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Est-ce le début de la fin de l’hégémonie du dollar américain dans le monde? La question est légitime au vu du refus de l’Arabie saoudite de renouveler l’accord avec les États-Unis sur le pétrodollar. Un accord vieux d’un demi-siècle, qui a fait du dollar américain une force de frappe dans le monde de la finance.

Signé le 8 juin 1974, entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, l’accord sur le pétrodollar a créé deux groupes, l’un s’occupant de la coopération économique et l’autre des besoins militaires de l’Arabie saoudite.

Tout d’abord, l’accord a consacré l’utilisation "exclusive du dollar américain", comme monnaie pour la vente de pétrole par le royaume wahabite, le plus grand producteur d’or noir sur le plan régional et troisième au niveau mondial, se classant après les États-Unis et la Russie. Il a par ailleurs consacré l’engagement du pays de l’Oncle Sam à donner suite à tous les besoins de l’Arabie saoudite en termes d’équipements militaires les plus sophistiqués et de pièces de rechange.

Dans ce contexte, on note que de nombreux pays du Golfe ont emboîté le pas au royaume wahabite. Une situation contractuelle – la tarification du pétrole liée au dollar – qui a exigé que les pays partenaires des États-Unis, approvisionnent leur réserve en devises avec des billets verts.

Le monde bascule

En refusant de renouveler l’accord sur le pétrodollar, l’Arabie saoudite a désormais les coudées franches et peut vendre ou acheter de l’or noir, des dérivés pétroliers et d’autres matières premières en différentes devises, telles les monnaies numériques, le yuan et le rouble.

Par ailleurs, la Banque suisse des règlements internationaux (BRI) a annoncé que le royaume wahabite, par l’intermédiaire de la Banque centrale saoudienne, a rejoint le projet de monnaie numérique "mBridge", lancé en 2021 entre les banques centrales de Chine, de Hong Kong, de Thaïlande et des Émirats arabes unis, et visant à accélérer le processus de paiement entre les pays membres, au moindre coût.

Le comportement de l’Arabie saoudite prend tout son sens dans la mesure où se joue un forcing entre l’axe sino-russe, avec une alliance en toile de fond avec l’Inde et les États-Unis pour faire basculer un ordre mondial en place depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un ordre mondial dans le cadre duquel le dollar américain est la monnaie de référence incontestable dans les échanges internationaux.  

Le dollar américain détrôné?

Dans cette optique, on note que selon le Premier ministre russe, plus de 90% des transactions commerciales de la Russie et de la Chine ont été effectuées en 2023, en yuan et en rouble, démontrant l’ambition d’une abolition du dollar dans les relations économiques entre les deux pays.

Les États-Unis auraient plus de mal à dégainer l’arme des sanctions économiques face à leurs détracteurs et ennemis. C’est tout un nouveau système de paiement et de possibles sanctions qui sont en jeu.

En revanche, les monnaies locales de soixante-cinq pays restent rattachées au dollar, un chiffre qui représente 60% des réserves monétaires totales du monde.