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Une fois de plus, le gouvernement cherche à reporter le fardeau de son déficit financier sur les citoyens et le circuit économique légal. Pendant ce temps, le ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, a affirmé que le ministère respectera les délais constitutionnels pour présenter le budget 2025. Il a également exhorté toutes les entités et tous les organismes, conseils et fonds publics bénéficiant de contributions financières inscrites au budget à soumettre leurs propositions budgétaires au ministère des Finances avant la fin du mois de mai en cours, accompagnées de toutes les pièces justificatives nécessaires pour étayer leurs dépenses et revenus.

Cette annonce a suscité une vive controverse au sein de l’opinion publique, d’autant plus que les postes budgétaires continueront de reposer principalement sur l’introduction de nouvelles taxes pour financer les dépenses de l’État libanais, exactement comme dans les budgets précédents. Cela témoigne de "l’immoralité" de l’État, vu l’augmentation significative des impôts et des infractions, sans aucun véritable engagement pour des réformes substantielles.

Les Libanais doivent-ils s’attendre à une augmentation des impôts l’année prochaine?

Dans une interview accordée à notre confrère Houna Loubnan, Taleb Saad, expert en économie, a souligné une pratique courante des entreprises du secteur privé. Celles-ci élaborent leurs propres budgets pour exposer leurs plans, objectifs et programmes de développement futurs à travers des tableaux financiers couvrant les années à venir. Ces entreprises s’efforcent ainsi d’effectuer les ajustements et les améliorations nécessaires pour atteindre leurs objectifs financiers. Partant, le budget annuel reflète les progrès opérationnels des entreprises et les aide à gérer leurs finances de manière plus efficiente et efficace.

Au niveau des États, chaque pays établit un budget prévisionnel annuel afin d’estimer les recettes publiques anticipées par l’État, ainsi que les dépenses publiques qu’il doit engager pour répondre à ses besoins sociaux, économiques et financiers. Ce processus couvre une période financière future d’une année, permettant ainsi de planifier les ressources et allocations.

Toutefois, selon l’économiste, il est regrettable de constater qu’au Liban, l’État semble hâter l’annonce du budget 2025, malgré l’absence de changement et le maintien du statu quo. En effet, ce budget risque d’être un copier-coller de celui de 2024 et des budgets antérieurs. Dans le contexte politique actuel du Liban, l’élaboration du budget semble être une simple formalité pour le gouvernement qui se contente de répondre aux exigences des organisations internationales sans réel engagement pour des réformes. Malheureusement, le gouvernement semble avoir négligé le contenu du budget, le laissant dépourvu de toute dimension nationale, sociale et économique.

De plus, ce dernier a souligné que le ministère des Finances demande aux autres ministères de soumettre leurs plans et projets financiers. Or, jusqu’à présent, ni l’un ni les autres n’ont présenté de plans concrets, se contentant essentiellement de garantir leurs dépenses et leurs salaires. Ainsi, le budget sert désormais à soutenir un secteur public défaillant, sans viser à développer l’État, à améliorer les infrastructures délabrées, à entreprendre des projets d’expansion ou d’investissement ou encore à attirer des capitaux, la plupart étant désormais à l’étranger ou dans les banques.

Dans cette perspective, M. Saad a ajouté que dans les budgets précédents, y compris ceux de 2023 et 2024, la principale source de revenus reposait sur la collecte d’impôts et l’augmentation des taxes, sans aucune considération pour l’équité ni aucune étude de faisabilité. Ainsi, la seule approche envisagée pour garantir les revenus et financer les dépenses était d’augmenter les impôts et les taxes, sans se préoccuper des conséquences désastreuses sur la société et le pouvoir d’achat. Il estime que cette approche peut être assimilée à des crimes financiers, surtout dans un pays en proie à des crises économiques depuis des années, avec ces augmentations se présentant sous deux formes: les taxes directes et indirectes.

Il a également noté que le paiement des impôts en dollars est devenu un fardeau pour les citoyens dépourvus de revenus en devises étrangères, ainsi que pour ceux disposant de revenus faibles ou moyens.

En résumé, le budget est devenu uniquement un moyen de financer le secteur public non productif et de sécuriser ses revenus, dans le but d’atteindre un budget "presque équilibré", avec un déficit moindre. Quoi qu’il en soit, cette approche financière rétrograde ne fera que perpétuer le déficit de la balance des paiements et de la balance commerciale, qui ont atteint près de 14,5 milliards de dollars en raison de la baisse des exportations et de l’augmentation des importations, en particulier celles destinées à la consommation plutôt qu’à la production.

Par conséquent, M. Saad a affirmé: "Le budget 2025 ne présagera aucun changement, étant donné que la politique gouvernementale et ses performances restent inchangées. À l’heure actuelle, le gouvernement manque de plans et de visions financières pour l’avenir, et ce budget ne fera que prolonger la tendance des trois budgets précédents, caractérisée par une dépendance persistante aux taxes en dollars et le maintien du financement du secteur public. De plus, l’absence de plans de réforme persiste, tou comme la question des dépôts bancaires qui demeure non résolue".

Il a souligné que dans le contexte des questions sous-jacentes du budget 2025, de même que dans ses précédentes itérations, le ministre des Finances bénéficiera d’un pouvoir accru. Cela grâce à des dispositions législatives indirectes qui facilitent le blanchiment d’argent, déjà observées dans les budgets antérieurs et qui persisteront dans le prochain exercice financier.

En conclusion, M. Saad a affirmé que le budget 2025 ne représente rien de plus qu’une façade présentée au Fonds monétaire international (FMI) pour donner l’impression que l’État cherche à se réformer, alors qu’en réalité, aucun plan économique concret n’est mis en place.