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Depuis près d’un an, la Banque du Liban a retiré du marché environ 32% de la masse en circulation en livres. Ce qui a permis de stabiliser le taux de change du dollar sur le marché noir autour de 89.500 livres pour un dollar. Cette mesure a parallèlement conduit à une hausse des taux d’intérêt interbancaires.

La politique monétaire restrictive de la Banque du Liban (BDL), initiée depuis mars 2023, par l’ancien gouverneur Riad Salamé et poursuivie par son successeur Wassim Mansouri, a permis d’assurer une parité livre-dollar relativement constante, s’articulant autour de 89.500 livres pour un dollar.

Ainsi, la masse en circulation en livres est passée de 83,29 milliards de livres à la fin du premier trimestre de 2023 à environ 56,82 milliards de livres fin février 2024.

Comment la BDL a-t-elle pu assécher la masse en circulation en livres alors qu’elle a cessé, depuis août dernier, de vendre des dollars de ses réserves en devises? Depuis cette date, la banque centrale intervient sur le marché des changes, à l’inverse, en achetant des dollars, c’est-à-dire en vendant la livre.

Outil fiscal

Pour simplifier le mécanisme, on dira que l’outil fiscal mis en œuvre par le ministère des Finances a permis une absorption graduelle des livres sur le marché.

Dans les faits, les dépôts de l’État dans son compte auprès de la BDL ont commencé à augmenter depuis que le ministère des Finances a entamé la collecte de ses redevances en monnaie fiduciaire en livres, autrement dit, en espèces, entraînant naturellement la réduction de la masse en livres en circulation. Sur un an, soit entre février 2023 et février 2024, le volume des dépôts du secteur public auprès de la banque centrale a augmenté de plus de 323.000 milliards de livres. Cette augmentation du volume est due, en partie, à l’adoption par la banque centrale, à partir de février dernier, du nouveau taux de change de 89.500 livres pour un dollar alors que celui-ci était, avant cette date de 15.000 livres pour un dollar. Un taux de change consacré d’ailleurs dans la loi de Finances de 2024.

Pas une solution

Cet outil fiscal utilisé pour maintenir le contrôle sur la parité dollar-livre n’est pas ce qu’il y a de mieux pour résoudre en profondeur et à moyen-long terme les problématiques à caractère monétaire. N’est-il pas temps d’implanter un système transparent et pointilleux de trading en devises fortes?

Pour l’instant, c’est le contribuable qui continue à payer les frais d’un État corrompu, dont les services sont défaillants. C’est lui seul qui paie des taxes et des impôts multipliés par dix et quarante fois en un an. Une charge qui plombe son budget et fait battre de l’aile sa consommation.

Taux interbancaires

Cela dit, on note que l’assèchement des livres en circulation a eu pour conséquence directe de tirer vers le haut les taux d’intérêt interbancaires. Ceux-ci font référence, rappelle-t-on, aux taux auxquels les banques se prêtent de l’argent sur le marché interbancaire. C’est que les banques se sont retrouvées aussi à court de livres, en espèces. Dans ce contexte, on souligne que les opérations de prêts et d’emprunts de fonds entre les banques ne représentent pas un phénomène rare ou exceptionnel. Mais, celles-ci ont gagné en fréquence depuis que la BDL suit une politique monétaire restrictive.

Les taux interbancaires, qui varient à la hausse ou à la baisse, sont fonction de l’offre et de la demande. À présent, les taux sont élevés et sur de longues périodes. Ce qui n’était pas le cas dans les années précédentes, du moins pour le délai du remboursement du prêt.