L’euro reculait mercredi, atteignant son plus bas niveau en cinq ans face au dollar, des cambistes envisageant même la parité des deux devises après la suspension des livraisons russes de gaz à des pays européens.

Alors qu’une nouvelle hausse des prix de l’énergie limiterait la croissance tout en faisant grimper l’inflation, les cambistes délaissaient l’euro, qui a atteint 1,0555 dollar, au plus bas depuis mars 2017.

L’annonce des autorités polonaise et bulgare sur l’interruption des livraisons russes survient en outre au moment où des explosions dans la région séparatiste moldave prorusse de Transdniestrie font craindre une extension de la guerre au-delà des frontières de l’Ukraine.

Pour le marché des changes, cela signifie surtout que la tâche de la Banque centrale européenne (BCE) est d’autant plus ardue, surtout si les livraisons de gaz devaient être annulées vers d’autres pays de l’UE.

Autre inquiétude qui profite au dollar, valeur refuge: une partie de l’activité chinoise est paralysée par les confinements, en plein retour du Covid-19 au sein de la deuxième économie mondiale.

Ces coups d’arrêt à l’activité rendent de plus en plus hypothétique l’objectif de croissance du PIB que le pays s’est fixé à 5,5% pour 2022.

" Est-ce que (la BCE) maintiendrait une hausse des taux en raison de l’inflation, qui risquerait de s’aggraver, comme elle l’a indiqué, ou est-ce qu’elle attendrait pour soulager l’économie? ", se demande Ulrich Leuchtmann, analyste de Commerzbank.

La semaine dernière, la présidente de la BCE Christine Lagarde avait affirmé voir une " forte possibilité " que l’institution relève ses taux directeurs avant la fin de l’année.

Parité redoutée

Pour M. Leuchtmann, " les choses ne pourraient pas être pires " pour la BCE, et il n’exclut pas que le dollar atteigne la parité face à l’euro dans un tel scénario.

" Si l’Allemagne trouve des sources d’énergie, si la récession est évitée et si le marché peut continuer d’espérer que la BCE resserrera sa politique monétaire, alors le risque de parité sera évité ", énumère Jane Foley, responsable des devises chez Rabobank interrogée par l’AFP.

Dans une note lundi, elle avait souligné que l’euro n’aura pas profité, comme en 2017, de l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence française, se focalisant plutôt sur la divergence de politique monétaire des deux côtés de l’Atlantique.

En effet, le billet vert profite de la détermination de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui veut contenir l’inflation en remontant ses taux rapidement.

Les marchés s’attendent à ce que l’institut monétaire, qui se réunira les 3 et 4 mai, remonte au cours des prochains mois ses taux à un rythme plus vu depuis octobre 1980.

Les devises en difficulté

L’euro n’est pas la seule devise en difficulté face au billet vert: la livre britannique a reculé mercredi à 1,2533 dollar, au plus bas depuis juillet 2020, et le franc suisse à 0,9689 franc suisse pour un dollar, son plus bas niveau depuis mai 2020.

Le yen avait même atteint mi-avril son plus bas en 20 ans face au dollar.

Abonnez-vous à notre newsletter

Newsletter signup

Please wait...

Merci de vous être inscrit !