectant les oliveraies, les plantations d’agrumes, les plantations de bananes et les terres de pâturage. De plus, les incendies de forêt ont un impact significatif sur les écosystèmes naturels.

Le conflit entraîne également des pertes importantes dans les secteurs de l’élevage, de la volaille et de l’aquaculture.