Le Liban a signé mercredi 26 janvier avec la Syrie et la Jordanie un accord d’importation de courant électrique qui s’inscrit dans le cadre d’une initiative lancée par les États-Unis pour aider le Liban à réduire l’impact de la crise de l’énergie. Ce contrat, qui sera en principe financé par un prêt de la Banque mondiale, devrait être mis en œuvre dans les deux prochains mois.

L’accord a été signé par les ministres libanais de l’Énergie, Walid Fayad, et ses homologues jordanien et syrien Saleh Kharabsheh et Ghassan Zamel, au cours d’une réunion entrecoupée d’une petite… coupure du courant électrique !

Selon l’accord, la Jordanie fournira au Liban 150 mégawatts supplémentaires de minuit à 6 heures du matin et 250 mégawatts pendant le reste de la journée. L’Électricité du Liban (EDL) pourra ainsi augmenter de 2 à 3 heures sa fourniture de courant électrique. Cet accord ne sera pas soumis à la loi américaine dite Caesar Act, même si le courant électrique passera en transit par la Syrie, soumise à une série de sanctions américaines et internationales.

"Reste encore à finaliser le financement sous forme de prêt de la Banque mondiale et nous allons y travailler sans tarder pour que l’accord soit mis en œuvre le plus tôt possible", a assuré le ministre Fayad à Ici Beyrouth. "Ce qui devait être fait en six mois l’a été en deux mois", a-t-il souligné.

La Banque mondiale étudie effectivement les requêtes du gouvernement libanais pour financer l’accord d’électricité jordanien et celui du gaz égyptien, mais tout financement est conditionné par un début de réforme du secteur de l’électricité, d’abord pour que le secteur atteigne un équilibre financier, et pour que le Liban puisse fournir des garanties qu’il sera capable de rembourser ce prêt. La réforme du secteur fait partie d’un ensemble d’exigences de la communauté internationale pour venir en aide au Liban. Il est demandé, entre autres mesures, de former une autorité de régulation qui est prévue par une loi de 2002.

L’accord du prêt doit aussi passer par des étapes successives. Il doit être avalisé tour à tour par la direction de la Banque mondiale, par le gouvernement libanais, puis par le Parlement libanais, sinon il ne peut être opérationnel. De même, l’accord avec la Syrie et la Jordanie doit être aussi agréé par le Conseil des ministres et le Parlement. Dans les deux cas, il s’agit de traités internationaux, qui requièrent donc le feu vert du législatif.

Le montant du financement est d’environ 300 millions de dollars sur une période de deux ans "que nous allons rembourser entre 17 à 20 ans," explique le ministre Fayad.

Un autre accord est en cours d’élaboration en vue d’importer du gaz d’Égypte en passant par la Jordanie, puis la Syrie et l’acheminer au Liban pour alimenter la centrale de Deir Ammar, ce qui fournira 4 à 5 heures d’électricité étatique en plus. Une fois les deux accords mis en œuvre, en principe dans 2-3 mois, EDL pourra fournir en tout 8 à 10 heures d’électricité par jour, selon le ministre.

Cependant, reste une question à laquelle le ministre n’a pas répondu : le Liban dispose déjà d’une capacité de production de 1800 Mégawatts, qui n’est pas utilisée faute de carburant. Cette capacité peut fournir 12 à 14 heures de courant par jour. Pourquoi donc ne pas prendre un prêt pour faire fonctionner nos unités de production déjà installées ?

Une autre question plus complexe : EDF a proposé au ministre Fayad, lors de sa récente visite en France, de fournir une unité flottante de regazéification (FSRU) prête à être utilisée et qui peut être acheminée rapidement au Liban. Cette solution permet de recevoir du gaz dans des quantités beaucoup plus importantes que ce que l’Égypte propose de fournir.