Cri de colère. Cri de désespoir. Cri d’indignation. Les Libanais se saignent à blanc pour bénéficier de quelques heures d’éclairage de leur appartement. La plupart des turbines de l’EDL étant à l’arrêt depuis cinq jours, les citoyens n’ont qu’eux-mêmes et le Ciel pour les aider. La préoccupation première du salarié est d’assurer le montant de son abonnement au générateur d’électricité du quartier. Désormais les factures sont émises en dollars frais. Sans état d’âme, les propriétaires invoquent les fluctuations du prix de la tonne de mazout. Qui est encore à la hausse jeudi matin. Le paiement à l’avance sera exigé à partir du 1er mai 2022. Le forfait minimal d’une intensité du courant électrique de 5 ampères est facturé 150$ à Beyrouth et 250$ à Tripoli. L’installation de compteurs pour les abonnés aux générateurs – une consigne exigée par le ministère de l’Economie – n’est pas respectée dans la majorité des quartiers. Les gérants de moteurs ne veulent pas en entendre parler. Ils menacent tout simplement de couper le courant  aux abonnés qui daignent réclamer un compteur dans l’espoir d’alléger leurs factures. "Que le ministre de l’Economie se charge de vous fournir le courant électrique", s’entend-on dire. Dans la conjoncture présente, même le segment de la société à revenu limité, qui avait recours par le passé, à son corps défendant, à un raccordement illégal sur le réseau de l’Etat, ne peut plus se le permettre. La raison est simple: Le réseau public d’électricité est hors de service.

Energie solaire

Aussi est-il important de souligner que les ménages qui ont doté leur appartement de panneaux solaires à intensité optimale sont contraints de maintenir un abonnement minimal de 5 ampères au générateur. Les panneaux photovoltaïques sont insuffisants pour assurer l’alimentation en courant électrique sans interruption d’un appartement et, par conséquent, un backup du générateur est incontournable.

Pas suffisamment de cash

Cela dit, les collecteurs des factures de l’EDL ont repris du service jeudi 28 avril. Le comble est qu’ils se sont présentés à quelques jours de la fin du mois au lieu d’effectuer leur tournée auprès des contribuables en début de mois. Les ménages ont déjà dépensé leur salaire sachant que les employés des secteurs public et privé n’ont pas accès à la totalité de leurs appointements. Des limites au retrait des livres libanaises sont imposées par les autorités monétaires. Ces limites ont pour objectif d’assécher les liquidités en livres afin d’éviter des opérations de spéculation et l’achat de devises étrangères sur le marché parallèle. Mais est-ce la bonne solution de resserrer l’étau sur les salariés?