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Est-ce que les augmentations de salaires accordées par le gouvernement mercredi dernier vont dégénérer en une flambée du taux de change du dollar face à la livre?

L’appréhension exprimée par les Libanais face à une probable augmentation de la masse monétaire en livres en circulation est légitime au lendemain de l’octroi d’une augmentation des salaires, on ne peut plus erratique, du secteur public.

Voilà quatre ans et demi que le Liban est plongé dans une crise multidimensionnelle sans que les responsables prennent la peine d’esquisser ne serait-ce qu’une ébauche de solution sérieuse.

Rien n’est moins certain

Des sources croient savoir que le vice-gouverneur de la Banque du Liban (BDL) aurait conclu un accord avec le ministère des Finances en vertu duquel celui-ci achètera des dollars sur le marché avec les recettes collectées en livres par le fisc afin de payer les salaires en dollars frais des fonctionnaires et des retraités.

Dans ce même contexte, on rappelle que la Banque centrale est l’autorité en contrôle de la masse monétaire en circulation en livres. C’est donc elle qui fournit les livres aux changeurs, aux banques et aux sociétés financières.

Mais rien n’est sûr, d’autant que moins de quarante-huit heures après l’annonce par le gouvernement d’une augmentation des salaires des fonctionnaires dans une plage comprise entre un minimum de 400 dollars et un maximum de 1.200 dollars, les milieux avisés sont montés au créneau. En un simple calcul, ils ont rectifié les chiffres, indiquant que les augmentations se situent dans une fourchette de 345 à 863 dollars par mois, sans compter les bons d’essence dont la répartition entre les fonctionnaires est ambiguë, confuse et floue.

La masse salariale

Si l’on se tient aux chiffres du ministre sortant des Finances, Youssef El-Khalil, la masse salariale du secteur public s’élèverait à près de 10.700 milliards de livres par mois (119,7 millions de dollars) en 2024, contre 7.786 milliards de livres (87 millions de dollars) en décembre 2023, soit une différence de 2.900 milliards livres.

Si l’on considère la limite des dépenses sur les salaires fixée par la Banque du Liban au gouvernement pour 2024, qui est de 8.300 milliards de livres par mois, un montant qui se trouve dans le compte des réserves budgétaires, l’Exécutif devra trouver des fonds de 2.400 milliards de livres par mois pour combler la différence entre le montant autorisé (8.300 milliards de livres) et le nouveau coût des salaires, soit 10.700 milliards de livres par mois. Un trou financier que le gouvernement doit combler par une collecte ferme des taxes et impôts prévus par la loi de Finances. Un pari pas facile à tenir vu la précarité de la situation sécuritaire au sud du Liban.

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