L’effet yoyo du taux de change de la livre face au dollar se poursuit à une cadence moins espacée dans le temps et selon une progression à la hausse plus accentuée. 

Dès que la séance d’élection du président de la Chambre, de son vice-président et des membres du bureau s’est achevée, la livre a de nouveau plongé face au billet vert durant toute la journée, atteignant 30.500LL pour un dollar, mardi soir.

Le marché de change a reflété l’ambiance morose qui a prévalu à l’issue du scrutin. La dispersion des voix des blocs de l’opposition parlementaire a lourdement pesé sur la réaction des citoyens dont une majorité espérait un début de changement avec le sang neuf injecté au Parlement. Le facteur psychologique créé par le  manque de perspective a boosté la demande sur le dollar qui a pris son envol. Les propos de Saroj Kumar Jha, directeur de la Banque mondiale pour le Proche-Orient, rendus publics dans la matinée de lundi, n’étaient pas pour rassurer l’opinion publique. Il a évoqué "un prix colossal de l’inaction des politiques, non seulement pour la vie des citoyens au quotidien, mais également pour l’avenir du peuple libanais"

Le sort de Sayrafa

Sayrafa, la plateforme de la Banque du Liban (BDL) semble désormais insuffisante pour contenir les vagues de hausse du taux de change du dollar contre la livre sur le marché parallèle. La raison est simple: la BDL n’est pas constante au niveau de son intervention sur le marché interne. Avec ses moyens de bord, elle injecte des dollars par moments et les rationne par d’autres.

Le volume des transactions sur Sayrafa lundi a totalisé 195.000.000$ contre 105.000.000$ mardi. Le volume des opérations traitées lundi montre celui des demandes d’achat de dollar sur base de la circulaire 161 qui n’avaient pas été satisfaites la semaine dernière.

Pour contrer la flambée du dollar vendredi, la Banque centrale avait autorisé tous les détenteurs de livres à les convertir en dollars et demandé pour cela aux banques de satisfaire les demandes des déposants et de garder à cet effet leurs guichets ouverts jusqu’à 18h de lundi à mercredi inclus. Elle a dû ainsi fournir un important volume de dollars aux établissements bancaires

Interrogées par Ici Beyrouth, des sources bancaires ont affirmé qu’elles se trouvent dans le flou total quant au volume des quotas de billets verts que fournira la Banque centrale quotidiennement à chaque banque à partir de jeudi, ainsi qu’à la pérennité de Sayrafa.

Le stock de dollars

En deux mots comme en mille, au facteur psychologique qui a sous-tendu la vague haussière, s’ajoute le déséquilibre structurel du système économique libanais. Le stock de billets verts disponible sur le marché est inférieur au volume de la demande. Dans les faits, le déficit du compte courant a été estimé par la Banque mondiale à 4 milliards de dollars en 2021, et à 2,5 milliards de dollars en 2022. Tant que ce déficit existe, cela signifie que les marchés au Liban manqueront de 2,5 milliards de dollars pour couvrir la demande intérieure pour 2022.