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Il y a de l’eau dans le gaz entre TotalEnergies et le ministère de l’Énergie, notamment l’Autorité de régulation du secteur pétrolier libanais, à cause du rapport final au sujet de l’opération de forage dans le bloc 9 en Méditerranée, qui avait été menée par le fournisseur français et qui n’avait pas abouti à la découverte de quantités commerciales de pétrole et de gaz.

Malgré les demandes répétées adressées à son bureau à Beyrouth, le fournisseur TotalEnergies n’a toujours pas remis, aux autorités libanaises, le document qu’il était supposé leur soumettre avant la date limite fixée à cette fin, soit le 12 avril dernier.

Fait encore plus étrange, les autorités libanaises, représentées par la présidence du Conseil et le ministère de l’Énergie, n’ont toujours pas sollicité formellement Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, pour obtenir ce rapport qui serait fort utile pour le Liban, son contenu pouvant encourager d’autres entreprises à participer au troisième appel d’offres pour l’attribution des licences d’exploitation des blocs 8 et 10 de la Zone économique exclusive (ZEE) libanaise en Méditerranée. La date limite de réception des offres avait été fixée au 2 juillet prochain.

Selon des sources qui suivent de très près ce dossier, TotalEnergies chercherait à garder le monopole de l’exploration pétrolière et gazière offshore au Liban. Il semblerait, à croire ces sources, qu’une partie libanaise soit en accord avec cette approche, ce qui encouragerait le fournisseur français à retarder la remise de son rapport pour éviter que son contenu n’attire d’autres entreprises concurrentes, susceptibles de soumettre au Liban des offres plus avantageuses que les siennes, sur le plan financier et au niveau des délais de forage, pour l’exploitation des blocs 8 et 10.

De mêmes sources, on indique que, dans le cadre de ses efforts pour garantir le succès du troisième appel d’offres, le ministère de l’Énergie a demandé au Conseil des ministres d’autoriser la participation d’entreprises spécialisées dans les eaux profondes et dont le capital s’élève à un milliard de dollars, à l’appel d’offres, sachant que cette autorisation est actuellement accordée aux seules compagnies dont les avoirs sont chiffrés à 10 milliards de dollars.

Le Conseil des ministres n’a toujours pas donné de réponse à cette requête, peut-être parce que les partisans du maintien de TotalEnergies craignent justement l’entrée en lice d’entreprises concurrentes. Il serait utile de préciser, dans ce contexte, que les grandes multinationales ne veulent pas prendre part à l’appel d’offres.

Pour mettre en relief l’importance d’une modification des conditions de participation des entreprises à l’appel d’offres, on a rappelé, de mêmes sources, que la société grecque Energean, qui avait découvert le champ gazier de Karich en Israël, faisait partie des compagnies dont les avoirs ne dépassaient pas le milliard de dollars. Ses actifs s’étaient sensiblement accrus après la découverte de ce gisement.

De l’avis de ces sources, le dossier des hydrocarbures offshore reste soumis aux tensions politiques persistantes dans la région. Pour elles, des avancées significatives au niveau du processus qui doit mener à de véritables découvertes de réserves de gaz et de pétrole ne seront pas réalisées avant la conclusion d’un accord à long terme entre le Liban et Israël, garantissant la stabilité et la sécurité à la frontière sud.